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Critique de ladesiderienne


Les talents de conteur de Bernard Clavel s'expriment pleinement à travers cette saga "Le Royaume du Nord dont "Maudits sauvages" est le dernier tome. Il y met en scène les Wabamahigans, une tribu amérindienne occupant les territoires autour de la baie James dans le nord canadien. Dans ces terres reculées, ils y vivaient en paix, à peine impactés par la civilisation des Blancs, jusqu'à ce que, en ce début des années 70, un projet de barrage hydroélectrique ne voit le jour sur la Sipawaban, la rivière qui rythme leur existence. Leur lieu de vie, terrain de chasse et de pêche, allant disparaitre sous les eaux, ils sont donc "invités" à le quitter pour rejoindre une réserve.
Voilà comment apparaissent les premières dissensions entre les différentes générations de la tribu. Il y a ceux qui sont prêts à céder aux promesses de relogement et de confort proposées par les Blancs, il y a ceux qui comptent sur la justice pour leur donner raison et il y a les anciens qui, sous la houlette du vieux chef Mestakoshi, refusent d'abandonner le lieu où reposent leurs ancêtres et qui organisent une résistance passive : le pot de terre contre le pot de fer... Si j'avais dû situer ce roman sur une échelle temporelle, je me serais trompée d'un ou deux siècles. Jamais je n'aurais imaginé que l'histoire inspirée de faits réels puisse se dérouler entre les années 70 et 80, je pensais que l'expropriation des Indiens était bien plus ancienne.

Plus je redécouvre Bernard Clavel, plus je tombe sous le charme de son écriture. Chacun des romans de cette saga est une exhortation pour l'homme à vivre en harmonie avec la nature, un discours avant-gardiste en quelque sorte. J'ai trouvé la construction de ce livre magistrale. Certains chapitres sont consacrés à l'intrigue proprement dite, d'autres relatent les pensées du chef indien traditionaliste et traduisent le lien très fort qu'ils entretiennent avec la Terre et avec leurs ancêtres et enfin, d'autres rapportent des coupures de presse, des récits ou des courriers écrits par des Blancs où le lecteur découvre les a-priori portés sur ceux qu'on appelle les sauvages. La fin de ce peuple sous la pression du monde qui se dit "civilisé" et des intérêts mercantiles est poignante. Je garde en moi l'image de ce vieux chef qui choisit de se laisser mourir dans son wigwam ancestral alors que ses descendants se sont déjà convertis à la société de pacotille promise par les envahisseurs.

Une écriture moderne et puissante au service de la nature et de l'être humain, qui fait de ce roman un coup de coeur auquel j'accorde un 20/20.

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