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sur 153 notes
Quel plaisir de replonger dans cette Égypte alternative de 1912 !
Le roman Maître des Djinns est en quelque sorte la troisième histoire que nous livre Phenderson Djeli Clark dans ce monde parallèle.
Il y avait dans l'ordre l'étrange affaire du djinn du Caire, nouvelle issu du livre Les tambours du dieu noir, puis le mystère du tramway hanté. Ces deux nouvelles, excellentes au demeurant, plantaient déjà le décor.
50 ans plus tôt, al-Jahiz, un puissant mystique a ouvert un porte qui a permis aux créatures magiques de se répandre dans notre monde. Si tous les pays en ont subi ou profité des conséquences, c'est en Égypte, que cela a pris le plus d'importance avec l'arrivée entre autres des djinns. Leur aide précieuse, leur sens de la magie et de la mécanique surnaturelle ont fait de l'Égypte un pays moderne à la mode steampunk-gaslamp et quasiment la première puissance du monde.
Or, al-Jahiz semble être revenu. Il a organisé le massacre d'une vingtaine de personnes appartenant à une secte à sa gloire et manoeuvre plus ou moins ouvertement pour soulever la population du Caire contre le régime. Avec son pouvoir magique, il apparaît de plus en plus puissant. Mais est-ce bien al-Jahiz ou un imposteur qui se fait passer pour lui ?
L'enquêtrice Fatma el-Sha'arawi, héroïne de l'étrange affaire du djinn du Caire est chargée des investigations. Elle est aidée malgré elle par la jeune débutante Hadia mais aussi par son amante, la fougueuse Siri, aux capacités hors du commun.
L'intrigue prend toutefois une dimension internationale quand un congrès pour sauver la paix en Europe doit se tenir au Caire et que ce al-Jahiz de malheur semble vouloir faire de ses participants des cibles potentielles. le temps est compté pour Fatma et ses partenaires.
Le passage au format du roman (plus de 460 pages) permet à l'auteur de développer le monde crée dans les nouvelles précédentes. On est réellement immergé dans cette ville du Caire grouillante de vie, de saveurs, de parfums, de cultures et de croyances différentes entremêlés. Et comme cette immersion se fait par petites touches, sans jamais nuire à l'enquête et à l'action, on y prend vraiment un plaisir jubilatoire.
L'intrigue policière en elle-même n'est pas follement originale. On a droit aux fausses pistes habituelles, à son lot de surprise, de déception, de découragement parfois, mais elle reste de qualité.
La résolution et la compréhension du pouvoir de l'ennemi, la découverte de son identité dans le dernier tiers du livre est toutefois particulièrement maîtrisée. Avec une mention pour le passage dans le domaine des anges et pour le rôle primordial des livres.
Les personnages sont une nouvelle fois soignés par l'auteur. Fatma, notamment, avec ses tenues excentriques (pour cette Égypte uchronique mais aussi je pense pour nous). Sa psychologie évolue en même temps que l'enquête et la résolution de cette dernière ne pourra se faire que par une prise en compte de ses propres démons intérieurs.
On remarquera encore une fois chez cet auteur, que les personnages principaux, ceux qui font avancer l'action, ceux qui réfléchissent à la résolution de l'énigme sont tous des femmes. Ce qui dans cette Égypte de 1912, même modernisée par la magie est tout de même une gageure.
Le style de l'auteur est vif et dynamique. L'humour est un peu (beaucoup !) moins présent que dans les nouvelles, mais reste tout de même un des atouts du livre, même s'il est plus léger et plus diffus. Les scènes d'action, de combats et de poursuite sont disséminés tout au long de l'histoire et apportent son lot d'émotions fortes et de suspense. L'utilisation de la magie dans ces moments là, très bien décrite permet d'en démultiplier les effets.
Un très bon roman mélangeant polar, magie orientale et uchronie dans une Égypte fantasmée parfaitement construite, au milieu des djinns et des pouvoirs surnaturels.
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Venez découvrir le travail des agentes du ministère de l'Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles, qui oeuvrent en Egypte en 1912.
Dans ce roman, elles vont devoir faire la lumière sur les meurtres étranges et révoltants de pas moins de 22 personnes, qui étaient membres d'une confrérie secrète, tout en gérant la “résurrection” d'un grand sage, des vols d'objets magiques et des émeutes dans toute la ville du Caire.
On retrouve avec plaisir des personnages déjà rencontrés dans “le mystère du tramway hanté” et on découvre la culture des différents peuples vivant en Egypte à cette époque.
Un roman steampunk dans lequel des anges mécaniques côtoient des djinns, où l'on passe de longs moments à déguster des plats succulents ou à visiter des librairies secrètes et où on ne s'ennuie pas une seule seconde.
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Assez peu habituée des romans fantastiques autour du folklore égyptien et des mythes Djinns, j'avoue avoir été totalement charmée par ce premier roman à l'ambiance steampunk de P. Djèlí Clark.

Égypte, 1912. Fatma, agente du ministère de l'Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles au caractère bien trempé et très solitaire, se voit confier une affaire très délicate. Un lord Anglais a été retrouvé assassiné de façon violente avec tous les membres de sa confrérie secrète. Mais c'est sans oublier que le Caire ne dort jamais et Fatma va devoir gérer plusieurs dossiers en même temps.

Le maitre des djinns est un roman très généreux comme je les aime ! Impossible de s'ennuyer tant l'univers est foisonnant, les personnages pleins de personnalité et l'intrigue précise et efficace. Avec une écriture nette et envoutante, l'auteur nous offre un univers dense, immersif et plein de surprises. Tout comme dans Ring Shout, le récit est également très engagé sur les thématiques qu'il traite. On y retrouvera du féminisme et surtout beaucoup de tolérance. P. Djèlí Clark est un nom qu'il va falloir surveiller !
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Fatma el-Sha'arawi est de retour ! Après avoir vaincu un Ange, rien que cela, dans sa précédente aventure, elle se retrouve plongée au milieu d'une vaste tentative de prise de pouvoir. Par qui ? Rien de moins qu'al-Jahiz, cet homme légendaire qui avait permis l'irruption des djinns et autres créatures légendaires dans notre monde. Et, par voie de conséquence, la prédominance de l'Égypte qui dépasse l'Angleterre, puissance colonisatrice tombée en désuétude. Or, ce prétendu al-Jahiz semble vouloir renverser le gouvernement, voire l'ordre du monde, aidé en cela par un anneau lui donnant tout pouvoir sur les djinns. Preuve de son sérieux et de sa force, le massacre atroce d'une vingtaine d'hommes (et de rares femmes) puissants lors de la réunion d'une société secrète. On a retrouvé les cadavres mystérieusement carbonisés alors que leurs vêtements étaient encore parfaitement intacts.

Phenderson Djèlí Clark avait déjà amorcé la description de cet univers « parallèle » dans deux novellas précédemment publiées chez le même éditeur (L'Atalante) : L'Étrange affaire du djinn du Caire (dans le livre intitulé Les tambours du dieu noir) et le Mystère du tramway hanté. On y avait découvert une Égypte du début du XXe siècle identique à celle que nous connaissons actuellement, à une nuance près : les êtres magiques et surnaturels évoqués dans les contes tels que Les Mille et une Nuits existent bel et bien. Et ils se sont intégrés à la vie des humains. A même été créée une brigade d'agents formés pour repérer et gérer tous les problèmes d'origine surnaturelle : le ministère de l'Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles. Titre pompeux s'il en est. Tout comme le bâtiment qui l'abrite, dominé qu'il est par une machine phénoménale, sorte de cerveau mécanique (ce doit être lui qui est représenté sur la superbe couverture de Stephan Martinière).
Mais cet édifice n'est pas le seul à prendre vie dans les pages de ce roman, c'est toute la ville qui acquiert une densité exceptionnelle sous la plume de Phenderson Djèlí Clark. Les ruelles, les boutiques, les quartiers : on s'y croirait. La ville grouille sous nos yeux et nos oreilles de vie, de bruissements, de cris. Les personnages convoqués par l'auteur sont d'une justesse totale et se fondent parfaitement dans le décor. L'écrivain sait utiliser de petites touches visuelles ou de caractère pour rapidement créer une silhouette. On a compris à qui on a affaire sans longue description. On sait quoi attendre du personnage sans que l'action ne ralentisse. Et ces touches ne manquent pas de saveur ni, surtout, de couleur.

À l'image des tenues de l'héroïne de ce roman, que nous avons découverte dans L'Étrange affaire du djinn du Caire, l'agente Fatma. On ne peut pas la rater tant elle met de soin dans le choix de ses vêtements. Pas de provocation, juste un goût pour ce qui est beau. Selon elle, bien sûr. Un exemple : « un complet trois pièces vert forêt strié de fines rayures magenta. Elle l'avait assorti d'une cravate fuchsia marbrée de pourpre et d'une délicate chemise blanche ». Je dois avouer que j'aimerais bien voir cela en vrai devant moi, pour savoir si cela claque autant que les mots le suggèrent. Ce n'est qu'une des tenues dont Fatma enrichit les pages. C'est une des particularités de cette agente au caractère bien trempé, mais qui reste humaine. Ce qui n'est pas toujours facile quand on côtoie des créatures surnaturelles rusées, voire retorses. Les djinns respectent les serments faits au mot près. Il vaut donc mieux bien réfléchir à ce que l'on promet. Sinon, la prise de conscience de l'erreur commise sera brutale et souvent extrêmement désagréable. Voire mortelle.
Mais revenons à Fatma : toute l'histoire repose sur elle. L'agente va devoir se montrer opiniâtre et user de son courage et de sa perspicacité pour découvrir les tenants et les aboutissants de ce complot aux proportions dantesques. Mais elle va également devoir faire appel à ses connaissances, dont sa maîtresse, l'omniprésente Siti. Siti, à la force et à l'agilité surprenantes, aux contacts multiples et à la présence si apaisante. Ou Hadia, nouvelle agente qui, comme toute femme dans cette société qui a du mal à se débarrasser de ses clichés sexistes, doit faire sa place. Mais on comprend rapidement qu'elle y parviendra, solide et têtue comme elle est. On peut également se réjouir du retour d'Hamed et Onsi, les deux principaux personnages du Mystère du tramway hanté.

Le décor et les personnages ne sont pas la seule réussite de ce roman (le premier de l'auteur comme il le rappelle dans ses remerciements enthousiastes) : l'histoire est formidablement bien menée et conduit du début à la fin du récit, sans temps mort. Les rebondissements sont nombreux. L'identité du « méchant », même si elle n'est pas introuvable, reste obscure suffisamment longtemps pour ménager le suspens. Et les multiples à-cotés enrichissent considérablement la trame centrale, sans que cela semble du remplissage. Phenderson Djèlí Clark nous promène entre les différentes strates de la ville et de ses habitants, magiques ou non, au gré des réflexions de l'enquêtrice qui tente de comprendre qui est à l'origine du meurtre atroce qui ouvre le roman. Puis, des raisons de ce massacre. Et, pour assaisonner le tout, de nombreuses scènes d'action bien réglées, spectaculaires et claires, parsèment le récit. Il n'y a pas à dire, quand la magie s'en mêle, c'est tout de suite plus explosif. Et les protagonistes donnent de leur personne ! La ville du Caire s'en serait sans doute bien passée, vu les dégâts qu'elle finira par subir lors de ce récit.

On peut profiter encore plus de ce roman avec la version collector : L'Atalante a mis les petits plats dans les grands pour la sortie de ce récit, avec couverture cartonnée, impression des gardes et fer à dorer. Un bel objet, vraiment. Et qui ne coûte que 2 euros de plus que la version classique (qui, elle, en comparaison, paraît un peu chère) : entre les deux, pas d'hésitation possible !

Passer du format novella au format roman n'était pas évident. Un pari risqué que Phenderson Djèlí Clark a brillamment réussi. La lecture du Maître des djinns est addictive et nous transporte au coeur d'une Égypte pleine de vie et de magie, avec une Fatma rayonnante dont on prend plaisir à suivre l'enquête et à admirer les tenues.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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C'est un plaisir de replonger dans cette égypte un peu steampunk où humains et Djinns cohabitent ! Je retrouve ici l'agente Fatma mais aussi Siti et Hamed qui étaient les héros des nouvelles précédentes.
Dans cette nouvelle aventure, Fatma est confronté à un meurtrier de masse qui se présente comme al Jazid, celui qui a ouvert la porte entre les mondes des humains et des djinns. Un adversaire qui semble presque invincible ! de quoi nous tenir en haleine...et malgré quelques longueurs, c'est un récit prenant et fascinant. Un monde complexe ( des djinns, des complots, des Anges...), pleins de secrets avec des agents attachants. J'ai hâte de les revoir !
Challenge Mauvais genres 2023
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Remarqué en France grâce à la publication de plusieurs de ses novellas l'an dernier (« Les tambours du dieu noir » et « Ring shout – Cantique rituel », notamment), Phenderson Djeli Clark signe ici son premier roman et nous replonge dans l'univers de deux de ses autres textes : « L'étrange affaire du djinn du Caire » et « Le mystère du tramway hanté ». Retour donc dans une Égypte du début du XXe siècle uchronique, propulsée au rang de grande puissance mondiale suite à l'ouverture d'une porte laissant entrer la magie et les djinns dans notre monde. Rivalisant désormais avec les grandes nations du Vieux Continent, qui ont, elles, tendance à péricliter, le pays a acquis une certaine stabilité et occupe un rôle central sur la scène internationale. Une stabilité sur le point de voler en éclat avec l'arrivée en ville d'un perturbateur prétendant être Al-Jahiz en personne, le fameux mystique qui est parvenu a ouvrir une porte entre notre monde et celui des djinns cinquante ans plus tôt, et qui n'a pas reparu depuis. le Ministère de l'Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles, lui, penche plutôt sur la piste de l'imposteur, d'autant que le prétendu mystique n'a pas fait dans la dentelle pour annoncer son retour, puisqu'il s'est rendu coupable de l'assassinat d'une vingtaine de personnes, tous membres d'une société secrète se revendiquant justement… d'Al-Jahiz. C'est à Fatma, héroïne de « L'étrange affaire du djinn du Caire », qu'est confiée la délicate mission de démasquer l'imposteur et de cerner ses intentions avant que le chaos ne s'empare définitivement de la ville. Son enquête se révélera toutefois bien plus complexe que prévu, son adversaire disposant de capacités extraordinaires à même de semer le doute dans l'esprit de nombreux Cairotes. Et les enjeux ne cessent de grimper ! Car si l'objectif est dans un premier temps de mettre la main sur un meurtrier et d'apaiser les tensions naissantes à l'encontre des cultes anciens, les interventions toutes plus spectaculaires les unes que les autres de l'imposteur vont très vite semer le chaos dans la capitale égyptienne. Or, entre l'organisation d'une conférence pour la paix visant à prévenir l'apparition d'un conflit en Europe, l'aggravation des inégalités sociales et la présence d'une machinerie capable de changer le rapport de force entre les djinns et les hommes, celle-ci s'apparente de plus en plus à une poudrière.

L'intrigue de ce premier tome est assez classique et valide un certain nombre de passages obligés typiques de ce genre de récit : multiplication de fausses pistes, succession de rencontres avec des personnalités marquantes, faux coupable idéal, évolution du mobile…Le mélange polar/fantasy fonctionne bien, et rappelle d'autres oeuvres du même type, de la série « Garrett » de Glen Cook à celle de « Lasser, détective des dieux » de Sylvie Miller et Philippe Ward, oeuvre à laquelle on pense plus particulièrement ici puisque le cadre, à défaut du ton, est similaire. le contexte est le même que dans les précédentes novellas se déroulant au Caire mais en plus étoffé, puisqu'on a cette fois davantage d'échos de ce qui se passe sur les autres continents. En Europe, l'auteur a l'air de vouloir rester fidèle au contexte historique puisqu'on est, en 1912, tout prêt d'un conflit armé généralisé. On apprend, par contre, que la magie ne s'est pas arrêtée aux frontières de l'Égypte et que chaque pays a vu se réveiller un nombre variable de créatures issues de son propre folklore. En Orient, la situation est plus intéressante, puisque l'auteur mentionne un contexte géopolitique plus éloigné de celui de nos livres d'histoire, avec l'émergence de mouvements indépendantistes dans un Empire ottoman à deux doigts du délitement, une montée des nationalismes et des difficultés pour les puissances européennes de maintenir leur présence dans leurs colonies. du côté de l'Égypte, le pays est toujours traversé par des tensions et travaillé par des minorités critiques envers l'ordre établi et qui revendiquent de nouveaux droits. C'est le cas notamment des femmes (leur accès au droit de vote était d'ailleurs au coeur de la nouvelle « Le mystère du tramway hanté »), mais aussi, dans une moindre mesure, des djinns, des adeptes des cultes anciens (c'est-à-dire des divinités du panthéon égyptien antique), et même des classes populaires dans leur ensemble. Sans s'attarder plus longuement que nécessaire, l'auteur dresse le portrait d'une société tiraillée entre traditions et modernité et qui ne s'est pas encore totalement habituée aux changements apportés par l'intrusion du surnaturel dans son univers.

En ce qui concerne la magie évoquée ici, on est à nouveau dans quelque chose d'assez classique, même si l'inspiration égyptienne du bestiaire permet quelques originalités. L'auteur semble d'ailleurs prendre beaucoup de plaisir à jouer avec les stéréotypes propres au folklore oriental pour mieux les détourner et interroger nos représentations occidentales. On peut également signaler quelques belles trouvailles qui donnent lieu à des scènes impressionnantes et particulièrement immersives comme la visite de l'enquêtrice dans le sanctuaire des Anges ou celle de la bibliothèque du Ministère, gardée par un djinn bibliophile déroutant. Cette omniprésence des livres et des textes anciens est quelque chose qui perdure tout au long du roman, et c'est aussi ce qui lui donne une partie de son charme. L'auteur s'est en effet inspiré de nombreux écrits médiévaux ou de contes tirés du folklore égyptien pour construire son intrigue, et le résultat est, de ce point de vue, plutôt réussi. le récit souffre malgré tout de quelques lacunes, à commencer par un rythme erratique, des scènes d'action un peu confuses et trop longues et des rebondissements souvent trop prévisibles. Les personnages sont pour leur part plutôt réussis, même si, là encore, l'auteur réutilise un certain nombre de profils types : le policier bourru mais compétent, l'intello pataud mais brillant, la nouvelle recrue pleine de zèle... On retrouve avec plaisir certains personnages des précédentes novellas et, là encore, ce sont les femmes qui occupent le devant de la scène. L'occasion d'insister sur les discriminations dont elles sont victimes, mais aussi de prendre le contre-pied de ce genre de récit dans lequel les femmes sont souvent cantonnées à un rôle de subalterne. Fatma n'est ainsi pas la seule à se retrouver au coeur de l'action puisqu'elle est entourée de plusieurs coéquipières bien campées, qu'elles soient guerrière bas-ass ou enquêtrice minutieuse.

Phenderson Djeli Clark signe avec « Maitre des djinns » un premier roman solide qui mêle agréablement enquête policière et fantasy tout en continuant de mettre en avant des sujets de société liés au racisme, au sexisme ou à la colonisation. le contexte uchronique dans lequel se déroule l'histoire offre des perspectives passionnantes qui mériteraient d'être davantage exploitées. L'engagement féministe manifeste de l'auteur participe à l'intérêt que l'on trouve au récit qui, bien que ponctuellement plombé par des maladresses, n'en demeure pas moins réjouissant à suivre.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Un mélange très intéressant de steampunk et de fantasy orientale. .

Pour ceux qui l'ont dans leur PAL et n'ont pas encore lu L'étrange affaire du Djinn du Caire du même auteur, je leur recommande de commencer par ce titre qui, de surcroît, est un format nouvelle et se lit plutôt vite. La raison est la suivante : les événements de ce roman font référence très souvent à cette nouvelle. Il y a un élément de l'histoire qui vient de cette nouvelle et qui est même central. Pour ce qui est de l'autre nouvelle, celle du Tramway hanté, on peut lire ce titre sans l'avoir lue au préalable.

Dans Maître des Djinns, on retrouve Fatma, toujours aussi compétente et originale à sa manière. Arborant des costumes d'hommes occidentaux dans une société égyptienne d'un XXe s alternatif, elle détonne, incarnant à sa manière les balbutiements du féminisme du XXe s . C'est un protagoniste auquel on s'attache sans trop de difficultés, séduits par ses valeurs et son désir d'échapper à ce carcan sociétal qui place la femme en position d'infériorité. Côté protagonistes, on retrouve beaucoup de personnages secondaires rencontrés dans les nouvelles, à commencer par la fameuse Siti, mais aussi Hamed et Onsi. On découvre Hadia. L'auteur façonne des personnalités très différentes à ses protagonistes féminins, mais on y trouve un point commun : une remise en question de la condition féminine du début XXe s.

Ce récit est une uchronie : l'Egypte du XIXe s s'est libérée du joug britannique grâce à la réapparition dans notre monde de Djinns. Elle est ainsi devenue une puissance industrielle, capable de rivaliser avec les grandes puissances européennes. Tout en étant dans une société alternative, on retrouve les éléments de ce XXe s : aux débuts du féminisme déjà abordé, s'ajoutent la dénonciation du colonialisme et l'imminence d'un conflit entre puissances européennes, la question ottomane. L'auteur se saisit de ce contexte et le met en arrière toile de son récit avec une grande dextérité.

La présence des Djinns, l'immersion au Caire donne au récit une note de fantasy orientale. Pour ma part, c'est ma première immersion avec cet auteur. J'avoue apprécier. On change les codes de notre fantasy médiévale historique. Je retenterai l'expérience sans hésitation, d'autant que j'ai une trilogie parfaite qui me fait de l'oeil pour ça!
En revanche, j'ai été un peu perdue entre les différents termes et j'avoue qu'un glossaire ne serait pas du luxe!

Pour l'action, j'avoue par contre avoir été moins séduite que dans les nouvelles. J'ai apprécié le synopsis en général mais j'ai trouvé quelques longueurs au milieu du récit, nous donnant l'impression d'une enquête qui s'enlise, et une fin un peu à rebours. Je craignais même que Fatma ne soit au final qu'un simple témoin... En dépit de ces quelques bémols, si l'auteur décide de placer de nouveaux récits dans cet univers, que ce soit des nouvelles ou des romans, je suis preneuse!


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Le Caire. Année 1912.
Fatma, 25 ans, Agente du Ministère Egyptien de l'Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles est appelée au domaine de Worthington, un palais digne des contes des mille et une nuit, dans lequel 24 victimes d'un criminel ont péri, brûlées vives. Accompagnée de sa nouvelle partenaire, Hadia, de son chat Ramsès et de son amante Siti, elle va mener l'enquête pour tenter de découvrir l'identité de l'assassin. Ses premières découvertes la mènent vers un mystérieux individu qui prétend être Al-Jahiz, l'homme qui a ouvert la porte du monde des Djinns et transformé le Caire en première puissance économique et mondiale.

Maître des Djinns est une uchronie mêlant habilement intrigues policières, aventures et technologie steampunk.
L'auteur nous entraînent à travers les rues d'un Caire devenu première puissance économique mondiale grâce à la magie des Djinns revenus dans notre monde.
Ses descriptions des rues animées et colorées rendent le récit très réaliste et immersif. La magie, la technologie et les surprises apparaissent à chaque coin de rue, au coeur des palais ou dans le labyrinthe des souks.
Les turpitudes de Fatma sont rythmées et pleines de divertissants rebondissements.
De nombreuses références au panthéon égyptien sont évoquées et l'auteur développe également sa propre mythologie qu'il avait déjà initiée dans « Le Mystère du Tramway Hanté ».
Une aventure qui offre un bon divertissement pour tout type de lecteurs.
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Le maître des djinns est le premier roman de l'auteur. Il se place après les événements de sa novella « L'étrange affaire du Djinn du Caire » dont je recommande chaudement la lecture avant.

Le roman est paru aux éditions l'Atalante en ce début d'année, dans un très bel écrin.

Le Caire, 1912. Fatma el-Sha'arawi est une agente du ministère de l'Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles (j'adorerais travailler pour un ministère comme ça). Fatma est une enquêtrice, et ici, elle va avoir du boulot. car ce sont plusieurs personnes qui sont retrouvées assassinées, toutes membre de la fraternité d'al-Jahiz. Al-Jahiz, ce mystique à qui l'on doit la présence des Djinns et de la magie en Egypte depuis 50 ans. Celui qui a ouvert la porte. Quelle surprise quand il se dit de retour et qu'il proclame haut et fort qu'il est l'assassin !
Fatma doute, mais face à ce mystérieux terroriste doté de pouvoirs surnaturels, le doute est permis. La ville sombre dans un chaos sans nom…

Quel plaisir de retrouver Fatma et le Caire dans cet univers steampunk et mécanique !
C'est beau, coloré, parfumé, oral… tout est une affaire de sens dans ce roman. La traduction de Mathilde Montier est encore une fois remarquable.


J'ai aimé parcourir la ville du Caire entre folklore, contes fondateurs de la culture arabe, magie… Un cocktail qui s'allie parfaitement bien à une uchronie nous plongeant dans une ville mixte, féministe et avant-gardiste. Les personnages magiques côtoient les personnages mécaniques…
Je vous invite fortement à vous plonger dans cet univers palpitant, peuplé de djinns, d'efrits, d'anges, d'automates…
Un univers superbe qui revisite la légende du sceau de Salomon et offre des petits clins d'oeil sympathiques à des références littéraires bien connues et détournées.

Fatma est le personnage qui porte le roman; elle est magnétique, fort, têtue. Je l'aime bien. Autour d'elle gravite toute une tripotée de personnages autant savoureux. Il y a dans ce roman une liberté, une tolérance qui sont un véritable courant d'air frais dans le paysage littéraire.

Mon seul regret réside dans l'enquête, assez classique dans sa structure. Rien de nouveau sous le soleil, des méchants qu'on devine de suite, des péripéties bien dosées au bon moment, c'est certes bien huilé mais pas innovant. En cela le roman ne révolutionne pas le genre, mais après tout, pourquoi forcément changer une recette qui fonctionne bien ?

J'ai pris malgré tout plaisir à me plonger dans ce roman, et j'en redemanderais bien encore !
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/p..
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J'espérais dévorer ce livre: plume fluide, contexte super original, de l'action, de la magie et pas mal de péripéties. Malheureusement, il m'a fallu un temps fou pour le terminer, la faute non pas au roman, qui était très prenant, voire palpitant, mais à des circonstances extérieures. A croire que le monde entier s'était ligué pour m'empêcher de lire!

Ma lecture a beaucoup pâti de ces constantes interruptions, j'ai souvent été obligée de m'arrêter au milieu de l'action, puis de revenir un peu en arrière pour raccrocher les wagons, du coup j'ai refermé ce livre avec un sentiment de frustration que le livre ne méritait pas, même s'il y avait quelques longueurs. Longueurs qui s'expliquent par le fait que l'auteur est passé du format nouvelle/novella au format roman, d'une centaine de pages à presque 500.

Avec ce nouveau format, P. Djèli Clark peut prendre le temps de développer un univers très riche et de donner beaucoup de détails, notamment sur les différentes créatures qui le peuplent: multiples races de djinns, anges, divinités, etc. On en apprend également davantage sur l'aspect uchronique, avec une description plus approfondie de la situation de l'Egypte et des questions géopolitiques qui forment la toile de fond de l'intrigue.

Le récit se concentre sur l'enquête magique menée par Fatma et ses comparses, les relations entre les personnages tenant une place importante dans son avancée. C'est bien ficelé, bien mené, avec beaucoup d'action et de rebondissements. Il m'a semblé assez simple de comprendre le fin mot de l'histoire, mais ça ne nuit pas à la qualité d'une aventure qui reste palpitante jusqu'au bout.

Comme avec les précédents tomes, on aborde des questions plus sérieuses sous couvert de distraire les lecteur-ice-s: condition des femmes, tensions interraciales, intolérance religieuse, questions de genre et d'orientation sexuelle, etc. le contexte du folklore et des légendes moyen-orientaux m'est suffisamment peu connu pour que l'ensemble de l'intrigue me semble inédit. le livre m'a donné envie d'en découvrir plus.

Une très bonne lecture, même si je ne l'ai pas faite dans les meilleures conditions. Je recommande très vivement cette série si vous ne l'avez pas encore lue 🙂
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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