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Citations sur Le Royaume du Nord, tome 6 : Maudits sauvages (35)

Nous sommes ici pour attendre l’heure où le Grand Esprit viendra nous chercher. Mon seul souci à moi, chef Mestakoshi, c’est de savoir ce qu’il adviendra du dernier d’entre nous. Qui donc saura que son âme vient de quitter son enveloppe de chair ? Qui donc viendra, pendant que son corps sera encore tiède et souple, le serrer dans les courroies de cuir de manière que son menton repose sur ses genoux ? Qui fera en sorte qu’il entre dans le ventre de sa mère la terre tel qu’il était avant son éveil dans le ventre de sa mère la femme de son père ? Qui l’enveloppera de la plus belle peau d’orignal ? Qui creusera le trou rond où ses os dormiront pour l’éternité ? Qui fermera le trou après y avoir mis ce dont il a besoin pour le grand voyage ?
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J’ai été le premier des Wabamahigans à posséder un ski-doo. Le premier à acheter un moteur de bateau. Avec ça je me croyais un homme supérieur aux autres. J’étais fier. Je me croyais plus fort.
Il marque un temps. On dirait soudain que les mots passent moins facilement sa gorge. Il contemple tout le monde avant de poursuivre :
J’ai eu tort. Les chiens ne boivent pas de pétrole. Ils ne tombent pas en panne. Dans la tempête, ils savent retrouver le chemin du village. Les pagaies sont moins lourdes qu’un moteur.
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Vous avez oublié que tout traité conclu avec les blancs est fait pour être piétiné.
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Tu seras la propriété de la terre comme les os de ton père et du père de ton père. Les os de tous tes ancêtres sont enfouis dans la terre où ils vivent la mort qui est une autre vie.
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Quatre jours passent encore après la fin de la bourrasque. Le froid a serré d'un coup. Il tient le Royaume du Nord sous sa griffe d'acier. Il est d'un bleu très pur avec des reflets presque émeraude, avec des aubes et des crépuscules de sang, avec de la cendre violette partout sur la taïga où le blanc ne domine pas. Dans les nuits, il serre encore plus fort. Il devient noir et argent. Même sa voix est métallique. Il est d'une terrible solidité et pourtant, tellement tendu, tellement effilé qu'on le croirait constamment prêt à se rompre.
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Depuis que l'école leur a enlevé leurs petits-enfants, les vieillards n'ont plus personne à qui enseigner le bois, les cours d'eau, le grand froid des hivers, la trappe, la chasse et la pêche, le passage des oiseaux, les vertus de certaines plantes qui guérissent les maux. Alors ils jouent aux dames, ils bavardent entre eux et continuent d'ausculter le fleuve.
Sipawaban annonce le temps. Il parle des saisons. Il dit si le printemps sera précoce ou l'hiver rigoureux. Il raconte ce qui se passe en amont, sur les terres de chasse et de trappe. Chaque frémissement de son eau est un signe. Chaque remous porte une nouvelle.
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Sans attendre ce temps, l’or et les dollars des États-Unis vont se déverser sur le pays. Bientôt, seront embauchés cent ou cent cinquante mille ingénieurs, employés et ouvriers de tous les corps de métiers. Fini le chômage. Finie la peur. La baie James ouvre une fenêtre de lumière sur une vaste espérance
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- Vous avez oublié que tout traité conclu avec les Blancs est fait pour être piétiné. Vous avez oublié que, si vous commencez à discuter, vous êtes perdus. On fera mille promesses qui ne seront pas tenues et, en échange, on vous demandera telle ou telle chose qui en entraînera d'autres. Vous avez oublié que le canoë qui descend un rapide doit éviter de s'approcher des remous dangereux. S'il va les voir de près, il est perdu... on ne discute pas avec les Blancs, on dit non.
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L’homme blanc qui ne détient pas la sagesse vide notre terre de cette vie qui lui vient du fond des âges et que rien ne saurait remplacer. Ivre de richesses, il s’enfonce tout vivant dans le sein de la terre pour lui prendre son or. En fouillant ainsi dans la nuit, ce sont les os des ancêtres qu’il dérange et meurtrit.
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Nos pères nous ont raconté l'histoire du chef des Wabamahigans d'il y a bien longtemps.
Alors que les Blancs descendus de leur bateau voulaient chasser son peuple pour s'établir à sa place, le chef est tombé à genoux devant eux. De ses doigts crispés il a arraché une poignée de terre qu'il a embrassée puis serrée contre sa poitrine en disant : " Nous vous offrirons tout ce que nous possédons et qui peut s'emporter, mais jamais nous ne vous céderons un pouce de notre terre." Ces paroles sont en nous comme le chant du vent dans les arbres, comme le grondement des chutes d'eau, comme le craquement des glaces sur les rivières quand revient le printemps. Ces mots sont en nous comme le roulement sourd du galop des caribous en migration. Comme le hurlement du Loup Blanc qui a conduit jusqu'ici Tiska la mère de notre peuple. Le Loup Blanc : Wabamahigan.
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