Avec
Une faiblesse de Carlotta Delmont,
Fanny Chiarello signe un roman subtil, aux allures de polar et de quête existentielle.
A la croisée de plusieurs genres, ce roman protéiforme mêle télégrammes, correspondance privée, coupures de presse et extraits de journaux intimes. Sorte de chronique des années folles, mettant en scène une héroïne hors du commun doublée d'une femme d'avant garde,
Une faiblesse de Carlotta Delmont laisse au lecteur le soin de forger sa propre opinion sur l'héroïne, sur son geste, mais aussi sur l'époque.
Carlotta Delmont est une cantatrice américaine mondialement célèbre. En 1927, alors qu'elle vient de triompher dans la Norma à Paris, elle disparaît. Les journaux s'emparent de l'affaire, l'enquête piétine, les rumeurs vont bon train jusqu'à ce que Carlotta reparaisse, quinze jours plus tard. Que s'est-il passé entre temps ? Quelles seront les conséquences de sa disparition pour sa carrière ? C'est l'histoire que
Fanny Chiarello raconte dans
Une faiblesse de Carlotta Delmont, l'histoire d'une légende, l'histoire d'une femme privée de son identité qui a tout simplement eu besoin de faire entendre sa voix.
Prisonnière d'un rôle, vivant sa vie par procuration, adulée ou détestée, Carlotta Delmont a tout de la légende vivante. J'ai vu dans sa disparition le geste très artiste, très romanesque d'une femme à la sensibilité exacerbée qui s'identifie aux héroïnes auxquelles elle prête sa voix. J'ai compris la nécessité qu'elle avait de s'affirmer en tant que femme, de récupérer l'intimité dont elle avait été privée en devenant une sorte de mythe. L'indispensable fuite qu'elle a orchestrée n'avait d'autre but que de fuir une existence fabriquée de toutes pièces.
"Si m'octroyer quelques vacances de moi-même fait de moi une folle, alors le monde est plein de fous, qui vont au théâtre, lisent des magazines ou des romans pour s'identifier à des personnages et de divertir de leur propre existence."
Carlotta Delmont a tout simplement fui un environnement anxiogène et asphyxiant. Prise en charge, modelée depuis son plus jeune âge, formée pour devenir une cantatrice, Carlotta aborde la trentaine avec le sentiment frustrant de pas avoir vécu. Ce qui passerait de nos jours comme une sorte de remise en question toute personnelle prend des allures d'affaire d'Etat ! Autres temps, autres moeurs ! N'oublions pas qu'en 1927 les conventions étaient différentes ! le moment de faiblesse de Carlotta ne lui sera pas pardonné...
Si j'ai aimé la construction audacieuse de ce roman et la facilité étonnante de
Fanny Chiarello à jouer les archivistes, à mêler l'intrigue à la chronique d'époque, je n'ai toutefois pas réussi à m'attacher au personnage pourtant attachant de Carlotta. Peut-être parce que sa confession est analysée trop froidement, presque disséquée, pour que j'en ressente l'émotion supposée s'en dégager... C'est long, trop long, cela manque cruellement de rythme et d'entrain !
Une faiblesse de Carlotta Delmont reste toutefois un roman complexe, audacieux, qui nécessite un temps d'adaptation pour en apprécier le propos. Un roman ingénieux, surprenant, qui joue avec les codes littéraires et sort des sentiers battus !
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