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Critique de pencrannais


Quel plaisir de replonger dans cette Égypte alternative de 1912 !
Le roman Maître des Djinns est en quelque sorte la troisième histoire que nous livre Phenderson Djeli Clark dans ce monde parallèle.
Il y avait dans l'ordre l'étrange affaire du djinn du Caire, nouvelle issu du livre Les tambours du dieu noir, puis le mystère du tramway hanté. Ces deux nouvelles, excellentes au demeurant, plantaient déjà le décor.
50 ans plus tôt, al-Jahiz, un puissant mystique a ouvert un porte qui a permis aux créatures magiques de se répandre dans notre monde. Si tous les pays en ont subi ou profité des conséquences, c'est en Égypte, que cela a pris le plus d'importance avec l'arrivée entre autres des djinns. Leur aide précieuse, leur sens de la magie et de la mécanique surnaturelle ont fait de l'Égypte un pays moderne à la mode steampunk-gaslamp et quasiment la première puissance du monde.
Or, al-Jahiz semble être revenu. Il a organisé le massacre d'une vingtaine de personnes appartenant à une secte à sa gloire et manoeuvre plus ou moins ouvertement pour soulever la population du Caire contre le régime. Avec son pouvoir magique, il apparaît de plus en plus puissant. Mais est-ce bien al-Jahiz ou un imposteur qui se fait passer pour lui ?
L'enquêtrice Fatma el-Sha'arawi, héroïne de l'étrange affaire du djinn du Caire est chargée des investigations. Elle est aidée malgré elle par la jeune débutante Hadia mais aussi par son amante, la fougueuse Siri, aux capacités hors du commun.
L'intrigue prend toutefois une dimension internationale quand un congrès pour sauver la paix en Europe doit se tenir au Caire et que ce al-Jahiz de malheur semble vouloir faire de ses participants des cibles potentielles. le temps est compté pour Fatma et ses partenaires.
Le passage au format du roman (plus de 460 pages) permet à l'auteur de développer le monde crée dans les nouvelles précédentes. On est réellement immergé dans cette ville du Caire grouillante de vie, de saveurs, de parfums, de cultures et de croyances différentes entremêlés. Et comme cette immersion se fait par petites touches, sans jamais nuire à l'enquête et à l'action, on y prend vraiment un plaisir jubilatoire.
L'intrigue policière en elle-même n'est pas follement originale. On a droit aux fausses pistes habituelles, à son lot de surprise, de déception, de découragement parfois, mais elle reste de qualité.
La résolution et la compréhension du pouvoir de l'ennemi, la découverte de son identité dans le dernier tiers du livre est toutefois particulièrement maîtrisée. Avec une mention pour le passage dans le domaine des anges et pour le rôle primordial des livres.
Les personnages sont une nouvelle fois soignés par l'auteur. Fatma, notamment, avec ses tenues excentriques (pour cette Égypte uchronique mais aussi je pense pour nous). Sa psychologie évolue en même temps que l'enquête et la résolution de cette dernière ne pourra se faire que par une prise en compte de ses propres démons intérieurs.
On remarquera encore une fois chez cet auteur, que les personnages principaux, ceux qui font avancer l'action, ceux qui réfléchissent à la résolution de l'énigme sont tous des femmes. Ce qui dans cette Égypte de 1912, même modernisée par la magie est tout de même une gageure.
Le style de l'auteur est vif et dynamique. L'humour est un peu (beaucoup !) moins présent que dans les nouvelles, mais reste tout de même un des atouts du livre, même s'il est plus léger et plus diffus. Les scènes d'action, de combats et de poursuite sont disséminés tout au long de l'histoire et apportent son lot d'émotions fortes et de suspense. L'utilisation de la magie dans ces moments là, très bien décrite permet d'en démultiplier les effets.
Un très bon roman mélangeant polar, magie orientale et uchronie dans une Égypte fantasmée parfaitement construite, au milieu des djinns et des pouvoirs surnaturels.
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