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EAN : 9782897123215
269 pages
Mémoire Encrier (03/09/2015)
3.62/5   13 notes
Résumé :
Une nuit de lecture. C’est la nuit peut-être qu’on lit tout à fait et que la force d’un livre se fait plus visible. Quand les jours passent et qu’on s’éloigne de sa lecture, Manhattan Blues paraît de plus en plus beau. On voudrait être à le relire encore. On le fait lire à un ami. Il dit lui aussi que c’est très beau. Et le livre grandit encore. Il devient de plus en plus beau. C’est pourquoi j’écris aujourd’hui que c’est un livre magnifique. L’histoire d’amour est ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Manhattan Blues fait penser à un attrape-coeur inversé : comme Holden Caulfield, Ferdinand va déambuler quelques jours dans la fièvre de New York, mais le côté obscur est transformé en lumière et humour, tout comme le mal-être et le repli sur soi sont remplacés par l'ouverture d'esprit d'un homme qui peut être défini comme un citoyen de la Terre.

Ferdinand est originaire d'Haïti, il est journaliste et écrivain, comme Jean-Claude Charles, et il vit entre Paris et New York, où il partage un amour lui servant de point d'ancrage, mais également déconstruit, avec Jenny, d'origine polonaise, belle éducatrice pour des jeunes du Bronx. C'est dans cette ambivalence qu'il rencontre Fran, surprotégée par ses parents et donc en opposition, désespérée, car en cours de rupture. Un roman d'amour mais pas uniquement.

C'est également une description des années 80, du monde artistique, intellectuel, festif. « le monde me paraissait vivable. La gentillesse généralisée d'une fête me semble constituer un contrat social appréciable. La bêtise commune, l'espace d'une demi-nuit, me semble acceptable. Et Dieu sait que la densité de bêtise au mètre carré était relativement élevée ce soir-là. A commencer par la mienne. »

A travers l'enchaînement d'épisodes du quotidien, Jean-Claude Charles sait tirer des réflexions plus profondes. « On ne vit pas avec des histoires comme celles-là. On les traîne. On les traîne en espérant trouver un jour un océan où les larguer, s'en débarrasser, on ne trouve jamais l'océan, il n'y a pas d'océan où se soulager de sa mémoire, où enfouir L Histoire. On meurt un jour avec tout ça. de tout ça, parfois. On peut tuer aussi avec ça ».

Manhattan Blues représente une époque, mais ses messages restent actuels et porteur de sens : « le racisme d'un regard est le plus perfide qui soit, il ne parle pas, il ne frappe pas, il n'émet pas d'insultes audibles, il est là, son destinataire ne saurait s'y tromper. C'est une sensation qu'aucune personne non victime de discrimination ne peut connaître, parce que ça ne fait pas partie de son expérience du monde. Ça n'est prévu dans aucune analyse, ça n'est pas disséqué, il n'y a pas de loi et il est souhaitable qu'il n'y en ait pas contre ça. »

Jean-Claude Charles a une écriture imagée, limpide, qui peut couler sur une demi-page. On comprend alors que cet écrivain ait pu être apprécié, au-delà des lecteurs anonymes, par d'autres écrivains, comme Marguerite Duras, Dany Laferrière ou Gaël Faye, comme le mentionne la quatrième de couverture.
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Est-ce un roman ? .... non, je ne crois pas. Une autobiographie peut-être ? ... il ne me semble pas.
Un essai sur l'existence ? ... voyons, je réfléchis ... non, plutôt une longue déambulation verbale durant laquelle Ferdinand arpente les rues de Manhattan en compagnie de Fran, avec Jenny dans les tréfonds de sa mémoire.
Manhattan blues ? ... Oui, c'est exactement cela !
"Notre héros,ayant couru le monde, a donc décidé de poser son baluchon d'errant dans un placard, ses fesses sur une chaise, dans l'intimité d'un appartement sur Sheridan Square, chez Jenny, et de raconter le monde. La météo est avec lui, car il pleut." p 27
Y a-t-il une histoire au moins ?
Pas vraiment, non.
Il s'agit plutôt d'un discours haché, avec de magnifiques trouvailles, des séquences hypnotiques ... d'autres quelque peu verbeuses.
Violence et tendresse, humour et désespoir, fantaisie échevelée, tout cela se télescope dans cette promenade au gré de leur fantaisie que Ferdinand, le nègre, (ainsi qu'il se définit) et Fran, la jolie et fière Wasp blanche, (ainsi que Ferdinand la voit) mènent dans un Manhattan fantasmé, à la Woody Allen.
Hymne d'amour à Manhattan, plus qu'au New-York de 1985, ses ponts et ses parcs, couronnée par les tours du World Trade Center élançant fièrement leurs orgueilleuses verticalités vers le ciel.

La vie, quoi, le quotidien et l'évocation de souvenirs, la réminiscence de douleurs enfouies - Haïti et l'abominable autocratie de Papa Doc, Bébé Doc et leurs épouvantables tontons Macoutes. La littérature, la peinture et bien d'autres choses encore...
Fascination et répulsion, amour et haine, pour ce monde dans lequel nous vivons et que nous n'avons pas choisi !

le verbe de Jean-Claude Charles peut enchanter ou agacer, voire les deux à la fois.
Des fulgurances stylistiques mais aussi hélas, ce que je nommerai de l'écrit-creux ou des divagations oiseuses. Mais il ne saurait laisser indifférent....

En tout cas, il a apparemment émerveillé Marguerite Duras ; je vous en livre ci-dessous l'élogieux commentaire, dont le style s'apparente parfois à celui de Jean-Claude Charles :
"Quand les jours passent et qu'on s'éloigne de sa lecture, Manhattan Blues paraît de plus en plus beau. On voudrait être à le relire encore. On le fait lire à un ami. Il dit lui aussi que c'est très beau. Et le livre grandit encore. Il devient de plus en plus beau."

A vous de vous faire votre opinion ....

Cet ouvrage m'a été offert lors de la dernière Masse Critique et j'en remercie Babelio ainsi que les éditions Mémoire D encrier.
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Est-ce un roman ? .... non, je ne crois pas.
Une autobiographie peut-être ? ... il ne me semble pas.
Un essai sur l'existence ? ... voyons, je réfléchis ... non, plutôt une longue déambulation verbale durant laquelle Ferdinand arpente les rues de Manhattan en compagnie de Fran, avec Jenny dans les tréfonds de sa mémoire.
Manhattan blues ? ... Oui, c'est exactement cela !
"Notre héros,ayant couru le monde, a donc décidé de poser son baluchon d'errant dans un placard, ses fesses sur une chaise, dans l'intimité d'un appartement sur Sheridan Square, chez Jenny, et de raconter le monde. La météo est avec lui, car il pleut." p 27
Y a-t-il une histoire au moins ?
Pas vraiment, non.
Il s'agit plutôt d'un discours haché, avec de magnifiques trouvailles, des séquences hypnotiques ... d'autres quelque peu verbeuses.
Violence et tendresse, humour et désespoir, fantaisie échevelée, tout cela se télescope dans cette promenade au gré de leur fantaisie que Ferdinand, le nègre, (ainsi qu'il se définit) et Fran, la jolie et fière Wasp blanche, (ainsi que Ferdinand la voit) mènent dans un Manhattan fantasmé, à la Woody Allen.
Hymne d'amour à Manhattan, plus qu'au New-York de 1985, ses ponts et ses parcs, couronnée par les tours du World Trade Center élançant fièrement leurs orgueilleuses verticalités vers le ciel.

La vie, quoi, le quotidien et l'évocation de souvenirs, la réminiscence de douleurs enfouies - Haïti et l'abominable autocratie de Papa Doc, Bébé Doc et leurs épouvantables tontons Macoutes. La littérature, la peinture et bien d'autres choses encore...
Fascination et répulsion, amour et haine, pour ce monde dans lequel nous vivons et que nous n'avons pas choisi !

le verbe de Jean-Claude Charles peut enchanter ou agacer, voire les deux à la fois.
Des fulgurances stylistiques mais aussi hélas, ce que je nommerai de l'écrit-creux ou des divagations oiseuses. Mais il ne saurait laisser indifférent....

En tout cas, il a apparemment émerveillé Marguerite Duras ; je vous en livre ci-dessous l'élogieux commentaire, dont le style s'apparente parfois à celui de Jean-Claude Charles :
"Quand les jours passent et qu'on s'éloigne de sa lecture, Manhattan Blues paraît de plus en plus beau. On voudrait être à le relire encore. On le fait lire à un ami. Il dit lui aussi que c'est très beau. Et le livre grandit encore. Il devient de plus en plus beau."

A vous de vous faire votre opinion ....

Cet ouvrage m'a été offert lors de la dernière Masse Critique et j'en remercie Babelio ainsi que les éditions Mémoire D encrier.
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Ferdinand est un bientôt quadragénaire haïtien qui vit à Paris.
Il vient souvent à New-York, il y a aimé Jenny, ils ne s'aiment plus. Mais ne s'aiment-ils vraiment plus ?

Il vient une fois de plus pour quelques jours dans sa ville fétiche veillée par les Twin Towers, pour travailler à un vague projet de film. Ferdinand se promène à pied ou en taxi, rencontre des gens, fréquente des fêtes, des expos ou des hôtels, aime Fran d'un coup de folie, observe et s'interroge…

Jean-Claude Charles raconte cette recherche mélancolique (désabusée?) de Ferdinand dans un éblouissant style très personnel, tout à la fois vif, astucieux et tendre.
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Peut - on parler de coup de foudre pour un auteur en lisant pour la première fois l'un de ses romans ?
Ce livre est magnifique. J'ai tout aimé. Il n'y a pas d'intrigue en soi, et c'est ce qui m'a plu. On suit le narrateur dans le quartier de Manhattan à travers sa rencontre avec Fran. Ce roman serait parfait pour une adaptation au cinéma, façon film d'auteur…
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critiques presse (1)
LeDevoir
06 octobre 2015
C’est une promenade à travers New York, qui prend vie singulièrement au fil d’une narration sinueuse, entremêlée de répliques de dialogue, livrée comme le flot continu des pensées du héros.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Sans doute puis-je enfin entrer dans l'exil. L'exil absolu. Dans la dernière ligne droite. Loin de toute illusion. Cette illusion, naguère, à la faveur de ma haine irrévocable d'un lieu de naissance impossible, de trouver la paix en un autre lieu. Puis, à la faveur du premier exil, de tenter de résoudre chaque expérience désagréable par un nouvel exil, l'ignorance faisant la force de qui ne sait pas qu'il n'y a plus d'endroit où aller dans le monde. Qu'il existe bel et bien une limite au monde, un endroit où le monde est cloué avec des planches. Et; à partir du moment où ce peu de savoir s'impose, l'impossibilité de revenir en arrière, l'inanité de l'avant, puisqu'à partir de ce peu de savoir il n'y a plus d'avant, plus d'avenir. Rien que l'évidence trouble du passé. Et l'incapacité physique de s'agenouiller. L'orgueil, devenu tyrannie, de ne pouvoir s'adonner à cette suite de petites lâchetés quotidiennes et de grandes démissions que d'aucuns appellent leur vie.
Page 15
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Le racisme d'un regard est le plus perfide qui soit, il ne parle pas, il ne frappe pas, il n'émet pas d'insultes audibles, il est là, son destinataire ne saurait s'y tromper. C'est une sensation qu'aucune personne non victime de discrimination ne peut connaître, parce que ça ne fait pas partie de son expérience du monde.
Page 131
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[Manhattan Blues a été écrit en 1985]

Il y a devant nous, au loin, le profil des tours jumelles du World Trade Center, à portée de nous le défi plus ancien de l’Empire State Building, presque à pouvoir le toucher. Puis nous parlons, nous évoquons l’accident qui faillit survenir du Boeing d’une compagnie aérienne sud-américaine, une erreur d’aiguillage, un affichage d’altitude faux, à la suite de quoi l’avion manqua s’écraser contre l’une des tours, le pilote redressant au dernier moment l’appareil lorsque la tour de contrôle se rendit compte de l’imminence de la catastrophe. Fran me dit qu’elle a parfois peur en avion, je lui dis que je passerais volontiers ma vie dans un avion à condition que ça ne soit pas un DC-8 trafiqué pour les charters pas chers. Manhattan à nos pieds nous grise.
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Tu regrettes les bons vieux réacs classiques. Là où les choses avaient l’avantage de la clarté. Les nouveaux sont plus méchants. Ils ont cette méchanceté décuplée par la honte d’avoir trahi. Ils consacrent une partie de leur temps à guetter le moindre de tes faux pas. Là où les vieilles peaux t’ignoraient les nouveaux te connaissent. C’est ton premier point faible. Le deuxième c’est que t’a beau te forcer t’as même pas envie d’être méchant.
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Quelqu’un m’apprend que ça va mal très mal en France merde pas possible la prochaine fois je vote plus non mais. Je lui dis qu’ici à New York ça va comme sur des roulettes la prospérité le bonheur la liberté l’égalité la fraternité le respect des droits de l’homme y’a qu’à se baisser et ramasser j’ai même trouvé l’amour l’amour fou fou fou.
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Videos de Jean-Claude Charles (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Charles
Extrait du recueil NÉGOCIATIONS de Jean-Claude Charles
«Négociations», son premier livre de poèmes (1972), a été une révélation. À la manière du livre Idem de Davertige, Négociations a bouleversé toute une génération. Exigeant, étonnant pour un premier livre..
Né en 1949 à Port-au-Prince et décédé à Paris en 2008, Jean-Claude Charles, romancier, poète, essayiste et journaliste, est l'auteur d'une oeuvre immense, rééditée chez Mémoire D encrier.
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