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Citations sur La bête du Gévaudan (29)

« La bête qui m’a attaquée ressemble à un gros loup mais ce n’en est pas un. Sa tête est plus grosse, plus allongée, elle est rousse et porte une raie noire tout le long du dos. Elle n’a pas cherché à s’en prendre au bétail, c’est moi qu’elle voulait dévorer ! »
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Une femme s'était révélée, la plus faible et la plus pauvre des femmes, mais une mère. Elle avait empoigné la Bête de ses mains, s'était jetée sur son dos, et l'avait montée comme une bourrique... Geste vengeur ! Voici en quels termes la Gazette de France du 22 mars 1765 raconte l'épisode : « Le 14 de ce mois, une femme du Pouget (à mi-chemin entre Saugues et Saint-Alban), étant vers le midi, avec trois de ses enfants sur le bord de son jardin, fut attaquée brusquement par la Bête féroce, qui se jeta sur l’aîné de ces enfants, âgé de dix ans, lequel tenait entre ses bras le plus jeune, encore à la mamelle. La mère, épouvantée, alla au secours de ses deux enfants et les arracha tour à tour de la gueule de cet animal, qui, lorsqu'on lui en ôtait un, se saisissait de l'autre. C'était surtout le plus jeune qu'elle attaquait avec le plus d'acharnement. Dans ce combat qui dura quelques minutes, cette femme courageuse reçut, ainsi que ses deux enfants, plusieurs coups de tête de l'animal, qui déchira et mit en lambeaux leurs vêtements. Enfin, voyant qu'on lui enlevait ses deux proies, la Bête féroce alla se jeter avec fureur sur le troisième enfant, âgé de six ans, qu'elle n'avait pas encore attaqué et dont elle engloutit la tête dans sa gueule. La mère accourut pour le défendre : après avoir fait des efforts inutiles pour arrêter cet animal, elle sauta à califourchon sur son dos, où elle ne put se tenir longtemps. Pour dernière ressource, elle chercha à saisir la Bête par une des parties de son corps qu'elle jugea la plus sensible. Mais les forces lui manquant tout à fait, elle fut obligée de lâcher prise et de laisser son enfant à la merci du monstre. Dans ce moment, un berger, apercevant cet animal qui emportait l'enfant, accourut armé d'un bâton, au bout duquel il avait attaché une lame de couteau. Il porta quelques coups à la Bête, mais sans lui pouvoir faire aucun mal. Elle sauta par-dessus une haie et un tertre de dix pieds de haut, tenant toujours l'enfant dans sa gueule. Le berger avait avec lui un mâtin de la plus haute taille qui courut après la Bête, la joignit à trente pas de là et donna dessus, ce qu’aucun chien n'avait encore osé faire. Elle laissa alors tomber sa proie et, se retournant vers le chien, elle l'enleva d'un coup de tête sans le mordre et le fit tomber à vingt pas de là. Après quoi, elle prit la fuite. L'enfant, qu'elle avait laissé, a la lèvre supérieure emportée, le cartilage du nez entièrement mangé, une joue déchirée, et, ce qu'il y a de plus dangereux, toute la peau de la tête est enlevée et tombant à droite et à gauche sur les épaules. Il y a tout à craindre pour sa vie. Qu'on se figure l'état de sa malheureuse mère à ce spectacle. Elle arriva, accablée de lassitude, le visage baigné de larmes de tendresse et de douleur, le cœur partagé entre la joie d'avoir sauvé deux de ses enfants et le désespoir de voir le troisième si cruellement déchiré. Cette respectable mère s'appelle Jeanne Chastan, femme de Pierre Jouve. Elle est âgée de vingt-sept à vingt-huit ans, d'une complexion très faible et même d'une mauvaise santé. Avant cette action, elle jouissait déjà de l'estime publique par sa sagesse et ses bonnes mœurs.
« Le roi, informé de la belle et courageuse action de cette femme, a ordonné qu'il lui soit donné une récompense. »

Chapitre 2
La bête et les dragons
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La Bête n'était pas seulement sauvage, féroce, immonde. Elle était rapide comme le vent, et, comme le vent, insaisissable. Elle avait le don d'être partout à la fois, le « privilège d'ubiquité », comme disait notre curé. C'était peut-être le diable ? Ce dimanche-là des prières furent dites dans notre église. Nous demandâmes à Dieu de nous protéger, à la sainte Vierge de nous secourir. Nous fîmes le signe de la croix sur nos baïonnettes rustiques.

Chapitre 1. La Bête et Monseigneur
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Une explication, même scientifique, n'est jamais que provisoire. Elle n'apporte rien, elle développe. Elle cesse d'être recevable dès qu'un fait nouveau la contredit. Mais, du moins, est-elle susceptible, par l'expérience, d'une sorte de confirmation. Allez donc vérifier expérimentalement une explication historique ! On ne peut pas plus recommencer la Bête que Napoléon. Au fond, toute explication d'événement humain, de fait social, est une espèce de danse devant le mystère. Elle procure un plaisir immédiat, une satisfaction calmante. C'est déjà beaucoup. Nous voyons le passé dans une fumée de pipe. L'histoire est un marchand d'opium.

Avertissement
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(...) la fortune est promise à qui tuera la Bête. Il faut, pour cela, qu'il n'y ait qu'une Bête. On ne le saura que si les ravages cessent après sa mort. Mais qui la tuera ? Un de ces vingt mille rustres qui rabattent ? Lequel de leurs hobereaux ? Un dragon ? Un piqueur ? Ou bien moi, d'Enneval, ou bien nous ? Il faut se surmener, tout surveiller, être à tout prix au bon endroit, le bon jour, au bon moment. Quel métier ! quel labeur ! quelle vie ! Même ces messieurs d'Enneval, père et fils, n'y peuvent tenir trois mois...

Chapitre 2
La bête et les dragons
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Et il est vrai, je le savais déjà, que des histoires singulières commençaient à courir. Ces histoires attribuaient au fauve certains traits purement humains. La Bête marchait parfois toute droite sur ses pieds de derrière. On l'avait entendu rire. Elle venait parfois s'accouder aux fenêtres et regardait le soir à l'intérieur de la maison. Tout près de chez nous, à Julianges, un certain Pourcher l'avait tirée la nuit, du haut d'une fente étroite dans le mur de sa grange. Elle avait trébuché, s'était relevée, et était partie « en jurant ». « Elle » faisait, disait Pourcher, un bruit comme quelqu'un qui se sépare d'un autre après une dispute. »

Chapitre 1.
La Bête et Monseigneur
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La Bête m'est devenue l'image du mal et du malheur, inséparables de toute vie, inexplicables comme elle. S'il y avait explication totale, c'est qu'il n'y aurait pas eu mystère. Or, j'en suis venu à croire que c'est le mystère qui, d'abord, est.

Chapitre 6
La fin de la Bête
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J'ai vu, depuis le temps de ma jeunesse, des hyènes de Barbarie. Elles m'ont fait penser à la Bête. J'ai ouï dire qu'en des siècles très lointains, une espèce de hyène qui tenait du loup a vécu dans le pays qui s'appela depuis la Gaule. Des loups, dits « carnassiers », ou mangeurs d'enfants, ont paru, de temps à autre, avant la Bête du Gévaudan, dans maintes provinces françaises, avec certains des traits que je lui connais. Est-il possible d'imaginer une descendance graduelle, affaiblie, raréfiée, d'âge en âge, à ce loup-hyène des temps préhistoriques ? Et le Gévaudan aurait-il été son dernier asile ? Comment aurais-je pu, petit « Pantre » que j'étais, jouvenceau de dix-huit ans, plus ignorant encore que je ne le suis aujourd'hui, vérifier des suppositions de ce genre, incapable que j'étais même de les former ?

Chapitre 6
La fin de la Bête
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Le fait demeure qu'à la fin de juin, les terribles ravages qui ensanglantaient le Gévaudan cessèrent définitivement. Mais pourquoi et comment ? Le saura-t-on jamais ? La Bête n'était-elle qu'un loup, ou plusieurs ? Comment expliquer ces descriptions concordantes, ou ce qu'il y a de concordant dans ces descriptions qui la représentent tout autre ? Comment imaginer tout un peuple, à qui les loups étaient aussi familiers et pas plus mystérieux que les renards ou les blaireaux, se leurrant à ce point ? Et pourquoi ces loups auraient-ils soudain cessé de manger les moutons ? Préféraient-ils à tel point les enfants que de se passer d'agneaux ? Et pourquoi ces loups mangeurs de fillettes et de garçonnets auraient-ils soudain sévi ? Et d'où venaient-ils ? Et que devinrentils ? Jusqu'où reculer la chaîne des prétendues causes — ou la prolonger ? En quoi l'espèce, création de l'esprit, peut-elle limiter la nature ? Y a-t-il donc quelque chose de tellement inviolable, et net, et précis, entre ce que nous appelons chien, par exemple, et ce que nous appelons loup, entre ce que nous appelons loup et ce que nous appelons hyène ? La chaîne des êtres est-elle continue ou brisée ? Peut-on admettre des croisements ? Des hybrides ? Y aurait-il eu jadis entre loups et chiens, ou hyènes, ou chacals, ce que sont mules et mulets entre âne et cheval ?

Chapitre 6
La fin de la Bête
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Une grande retraite a lieu dans toutes les paroisses pour prier la Vierge Marie d'intervenir. A la fin de cette retraite, un premier pèlerinage eut lieu à Notre-Dame de Beaulieu, un peu au nord de Paulhac, au pied du Mont Chauvet. Il y avait là un refuge dont on voit encore les restes. La chapelle est en ruine. Les prêtres des paroisses environnantes s'y rendirent en procession avec leurs fidèles. On célébra la messe au milieu d'une foule fervente. On communia. Jean Chastel était venu, armé, avec son fils Pierre, et fit bénir trois balles.

Chapitre 6
La fin de la Bête
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