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Citations sur La Déliaison amoureuse. De la fusion romantique au désir .. (13)

L'attente des partenaires vis-à-vis du couple n'est plus celle de leurs grands-parents: "Nous attendons beaucoup plus du couple. L'enjeu est plus élevé, et comme il en va souvent ainsi, la probabilité de gagner en est d'autant plus faible. Il ne s'agit plus en effet de survie, mais de félicité; plus seulement de bonne entente, mais de fusion; plus seulement de dialogue, mais de transparence; plus seulement de satisfaction, mais de salut." On attend surtout du couple une révélation de son moi profond. On demande à l'amour d'être un révélateur de soi-même et de l'autre. "Aujourd'hui il semble que l'on rentre dans la vie de couple comme dans la recherche d'un moi idéal, enchanté que l'autre seul peut nous donner et que seul l'on peut donner à l'autre." C'est une démarche quasi psychanalytique de reconnaissance de l'intériorité au moyen d'une rencontre intersubjective. Ceci ne peut donc se faire que dans une rencontre unique et par conséquent irremplaçable, exclusive. "L'autre est tout pour moi, à la fois le révélateur de mon identité la plus profonde et à la fois l'être révélé. Cette union doit donner sens à notre vie commune." Ce mouvement fusionnel qui réclame à l'amour d'être le révélateur du sens même de son existence est cependant contrebalancé par un mouvement inverse. L'individualisme et l’exigence d'autonomie du sujet supposent une plus grande prise en charge de son destin et par conséquent le refus de le confier entièrement à autrui, fût-ce par amour. L'amour moderne met l'accent sur le danger d'être avalé, englouti dans l'autre et d'y perdre son autonomie, sa personnalité, son identité. Le sentiment d'identité donne sens à la relation amoureuse moderne, mais il est devenu tellement important qu'il en entrave aussitôt l'expression. L'identité, la personnalité ne doivent pas se consumer dans un processus fusionnel qui ferait disparaître l'unicité des partenaires. [...] On exige du couple l'intensité de la fusion et du partage sans réserve -conduisant à ne faire qu'un-, en même temps que s'exprime la volonté de conserver une part d'autonomie et de ne pas disparaître en tant que personne dans un projet commun. [...] Les représentations de l'amour encore omniprésentes qui réclament la fusion et la durée entrent en conflit avec des exigences sociologiques qui imposent l'égalité des rôles et l'autonomie des histoires de vie. Il y a là donc une évolution ambivalente de l'amour romantique dans la société contemporaine. Les partenaires du couple sont encore déchirés entre ces deux tendances: socialisés d'une part avec des représentations et des modèles parentaux de l'amour fusionnel, sécurisants certes, mais insupportables à vivre, et confrontés d'autre part aux exigences contemporaines de liberté et de partage limité. Bien des crises de couple résultent de ce désir de concilier ces aspects contraires.
(P94)
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La jalousie n'est pas le signe de l'amour, mais une marque de l'insécurité et de la dépendance. Elle est liée au projet du couple construit sur un idéal de fermeture: quand on n'existe que par l'autre, le moindre détournement du regard est une négation de son identité.
(P58)
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Élisée Reclus rappelle que les dames florentines s’assuraient dans leur contrat de mariage de droit d’avoir un amant. À la cour de Vienne également, au XVIIIè siècle, les usages connus sous le nom de "sigisbéisme" autorisaient une femme à venir avec son mari et son amant ; mieux, il était alors inconcevable d’inviter le couple sans l’amant : "la coutume veut que chaque dame ait deux maris, un dont elle porte le nom et un autre qui a les prérogatives de l’époux".
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L’Église a toujours préféré les mariages de raison où l’amour est simulé aux amours vagabondes non institutionnalisées. Il y a à cela plusieurs raisons. Le fait que la sexualité soit souvent plus présente et intense dans "les amours de coeur que dans les amours de tête" n’y est pas étranger. La haine du corps, le rejet des sens, et la grande négation des émotions dans la culture occidentale s’y expriment également. Du reste, si l’Église chrétienne s’est longtemps opposée à la séparation des époux, c’est moins par respect d’une conception spécifique de la relation d’amour que pour des questions théologiques, le mariage représentant sur terre l’union du Christ et de son Église, ainsi que pour des questions de contrôle de l’ordre social.
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L’Église a ainsi doublement dévalorisé le sexe en vulgarisant l’idée qu’un homme marié a de quoi se satisfaire et qu’il est donc plus fautif que le célibataire en cas de rapports sexuels extraconjugaux, ou vénaux. L’Église divulgue ainsi l’idée qu’une pulsion sexuelle n’est qu’un rapport "hygiénique", équivalent à un autre, ce qui induit que toutes les femmes se valent. Il n’y a pas de sacré dans le rapport. L’Église a, ainsi, contribué à désacraliser la sexualité. La haine du corps, du sexuel et finalement du terrestre en constitue le paradigme. À une culture judaïque qui tient le sexe en suspicion, la chrétienté a sans cesse rajouté des degrés de rejets supplémentaires.
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Certains groupes ou certaines personnes sont délivrés du sentiment de jalousie, non parce qu’ils n’éprouvent aucun sentiment ou aucun attachement, mais parce qu’ils se sentent en sécurité et accordent autant d’importance au plaisir de leur partenaire qu’à leur propre plaisir, les deux étant pour eux intimement liés.
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Les Églises ont cherché très tôt à limiter la sexualité au seul mariage, mais elles n’étaient guère suivies. Au-delà des discours répressifs, les pratiques de la sexualité demeurent en réalité assez libres. Jusqu’au XVIè siècle, si les textes des Pères de l’Église sont puritains, les pratiques ne le sont guère. C’est la bigamie des puissants, jusque-là très répandue, qui devient le fer de lance des condamnations.
Le développement de l’esprit bourgeois, à partir du XVIè siècle, rend envisageable la répression du plus grand nombre.
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La jalousie n’est pas le signe de l’amour, mais une marque de l’insécurité et de la dépendance. Elle est liée au projet du couple construit sur un idéal de fermeture : quand on n’existe que par l’autre, le moindre détournement du regard est une négation de son identité.
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La fusion a de toute façon à voir avec la mort. Il s’agit d’annuler la séparation qui fait de chaque être un individu autonome.
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Une idéologie de l’amour tend à faire croire qu’il n’existe qu’une seule et unique façon d’aimer. Il y aurait d’un côté une bonne façon, sentimentale et exclusive, et de l’autre une mauvaise façon, intéressée, libertine et sexuelle. La tyrannie du modèle romantique impose de croire à cette bipartition des modes d’aimer. Les discours religieux visent à renforcer ces croyances manichéennes qui opposent le bon amour conjugal altruiste à la concupiscence perverse d’un égoïsme captatif. Cette façon de penser simpliste imprègne les conceptions du monde d’une bonne partie de nos contemporains.
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