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Citations sur Le caoutchouc décidément (19)

« Au même instant, se produit un léger incident, du genre diplomatique, qui mérite d’être signalé, selon Furne [...]. L’histoire tient en deux mots : si ce n’est pas l’huile, c'est le vinaigre, et, si ce n’est pas lui, c'est elle qui refuse de transiger, malgré l’entremetteuse Céleste, huile et vinaigre campent sur leurs positions au fond du saladier, irréconciliables, du reste ce conflit ne date pas d’hier, et bien que la cause initiale en soit depuis longtemps oubliée, aucun signe de détente n’est en vue, au contraire, tout laisse présager une aggravation prochaine de la crise, car les deux forces en présence ne pourront feindre éternellement de s’ignorer, la tension monte de part et d’autre, on assiste à de petits accrochages aux frontières, l’huile tente une manœuvre d’encerclement et le vinaigre riposte déjà par des actions de commando, encore isolées, afin de s’assurer des bases stratégiques en territoire ennemi, l’explosion paraît imminente, dont il est à l’heure actuelle difficile de prévoir la violence mais dont les conséquences seront de toute façon catastrophiques pour la région, avec le risque d’un embrasement général de cette partie du monde. » (p.107)
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« Clara Lapse est assise vis-à-vis de Furne, à l’autre bout de la table qu’il préside. Elle a repoussé son assiette (la purée en refroidissant se solidifie, et revoilà la pomme de terre) ; elle se tient immobile, la tête dans les mains, les manches trop lâches du sarrau découvrent ses poignets et leurs cicatrices sans nombre, graduation violette du désespoir, telles les marques que le condamné à mort trace pourtant avec l’ongle sur le mur de son cachot, autant de jours funestes écoulés – autant de ratures dans ces quelques lignes consacrées à Clara. [...] Furne froisse le formulaire, les mots qui conviendraient n’existent que sur le bout de la langue, il ne décrira pas Clara, si frêle, toujours à la lisière de l’absence cruelle, plus jolie qu’Ophélie et bien plus pâle qu’elle, son sang est un chat blanc cherchant dans les venelles la petite balle rouge dont il est sans nouvelles. (Etudier la strophe et la disposition simple et harmonieuse des rimes. Apprécier en particulier la valeur poétique des images et des comparaisons. Quelles sont les autres qualités du style ? Commenter la métaphore de la petite balle rouge. Analyser les sentiments exprimés par l’auteur. Citer des œuvres lyriques qui ont exploité ce thème. Observer comme la composition logique sert la spontanéité de la passion. Montrer que ce poème renferme un petit drame dont le pathétique va croissant. Relever le détail des procédés qui contribuent à la musicalité de cette strophe. Remarquer notamment la répétition de la sonorité elle. Combien de fois revient-elle ? Préciser en quoi cette allitération traduit l’attachement du poète pour la personne aimée.) (p.37-38)
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Furne a une foule d'idées, des projets précis pour que tout change, car il fera mieux que donner son nom à une rose ou à une maladie, il a d'autres ambitions, un plus vaste dessein.
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« Assis contre le mur, les jambes écartées, Pumpe extrait de son tube de pâte dentifrice, au lieu de l’éternel serpent, Eve elle-même, dont les petits pieds se posent sur le carrelage polaire, vivement les sentiers du vice ; apparaissent bientôt les chevilles, les mollets, les genoux, le plus dur reste à faire, Pumpe accentue légèrement la pression de ses doigts autour du tube, voici les cuisses, les fesses et avec ces fesses la fin de nos spéculations théologiques sur l’état de perfection, voici le ventre lisse, sans nombril – quand votre créateur s’appelle Pumpe, naître ne laisse pas de cicatrice -, puis la gorge, les épaules et les bras, le cou, la tête et chacun de ses cheveux, mais nul ne connaîtra le visage d’Eve, sa tête s’incline sur sa poitrine, son corps s’affaisse, elle tombe à genoux, son front heurte le carreau, sans bruit, déjà Boton accouru jette une serpillière sur la forme blanche recroquevillée, effaçant toute trace de ce rapide miracle, toute trace et toute preuve, car le délicat parfum de menthe qui flotte dans la pièce – une luciole pour l’œil, une vibration de xylophone pour l’ouïe-, ce parfum même ne prouve rien, sinon la puissance du rêve, tel le long cheveu blond que découvre au matin, entre les draps de sa couchette, le célibataire grisonnant. » (p.49)

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Furne est par exemple hostile au principe des giboulées de mars. Si ce n'était que ça, mais non, il ferait face, ou le dos rond, mais il n'est rien au sujet de quoi il ne trouve à redire, sans avoir à chercher il trouve, des vices de forme ou de fabrication en toute chose, de graves imperfections, des abus, des petitesses, ce sont ses propres termes, en conclut qu'un remaniement s'impose, une réorganisation globale et méthodique du système en vigueur, puisqu'il ne répond pas à nos besoins élémentaires et contrarie nos rêves les plus légitimes, révisons-le, Furne a des idées.
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« La digestion, récite Furne, consiste en un ensemble d’actions mécaniques (mastication, déglutition, mouvements de brassage de l’estomac et de l’intestin) et de réactions chimiques assurées par les enzymes de la salive et des sucs gastriques, pancréatique et intestinal ; la biel permet la mise sous forme d’émulsion des graisses ; le résultat de la digestion est un liquide, le chyle, que les villosités de l’intestin grêle absorbent ; les partis non élaborées passent dans le gros intestin où elles subissent une fermentation et contribuent à former les fèces – ça ne peut plus durer. Cette sujétion, intolérable. Furne a toujours quitté les lieux d’aisances en claquant la porte de ces chiottes pourries. Vivement la féerie. Creux les ventres, ou plein d’aromates et de vraie mélodieuse musique. Ut majeur. Symphonie » (p.111)
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« Le professeur s’immobilisa devant les deux hommes, tous les trois embarrassés, on aurait entendu (une mouche voler, bien sûr, laquelle ne laisse pas s’exprimer ceux qui vivent sous son toit) la plume d’un chroniqueur dramatique tracer le mot four, puis grincer son fauteuil et son pas résonner dans l’allée, il ouvrait la bouche pour réclamer son vestiaire lorsque Zeller se décida à rompre la glace » (p.26).
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« …un casse-noix d’aspect banal, aussi maniable et efficace que l’ancien mais qui possède sur lui l’inestimable avantage d’étouffer les craquements douloureux de la noix, évocateurs de notre propre et très prochaine pulvérisation – si bien qu’on hésitait à fendre ce petit crâne de philosophe pessimiste et qu’on se rabattait le plus souvent sur une mandarine, la vie, le soleil, les jeunes filles tout entières sous leurs jupes. » (p. 40)

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« l’innocence ne développe que des allergies » (p.50)
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« Deux tilleuls versent sur la pelouse leur ombre parfumée, tranquillisante, inépuisable – existera bientôt en sachets, Furne est fier de l’annoncer-, ombre que le soleil voudrait corrompre avec de la menue monnaie, quelques piécettes de cuivre tombées du ciel, éparpillées dans l’herbe… » (p.56)
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