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Citations sur L'irrégulière ou mon itinéraire Chanel (11)

Et rien n’interdit de supposer que ce fut à une religieuse, laissée libre de le choisir , que Melle Chanel dut ce prénom de GABRIELLE signifiant en langue hébraïque, force et puissance et, qui, si l’on en croit l’onomancie, assure aux femmes qui le portent un rayonnement durable.
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En février 1964, lors d’une représentation de Cyrano de Bergerac au Théâtre-Français, la violence de sa désapprobation avait scandalisé ses voisins. Le culte de ce qui est encore considéré comme le chef-d’œuvre d’Edmond Rostand existe, on le sait, depuis bientôt quatre-vingts ans. Mais loin de se laisser impressionner par les « chut » retentissants et les protestations qui fusaient autour d’elle, Chanel, devenue le point de mire de la salle, continuait à ironiser sans qu’il fût possible de la faire taire. On l’entendait accablant comédiens et auteur de ses quolibets.
« Non, mais quelle infection ! ... Des vers mirliton... Le mauvais goût de tout ça ! Quelle prétention ! Affreuse époque ! Et le cocorico français, quelle bêtise ! Un patriotisme de concierge. »
A l’instant le plus pathétique, on l’entendit nettement qui lançait entre ses dents un « Cocorico » cinglant. Elle fulminait.
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Isadora vivait en phalanstère, entourée de joyeux lurons, artistes en tous genres. Elle recevait la poitrine nue sous un péplum. Un jeune homme fort maigre et portant une barbe de faune ne la quittait pas. Des mélanges alcoolisés d’une saveur très nouvelle circulaient. On riait, on causait, les jeunes femmes s’amusaient, Gabrielle écoutait. Quand vint l’instant tant attendu, où Isadora annonça qu’elle allait improviser, on la vit s’élancer, les bras levés, comme si tous les dieux de l’Olympe savaient trouvé à se loger dans la verrière du plafond. Ses attitudes étaient convaincantes. On en oubliait la pauvreté des accessoires : une guirlande de roses en papier fripé.
La danse eut pour effet d’envoyer le jeune barbu d’un bond jusqu’au milieu de l’atelier, ce qui vint tout gâter aux yeux de Gabrielle. L’alcool aidant, le jeune homme — c’était Kees Van Dongen — se comporta en satyre. Il empoigna, a pleines mains, les fesses de la grande prêtresse sans qu’elle en parût le moins du monde offensée.
Isadora alla jusqu’au bout de son improvisation et continua à s’adresser au plafond avec des gestes magnifiques.
Le milieu des arts, ne fût-ce que par mépris des conventions, pouvait applaudir. Gabrielle pas.
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Dans les salons de Paris, les mots bals, tir au pigeon, réception, promenade étaient bannis, puisque la mode voulait que l’on dise night party, gun-club, raout et footing. Et les dames ne parlaient plus de ce drap, couleur de fraise écrasée qui faisait fureur à Londres, puisque c’était lady-cloth qu’il fallait dire. Et elles n’allaient pas non plus déjeuner, on lunchait.
Commençait ainsi le règne d’une fascination anglaise dont quelque trente ans plus tard, allait naître l’art de Chanel.
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Que d’inexactitudes dans ce qu’elle raconta ! Et comment ne pas évoquer ici son habilité à captiver ceux qui l’écoutaient. Elle les observait avec la férocité satisfaite d’une araignée à l’affût. Mais elle savait aussi les mépriser et du fond de l’âme. Trop crédules ces proies, trop faciles... Tout pour elle était plus important que la vérité.
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Par un mouvement de revanche, elle ne connut désormais d'autre aspiration que celle d'assurer son indépendance. Elle voulait être libre, libre de tout, du monde, des hommes, de l'amour. Un sentiment qui allait donner un sens nouveau à sa vie. Car pour satisfaire une pareille ambition, elle ne disposait que de son travail. Il n'y eut donc plus que cela, désormais. Elle s'y attela avec un acharnement et une surabondance de force que la conquête manquée du bonheur laissait inemployée.
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Le premier meuble de prix à figurer chez Gabrielle fut un piano.Aussitôt placé,aussitôt utilisé.C'était Stravinski,c'était Diaghilev,c'était Misia,c'était le pianiste des Ballets russes,c'était...Il y eut des plaintes.Le comte Pillet-Will,qui logeait au second,jugea le tapage intolérable.Il y eut pire:un soir,fort tard,des chanteurs espagnols et des guitares.L'indignation ne connut plus de bornes.Une musique de bastringue...Et l'on avait vu entrer chez elle des artistes aux mines patibulaires.Ils étaient accompagnés d'une naine vêtue de façon extravagante et d'un cul-de-jatte qui,dans sa caisse à savons,avait parodié une corrida en plein milieu de la cour d'honneur.
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Prologue .
Car ce qui plus que tout retient dans sa vie n’est pas seulement le spectacle de sa réussite ni même sa popularité ni l’immense audience qui fut sienne, c’est l’énigme qu’elle sut être aux yeux de tous ceux qui l’ont approché, c’est l’épuisant labeur auquel elle s’est astreinte pour marquer ses origines. Ce qui retient (tel est du moins le sens de cet ouvrage), c’est l’art avec lequel elle sut se rendre inintelligible et, ce but une fois atteint, la constance avec laquelle elle demeura enfouie dans cette opération de travestissement comme dans la plus hermétique des prions.
Elle a vécu possédée par sa légende.
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Quand Gabrielle disait : "Ce n'est pas un temps à robes", Reverdy partageait son avis. Sans doute leurs raisons n'étaient-elles en rien les mêmes, mais qu'importe... A mesure qu'elle sentit, autour d'elle, croître l'hostilité, elle eut au moins ça pour la réconforter : dans sa retraite de Solesmes, Reverdy pensait comme elle. Lui aussi disait que la seule chose à faire, en pareilles ciconstances, était de se terrer.
Du reste, un an plus tard, lorsque les Allemands envahirent la France et que, pasant par Solesmes, il y en eut qui s'introduisirent dans le petit jardin de Reverdy, son jardin de curé, et que des militaires volèrent des légumes, puis s'introduisirent dans sa maison, que fit-il ? Il décida qu'il ne lui était plus possible désormais de l'habiter. Ce qu'il fallait ? Ne plus voir les Allemands, ne plus les voir jamais et pour cela ne plus voir ce qu'ils avaient vu. (...) Il vendit tout précipitamment et aménagea une grange dont il fit murer les fenêtres sur rue.
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Ce ne pouvait être [le lot] de Gabrielle qui, lassée par cette répétition sans espoir, renonçait une fois pour toutes.
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