Citations sur Apocalypsis, Tome 3 : Cavalier Noir, Maximilian (16)
Grand-père Volker a survécu à un triple pontage, une greffe de foie et se prélasse actuellement dans une de ses nombreuses résidences en compagnie d'une de ses nombreuses épouses. Qu'on ne me demande pas quelle résidence, je n'ai aucune mémoire pour la géographie. Qu'on ne me demande pas quelle épouse, je n'ai aucune mémoire pour la pornographie.
Il existe un niveau de richesse où l'on ne se fatigue pas pour quelques millions de plus ou de moins. En revanche, il n'existe aucune limite définie quand il s'agit de faire chier ou d'asseoir un autorité contestée. L'ego n'a ni honte, ni scrupules.
Mais, quel que soit notre degré de génie, les émotions nous rendent terriblement ordinaires. Personnellement, j'ai peur du vide, de cette sensation de néant absolu qui se love dans un poumon pour alourdir chaque respiration, la rendre pénible, impossible bientôt. Cette angoisse muette indélogeable susurre sans cesse que la vie n'a aucun sens ni intérêt, que l'on ne vient de nulle part, qu'on erre pour finalement marcher droit vers le rien. Parfois, cette crainte sourde se transforme en panique totale. Asphyxiante. Assassine.
Il m'observait attentivement, le regard fébrile et la mine préoccupée. J'avais l'étrange sensation d'être une femme enceinte dilatée à huit auprès de son mari hystérique paniqué à l'idée de voir une tête sanguinolente et sale émerger du jupon de sa douce. Je m'attendais presque à ce qu'il se mette à respirer bruyamment, me psalmodiant des 'Monsieur, allez-y, faites le petit chien !'.
Et la tragique réalité est qu’il en est ainsi pour tout le monde. Il n’y a pas un seul être sur cette Terre qui puisse être parfaitement assuré d’être aimé pour ce qu’il est et non ce qu’il montre, apparaît ou symbolise, incarne ou représente.
Je voulais faire le tri dans ma vie, mes relations, mes sentiments. Pour extraire l’essence même de mon histoire et n’en garder que ce qui en était sine qua non. Nötig. Je voulais jouir et profiter, m’assurer de la véracité des échanges, de la bonté des êtres autour de moi et du goût premier des choses. C’était là ma grande espérance, digne de celle de Dickens. J’aurais pu faire miennes ses lignes et constater comme lui « c’était la meilleure des époques, c’était la pire des époques, l’âge de la sagesse et aussi de la folie ; le temps des croyances et de l’incrédulité ; l’ère de la lumière et des ténèbres ; le printemps de l’espoir et l’hiver du désespoir. » Vaste programme que le mien…
Mais je n’ai tout simplement jamais compris, et encore moins partagé, la tendance collective à enjoliver le portrait de quelqu’un sous le prétexte de sa mort. Comme si mourir était un exploit qui méritait clémence et révision des jugements. Cela se saurait si trépasser requerrait la moindre habileté ou compétence. Pour moi, un salaud mort reste un salaud, et le dire n’en fera pas un de moi.
Elle ne te voit pas. Elle t'aime pour ton coeur, ton âme et cet amour ne sera jamais soumis à l'apparence que tu prendras.
A mon sens, on sait immédiatement qui domine une rixe sans même juger de la perspicacité des arguments ou de la pertinence des récriminations. Tout est fonction des décibels. Plus un homme crie, s’énerve et s’époumone, moins il est détenteur d’une véritable autorité charismatique.
J’aimais entendre le rire de Silke au point de tout faire, tout dire et tout tenter pour que cela se produise. C’était une petite musique douce à mes oreilles et j’en suivais avec plaisir chaque variation, redoutant seulement le moment pénible du décrescendo. Un rire finit malheureusement toujours par s’éteindre et c’est un deuil des plus pénibles à faire.