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EAN : 9782823615944
176 pages
Editions de l'Olivier (02/01/2020)
3.49/5   34 notes
Résumé :
Sarah aime les filles. Dans cette petite ville du bassin minier du nord de la France, l’homosexualité n’est pas bien vue. Lorsque sa mère découvre, planqué sous le matelas de l’adolescente, un roman ayant pour sujet une relation amoureuse entre deux filles, elle entre dans une rage folle.

Mais que se passera-t-il lorsque Sarah, au cours d’une soirée, se retrouvera face à l’autrice du roman ?

Le Sel de tes yeux est l’histoire de cette re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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La romancière Fanny Chiarello est revenue un jour dans sa région du Nord de la France pour présenter une exposition de textes et de photos. Là, elle croise devant chez elle une jeune adolescente qui lui fait penser à elle plus jeune. Sans lui parler, elle va imaginer sa vie et lui écrit une longue missive fictive dans laquelle elle renvoie ses propres mal-être adolescents.

Cette jeune fille, renommée Sarah permet à la romancière de créer un habile jeu de miroir subtil pour un récit d'apprentissage délicat et intense sur une adolescente en conflit, qui comprend qu'elle aime les filles alors que sa famille d'origine modeste n'accepte pas cela.

Dépassant le simple exercice de style que le postulat de départ pouvait laisser entendre, Fanny Chiarello met la poésie et le fantasme nécessaire pour raconter une vie d'adolescente comme il doit en exister un certain nombre et émeut profondément avec ce roman qui brouille joliment les frontières entre fiction et réalité.

Son récit aborde par ailleurs la thématique de l'homosexualité féminine et des premiers émois et questionnement avec pudeur et sensibilité.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans une petite ville du bassin minier du nord de la France, la romancière Fanny Chiarello présente une exposition de photographies et de texte. A ce moment là, elle croise une jeune adolescente dans un parc en train de courir. Fanny l'a photographie. A travers les différents clichés, l'auteure comprend, transporte, saisit, retranscrit son mal-être, son secret. Mais aucune parole échangée, juste un regard. Et Fanny raconte.

L'auteure invente alors à travers ses photographies, un prénom, Sarah, une famille, une orientation sexuelle, des vies parallèles, une société mise de côté. Sarah aime les filles.

Comme un journal intime, le roman est construit en une semaine, chaque jour est raconté et compté. Un roman d'une grande sensibilité, d'une grande pureté, où la jeunesse actuelle se retrouve en bas d'une société hétéro-culturelle, avec peu d'ouverture d'esprit.

Une écriture extrêmement proche de la réalité encore actuelle, et c'est merveilleusement terrible à travers les mots de Fanny. Car, ce récit pour être celui de votre fille, de votre amie, de votre collègue, de votre voisine, en mal de vivre. Un roman ancré dans l'ère contemporaine où l'homosexualité est encore mal accepté et qu'il est difficile de vivre certaines émotions a l'adolescence lors de la découverte de nos sentiments.

Fanny Chiarello dresse le quotidien d'une adolescente en quête d'identité, complètement perdue dans un monde qui ne peut l'aider. Ce roman est l'un des plus poétiques que j'ai pu lire. D'une justesse incroyable, sans fioritures, avec un style particulier à la frontière de la fiction et de la réalité, qui s'entremêlent pour mettre un peu de sel à vos yeux.
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Toute la fragilité du monde s'enfuit dans le sel de tes yeux

« Aujourd'hui, je m'aperçois que je t'écris depuis sept mois. J'ai commencé à le faire un peu moins de deux mois après t'avoir vue pour la première fois. Aujourd'hui, la lettre que je t'adresse dépasse les 150 pages. Ses proportions ne cessent d'enfler »

Une écrivaine et un personnage croisé et photographié un jour. Une lycéenne passait en courant. L'adresse inventive dans une réalité identifiée et imaginaire, à une jeune fille et à un personnage. le jeu de l'écriture et une immersion dans un possible d'une petite ville d'un ancien bassin minier du nord de la France.

« Je ne t'enverrai pas cette lettre. Je l'écris comme un manuscrit, sauf qu'il s'adresse à toi, Sarah Benarif, la jeune athlète qui vis et cours dans cette petite ville au bord de l'autoroute. Je t'écris depuis si longtemps que j'ai l'impression de te connaître »

Une petite ville et des paysages, « Je ne me suis pas seulement attardée sur les incontournables du paysages qui nous a vues grandir, toi et moi. Les terrils jumeaux de la base 11/19, les plus hauts d'Europe, y occupent l'arrière-plan d'à peu près tout ce que l'on voit », les montagnes noires et vertes du plat pays, les restes rouillés d'une armature industrielle et d'un monde disloqué.

Un sourire, une photographie, une jeune fille. Quelques instants retenus pour libérer l'imagination, donner sens aux mots et un espace à une existence. Il y aura donc un carnet, des phrases écrites et le temps singulier d'un personnage.

Le doute parfois sur qui parle ? Fanny Chiarello ou Sarah, le personnage ou celle qui l'éclaire – « je n'exclus pas de m'être créé une image mentale sans référent réel » – et l'interroge. Que nous disent « les parades amoureuses des jeunes gens que l'on considèrent comme normaux », être née le 11 septembre 2001 « entre deux avions », ces remarques émises blessantes pour celle qui les entend sans pouvoir ne pas les écouter, « Si tu disais à tes proches combien les allusions homophobes te blessent, ils se détourneraient de toi », cette capacité de résistance, « il n'était pas transgressif mais plutôt sain de se dérober à certains schémas de pensée qu'imposent les adultes »…

Les maux de la normalité. La surveillance maternelle « uniquement pour s'assurer que tu ne lises pas de livres ou ne visionnes pas de films montrant des femmes qui s'aiment ou qui entretiennent des rapports ambigus. Elle le fait depuis le jour où elle a trouvé sous ton matelas un livre que tu avais acheté en cachette », un roman, les règles d'une prison dont tu gardais les clés, l'humiliation, « Tu te sentais sale. Coupable et sale »…

L'autrice ouvertement ou par le biais du personnage souligne la propagande hétérosexuelle et ses effets, la force d'assignation à l'usage du corps féminin pour la maternité, « une petite fille est déjà, virtuellement, une matrice ». Les mots de la création atténuent le sentiment de solitude. Un roman confisqué et « tu as compris que tu n'étais pas là pour t'épanouir mais pour te conformer ». Et cela s'appelle l'amour parental, le vocable masque d'une véritable domination, « Tu es dans île déserte »…

Jasmine et le jazz (une invitation à écouter Nicole Mitchell et sa flute), la superficie de la terre, les champs d'exploration insoupçonnés, les corps adolescents rejetés comme corps étrangers, la colère si oppressante qu'elle pourrait conduire au suicide, Rose, le moment « où tes parents cessent d'être ceux qui te protègent », et si tu n'as pas le droit de lire des romans dans lesquels des femmes s'aiment « tu vas en écrire un »…

Je souligne les pages sur la narration, l'écriture, l'imaginaire habité et la réalité imaginée, l'organisation du bruit par la partition, la formation du réel par le langage, le tu, les artifices, la mise au point « sur l'arrière plan et tu t'arrêtes avant le baiser, c'est bien aimable de ta part ».

Un ouvrage sur ces adolescentes que le mode familial ne laisse pas s'envoler, ces cercles que certain·es voudrait faire entrer dans des carrés, le refus de ces amours des filles pour des filles.

« Au fil du temps, le trait s'épaissit jusqu'à l'empâtement, d'autant que les épisodes les plus anciens se modifient insensiblement dans ma mémoire à mesure que les plus récents m'apportent sur eux un éclairage nouveau ».
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Alors qu'elle explore le bassin minier du Nord de la France, région dont elle est originaire, l'écrivaine photographie une jeune fille qui court. Une silhouette.
Elle lui invente un prénom , Sarah, une famille et une orientation sexuelle qui déroute cette dernière : Sarah aime les filles.
Dans ce court roman (174 pages), Fanny Chiarello s'adresse à cette adolescente qu'elle a vraiment croisée, sans pouvoir lui parler et même si elle ne la connaît pas déclare: "mais, parce que je t'écris, tu es une force pour moi- note l' ambiguïté de cette phrase, ou le t' peut aussi bien être un C.O.D. qu'un C.O.I."
Brouillant les pistes, qu'est ce qui est inventé, qu'est ce qui est réel ?, Fanny Chiarello nous livre ici un récit sensible et juste sur une jeune fille qui se confronte à une société hétéronormée ,dont on n'a même plus conscience, sauf évidemment quand on sort de la norme. Elle brosse des parents un portrait nuancé, ils aiment leur fille mais ne peuvent concevoir qu'elle déroge à ce qui est pour eux la normalité et acceptent sans sourciller que leur autre fille sorte avec un étudiant plus âgé.
N'allez pourtant pas croire que tout est plombé dans ce roman qui, s'il serre parfois le coeur, ménage aussi des moments lumineux et peint avec véracité le quotidien d'une jeune femme d'aujourd'hui. Un roman plein d'espoir.
Un coup de coeur.
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Ce livre est, sans conteste, le roman le plus poétique que j'ai lu depuis la rentrée. Il est d'une pureté, d'une douceur et à la fois d'une puissance incontestables.
On est dans le bassin minier, pas loin de Lille. Sarah est une adolescente différente des autres parce qu'elle aime les filles et malheureuse parce qu'elle le cache. Ses parents, sa fratrie et nombreux amis la rejettent, ou sans doute se met-elle à l'écart instinctivement. Sa mère fouille ses journaux intimes, surveille ses lectures et ses fréquentations. Alors elle court, beaucoup; avant tout, Sarah est une athlète.
C'est en courant qu'elle croise l'auteure, Fanny Chiarello. Fanny la photographie, Sarah lui sourit; et c'est tout. Pourtant l'écrivain-photographe saisit tout, la véritable Sarah et son secret, trop lourd à porter. Elle ne lui parle pas, elle la poétise et elle la raconte. Elle lui envoie un article dans un journal que sa mère ne lui donne pas. Tout est censuré et bien trop conforme dans le village de Sarah, et la jeune fille n'aspire qu'à un peu de liberté et de tolérance.
S'égrènent ainsi sept jours d'une longue semaine où Fanny Chiarello compose avec son imagination pour offrir à Sarah juste un peu de sel qui manque à sa vie. Un très beau roman. 
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Il y a plus, dans ces offensives, que le désir de te dévaloriser.
Tu sais que si ta mère se penche sur tes centres d’intérêt, c’est uniquement pour s’assurer que tu ne lises pas de livres ou ne visionnes pas de films montrant des femmes qui s’aiment ou qui entretiennent des rapports ambigus. Elle le fait depuis le jour où elle a trouvé sous ton matelas un livre que tu avais acheté en cachette.
Tu avais quinze ans quand tu as entendu la documentaliste et un professeur parler de ce roman. D’après ce que tu avais compris, il racontait l’histoire de deux filles qui se rencontraient sur l’un des terrils que l’on peut voir depuis chez toi comme d’à peu près n’importe quel point de l’agglomération. Tu as trouvé la coïncidence incroyable et tu la trouverais plus incroyable encore si tu savais que je l’ai écrit – oui, moi : cette femme bizarre à qui tu as souri deux fois, l’été dernier. Après avoir surpris la conversation de la documentaliste avec un professeur, tu es allée à la librairie de Lens. Mon roman n’y était pas et, pour la première fois
de ta vie, tu as commandé un livre et donné ton numéro de téléphone pour qu’on t’envoie un SMS quand il serait arrivé. C’était à la fois effrayant et grisant, un avant-goût de la liberté que l’on doit éprouver quand on ne rend de compte à personne.
Tu n’étais même pas arrivée à la page du premier baiser quand le livre démembré a précédé dans le bac de recyclable ma lettre et ma photo de toi parues dans le journal.
– Voilà que tu as des lectures orientées, maintenant, a dit ta mère.
Tu t’es demandé depuis combien de temps elle soulevait ton matelas pour voir si tu cachais des choses en dessous. Tu as compris que tu étais en prison, une belle prison confortable dont tu avais les clefs, dont tu pouvais sortir à ton gré, mais où tu devais observer certaines règles et où ta cellule
était fouillée en quête d’objets interdits. Tu n’as pas répondu.
Tu étais pétrifiée, transpercée par l’humiliation et la terreur.
Tu n’aurais pas su dire de quoi tu avais peur exactement. Une gifle t’aurait semblé anodine auprès de la violence qui était faite à ton intimité : ce n’était pas ça. Ce n’était pas non plus la peur de te retrouver à la rue, reniée par tes parents, tu ne pensais pas que c’était à ce point. C’était plus subtil. Tu te
sentais sale. Coupable et sale.
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"Le mercredi suivant, je suis revenue au parc Gargarine à la même heure comme si nous avions rendez vous. Cette fois j'y ai accédé par le lotissement. J'étais désorientée dans ces rues que je ne distinguais pas encore les unes des autres. J'ai pris un virage et soudain tu étais face à moi, marchant dans ma direction d'un pas tranquille. Quelque chose dans ton oeil a paru dire, Tiens sans plus."
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Un monde dans lequel tu n’existerais pas me paraît infiniment plus hostile qu’un monde dans lequel je n’existe pas pour toi. Je me suis fait le serment de ne plus chercher à t’approcher, pour ne pas risquer de te perdre. Je sais qu’un jour, je briserai ce serment, quoique j’en reporte chaque jour le moment. Ce sera aussi stupide et cruel que de cueillir un coquelicot plutôt que saluer sa grâce en passant, même si l’on sait qu’à l’instant où on le cueille, il perd tous ses pétales. Je n’aurai pas indéfiniment la force de m’en empêcher.
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Tu t’es demandé depuis combien de temps elle soulevait ton matelas pour voir si tu cachais des choses en dessous. Tu as compris que tu étais en prison, une belle prison confortable dont tu avais les clés, dont tu pouvais sortir à ton gré, mais où tu devais observer certaines règles et oh ta cellule était fouillée en quête d’objets interdits. Tu n’as pas répondu. Tu étais pétrifiées, transpercées par l’humiliation et la terreur. Tu n’aurais pas su dire de quoi tu avais peur exactement. Une gifle t’aurait semble anodine auprès de la violence qui était faite à ton intimité : ce n’étais pas ça [...] Tu te sentais sale. Coupable et sale.
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Dans ta famille, il n'est pas tant question de s'ajuster les uns aux autres que de décréter une normalité. Comment lutter contre ceux qui ont le droit de t'enfermer, de te contraindre et de te gifler s'ils estiment que c'est pour ton bien, et s'ils estiment que le bien pour une fille consiste à aimer les garçons ?
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