Citations sur Le vaillant petit tailleur (15)
Tel est l'art de la narration, qui ménage les pauses et les diversions pour exciter artificieusement l'intérêt. J'ai appris la leçon chez les plus grands (...)
- J'attends un enfant, lui dit sa compagne.
- Bonne nuit à toi aussi, répond le lecteur sans lever les yeux de mon livre.
- Le médecin pense qu'il a deux têtes, reprend-elle.
- Comme tu voudras, ma chérie.
Ce nuage de poussière à l'horizon, c'est la cavalerie du vaillant petit tailleur. Cette forme sombre et imposante qui se découpe au loin sur le ciel, c'est le château. Il se rapprochent. Ils se rencontreront avant la nuit, ayant parcouru chacun la moitié du chemin.
Si bien que notre fanfaron se trouve simultanément projeté dans les airs et à une altitude telle que nous voici tous autant que nous sommes privés de héros pour un bon bout de temps, que faire, que faire, je profiterai si vous voulez bien de son absence pour débattre d'un point qui me paraît capital : j'ai suivi pour raconter cette scène la leçon des frères Grimm, elle-même fondée, dois-je le rappeler, sur le récit chevrotant de Kassel.
Le jour où le vaillant petit tailleur remplira de poissons rouges le bassin de son parc (économie d'eau : le poisson nage aussi bien dans le poisson), je m'assoirai avec lui sur le rebord de pierre et nous resterons là, apaisés enfin, parvenus au terme de notre errance, le vaste monde dans notre dos réduit à l'étroit chemin qui nous a menés là.
La fatigue tombe d'un coup sur ses épaules. Le petit tailleur la couche sur un lit d'herbe, et se sauve sans faire de bruit.
Une tique se frotte contre un tronc pour se débarrasser d'un parasite bovin
Le vaillant petit tailleur ne serait-il donc pour l'auteur de ces lignes qu'une figure de rhétorique, un élément juste un peu plus voyant et sautillant de sa syntaxe, l'agent grammatical chargé des tours nouveaux et des effets de poésie? Voilà comment il faudrait comprendre et chérir le marmouset? Et ne point s'émouvoir jamais que de sa culbute et de son rétablissement? Applaudir ses sauts périlleux, sa marche sur les braises, sa course en rond avec la queue du tigre entre les dents, la musique de la scie sur ses os et le prodige de sa résurrection, sa danse au-dessus de l'abîme sur le fil de son lacet dénoué, mais refuser d'y croire quand simplement il se mouche, quand il pleure, quand il demande l'heure, quand il est visité par un songe?
Pour vous débarrasser d'un géant, donnez-lui un livre. Car il en va ainsi de tous les géants, et c'est pourquoi il est si rare d'en rencontrer un, ils lisent recroquevillés sur des livres aux formats trop petits pour eux et néanmoins capables de les absorber complètement, littéralement, ils disparaissent.
Je rappelle en passant que le souci de vraisemblance est une préoccupation de menteur.
Lorsque les géants émergent de leur lecture, on parle de tremblements de terre, d'éruptions volcaniques, d'avalanches, d'éclipses, leur grosse tête occultant le disque solaire, ce dont ils sont les premiers contrits puisque cette obscurité les empêche de lire.
Or tandis que certain pleutre fait des manières à l'orée du bois, le petit tailleur s'enfonce hardiment entre les arbres - d'un bond, écrivent même les frères Grimm qui ont dû voir un écureuil et confondre. Seul l'auteur de ces lignes (...) ne faillit point à sa réputation de bravoure et s'engage à son tour dans la forêt.
Le petit tailleur entend, il se réjouit de ce qu'il entend [...].
Il ouvre grand sa fenêtre et se penche dans la rue, et tombe et se tue.
Belle histoire, n’est-ce pas ? Et comme la fin est triste !