Une chasse menée à bien exigeait de la patience.
On ne pouvait écarter l’hypothèse d’un attentat terroriste. Elle l’avait entendu murmurer parmi les badauds et dans la bouche d’un journaliste qu’elle avait dû contourner pour atteindre la barrière. De même qu’elle ne comptait plus les regards suspicieux lancés dans sa direction, d’autant qu’elle était la seule Arabe de la rue. Elle était certes aguerrie au terrorisme, mais pas de la manière dont ces gens-là le supposaient. Mais peut-être Safia se méprenait-elle sur les réactions autour d’elle, une forme de paranoïa, d’hyperanxiété, suivait souvent ses crises de panique.
Elle n’avait pas dû entendre l’explosion... Mais la foudre ne pouvait pas être la cause d’un tel désastre.
Cela évoquait davantage l’œuvre d’une bombe… un attentat terroriste. Non, pas à nouveau…
Elle sentit ses jambes flageoler. L’aile nord… la sienne.
Elle savait que cette brèche fumante menait à la galerie du fond. Tout son travail, toute une vie de recherches, la collection, un millier d’antiquités en provenance de sa patrie. C’était inconcevable. L’incrédulité rendait la scène d’autant plus surréaliste, tel un cauchemar dont elle s’éveillerait d’un instant à l’autre.