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Critique de Fanny1980


Manhattan Blues fait penser à un attrape-coeur inversé : comme Holden Caulfield, Ferdinand va déambuler quelques jours dans la fièvre de New York, mais le côté obscur est transformé en lumière et humour, tout comme le mal-être et le repli sur soi sont remplacés par l'ouverture d'esprit d'un homme qui peut être défini comme un citoyen de la Terre.

Ferdinand est originaire d'Haïti, il est journaliste et écrivain, comme Jean-Claude Charles, et il vit entre Paris et New York, où il partage un amour lui servant de point d'ancrage, mais également déconstruit, avec Jenny, d'origine polonaise, belle éducatrice pour des jeunes du Bronx. C'est dans cette ambivalence qu'il rencontre Fran, surprotégée par ses parents et donc en opposition, désespérée, car en cours de rupture. Un roman d'amour mais pas uniquement.

C'est également une description des années 80, du monde artistique, intellectuel, festif. « le monde me paraissait vivable. La gentillesse généralisée d'une fête me semble constituer un contrat social appréciable. La bêtise commune, l'espace d'une demi-nuit, me semble acceptable. Et Dieu sait que la densité de bêtise au mètre carré était relativement élevée ce soir-là. A commencer par la mienne. »

A travers l'enchaînement d'épisodes du quotidien, Jean-Claude Charles sait tirer des réflexions plus profondes. « On ne vit pas avec des histoires comme celles-là. On les traîne. On les traîne en espérant trouver un jour un océan où les larguer, s'en débarrasser, on ne trouve jamais l'océan, il n'y a pas d'océan où se soulager de sa mémoire, où enfouir L Histoire. On meurt un jour avec tout ça. de tout ça, parfois. On peut tuer aussi avec ça ».

Manhattan Blues représente une époque, mais ses messages restent actuels et porteur de sens : « le racisme d'un regard est le plus perfide qui soit, il ne parle pas, il ne frappe pas, il n'émet pas d'insultes audibles, il est là, son destinataire ne saurait s'y tromper. C'est une sensation qu'aucune personne non victime de discrimination ne peut connaître, parce que ça ne fait pas partie de son expérience du monde. Ça n'est prévu dans aucune analyse, ça n'est pas disséqué, il n'y a pas de loi et il est souhaitable qu'il n'y en ait pas contre ça. »

Jean-Claude Charles a une écriture imagée, limpide, qui peut couler sur une demi-page. On comprend alors que cet écrivain ait pu être apprécié, au-delà des lecteurs anonymes, par d'autres écrivains, comme Marguerite Duras, Dany Laferrière ou Gaël Faye, comme le mentionne la quatrième de couverture.
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