En décembre 1944, en plein coeur de la Seconde Guerre Mondiale, Emy habite Londres et y est abordée par un homme qu'elle a connu enfant, il y a seize ans de cela, lorsqu'elle était partie aux Indes avec sa mère Amélia pour y rejoindre son père.
Mais Emy ne veut plus entendre parler des Indes : "Les Indes sont sorties de ma vie, de ma mémoire.", elle y a perdu son père et sa mère.
Pourtant, elle va finir par se replonger dans ses souvenirs et revivre son arrivée là-bas avec sa mère, la découverte d'un pays chaud et moite où l'on attend avec impatience la mousson, mais également un pays mystique qui s'ouvre à la petite fille qu'elle était alors, puisqu'elle fait partie des rares personnes à voir l'avatara, qui se présente à Emy sous la forme d'une femme nue chevauchant un éléphant : "Il arrive qu'une divinité descende sur terre sous forme animale ou humaine ... C'est l'avatara, et seules les très vieilles âmes peuvent la percevoir.".
Emy va devoir s'affranchir de son carcan de femme européenne et de ses superstitions : "Je suis comme ma mère ! Je porte malheur à ceux qui m'aiment !" et ré-apprendre les Indes.
Cette bande dessinée dégage non seulement un charme fou mais est également une invitation au voyage.
L'histoire et les dessins y sont conçus à l'image des Indes : mystiques, sensuels, charnels, exotiques et lointains.
Si l'oeuvre reste classique dans les dessins de
Jean-François Charles ces derniers se révèlent d'une beauté à couper le souffle, particulièrement grâce aux nuances apportées et à la mise en couleurs.
Le scénario est signé Maryse Charles et là encore, s'il ne révolutionne pas le genre du roman d'amour il n'en demeure pas moins que l'intrigue est prenante, à la fois dans la quête d'Emy de découvrir la vérité sur la mort de son père il y a seize ans et la disparition de sa mère, mais également dans la relation renaissante qu'elle a avec Jarawal, ce prince Indien venu rechercher Emy dans le froid de l'Angleterre au coeur d'une guerre qui s'éternise pour la ramener en Inde, là où tout a commencé et où tout doit s'achever.
J'ai énormément apprécié le point de vue dans lequel les auteurs se placent : celui de deux femmes, deux Occidentales, à plusieurs années d'intervalle qui éprouvent un réel déracinement et une perte totale de repères face à ce pays où l'on est confronté à la mort, à la misère, à la pauvreté sans y être forcément préparé.
L'Inde est également un pays de croyances auxquelles on ne pense plus aujourd'hui, auxquelles on ne croit plus, à l'image du personnage d'Emy qui va devoir ouvrir son esprit et faire tomber ses inhibitions de femme Occidentale pour retrouver l'âme Indienne qui ne l'a jamais quittée.
"Les chemins de brume" est un premier tome savoureux de ce qui s'annonce comme une nouvelle grande saga littéraire signée par Maryse et
Jean-François Charles dont j'avais énormément apprécié le travail sur "War and Dreams", je ne peux donc que conseiller la découverte de cette très belle bande dessinée emmenant le lecteur en Inde.
Lien :
http://lemondedemissg.blogsp..