Moi et les autres

Moi et les autres, d'Amanda Cley et Cecilia Ferri, c'est au premier regard un trait de crayon, fin, délicat, précis, un peu estompé mais juste ce qu'il faut.
Juste ce qu'il faut pour laisser place au texte, lui aussi fin, délicat, dépouillé et sobre.

En quelques pages, et quelques pages seulement, le lecteur, tout jeune ou plus, est invité à réfléchir sur le concept d'identité propre, sur le fait d'appartenir à un groupe et/ou de se singulariser. Une question illustrée et déclinée sur le célèbre constat de Hobbes « l'homme est un loup pour l'homme ».
Il n'est point question de guerre et de lutte mais plutôt de conformisme et de différence. Est-il possible de s'affranchir des dogmes d'un groupe ? Souhaitable ? Est-ce sans danger d'être soi-même et de l'assumer ?

J'utilise des mots bien lourds de sens et sérieux pour illustrer ce petit livre qui n'est rien de tout ça. Il n'est que bienveillance et douceur, la considération de ce que peuvent éprouver des enfants dans certaines situations subies pour leur montrer qu'il y a moyen de les surmonter.

Voilà que je recommence ! Ce livre est exactement ce genre d'ouvrage dont les enfants parleraient bien mieux que les adultes ;)

Merci beaucoup à Babelio et la maison d'édition PassePartout de m'avoir envoyé ce superbe l'album dans le cadre de l'opération Masse Critique.

La littérature jeunesse a ça de fantastique qu'elle permet d'aborder tous les thèmes avec les enfants de manière à les décomplexer et désamorcer en suscitant discussions et débats. Totalement d'actualité : Moi et les autres est ainsi une fort belle lecture sur le besoin de penser par soi-même sans forcément suivre le groupe. Les adultes aussi pourrait le lire et en tirer une leçon.

Derrière ce petit album court et concis, au texte réduit mais ô combien évocateur, nous avons Amanda Cley dont c'est ici le premier album, bravo à elle ! Elle commence avec des thèmes puissants et universels. A ses côtés, vous reconnaîtrez peut-être le trait tout en douceur de Cecilia Ferri qu'on avait eu le plaisir de croiser dans C'est maintenant ou jamais aux côtés de Davide Cali où elle croquait des retraités avides de liberté. Elle revient avec la même émotion pour évoquer la maturité et la découverte de soi.

J'ai beaucoup aimé lire cet album à une période où j'ai trouvé qu'il faisait grandement écho à l'actualité tragique que nous vivons. Il y a bien trop d'adultes en ce moment qui ne réfléchissent pas à la situation et se contentent de suivre la pensée dominante parce qu'ils manquent de courage, ont peur ou n'ont pas appris à défendre leurs propres idées. Amanda et Cecilia font cette démarche. En prenant un héros qui se font dans la peau d'un loup, pour être un loup parmi les autres, elles reprennent avec poésie et philosophie la célèbre phrase : « L'homme est un loup pour l'homme ».

Cette histoire est une très belle et puissante fable pour décortiquer les mécanismes du groupe. Comment et pourquoi suit-on les autres ? Que risque-t-on à dire non, à s'imposer, à être différent ? Et que gagne-t-on également ? Ce petit garçon déguisé en loup qui suit les autres par peur est poignant. On sent sa détresse à travers les pages de cet album au petit format (17 x 24 cm), parfait pour être tenu en main et y plonger encore plus facilement quand on est jeune. La figure du loup, symbole par excellence du monstre du quotidien pour les enfants, file vraiment les chocottes, tant il est proche de nous et nous fixe, en impose par sa présence et son discours. Les autrices pèsent vraiment sur le lecteur dans leurs mots et figures, montrant la difficulté à sortir de cet engrenage. C'est poignant.

Les mots d'Amanda Cley sont vraiment forts : « Tu peux suivre les autres, même si cela veut dire perdre une partie de toi et aller jusqu'à ne plus te reconnaître. Ou alors accepter qui tu es. Choisir. Même si cela veut dire renoncer à tout ce que tu avais. » Ses mots ont tellement résonné en moi. J'ai trouvé l'album superbe. le propos fort et juste. La mise en scène originale et pertinente faisant écho aussi bien aux contes de notre enfance, à la philosophie d'Hobbes, qu'à l'actualité. S'affirmer, être soi dans un groupe, c'est vraiment un apprentissage, les autrices l'ont magnifiquement compris et nous le transmettent avec force et poésie.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..

90 mots ! Seul 90 mots pour aborder, traiter et décrier les dérives d'un thème au coeur de l'actualité : les effets pervers d'appartenance à un groupe déterminé et la capacité à pouvoir s'en détacher afin d'affirmer sa propre identité.

Amanda Cley, l'autrice italienne de « Moi et les autres », traduite ici en français par Florence Camporesi, pose des mots simples, précis, efficaces, compréhensibles et accessibles à tous.

Il est vrai que ressembler aux autres, se fondre dans la masse, se conformer aux idées du groupe… peut sembler rassurant, car ce phénomène de mimétisme donne une fonction, il permet de nouer des relations, il assure une forme de protection. Mais à quel prix ?

Alors, au-delà des mots, c'est la force des illustrations qui va créer la réflexion.
L'illustratrice, Cecilia Ferri démontre l'ambiguïté et les enjeux liés au fait de se conformer à un type d'individus et, en s'affranchissant de ce groupe, le pouvoir intérieur libérateur qui permet de revendiquer son individualité.

Le personnage hautement symbolique choisi par l'auteure et l'illustratrice est le loup, et dans sa fonction de groupe, la meute, rappelant inévitablement que « L'homme est un loup pour l'homme ». Ces petits (et grands) loups effraient et nous terrifient par leurs yeux vides ou fermés.

Cependant, derrière ces déguisements de loups, on devine l'innocence et la candeur des petites « victimes » prises au piège.

Quelques 14 tableaux terriblement expressifs nous plongent dans un maelström d'émotions qui forcent notre interprétation et notre jugement.

Très adroitement, l'auteure attire notre attention sur le fait que le choix de s'écarter du groupe n'est pas sans risque…

En conclusion, quel usage accorder à cet ouvrage ? Je suis perplexe. Certains l'utiliseront afin de faire une animation magistrale au sein d'une classe et provoquer des discussions. Peut-être. Mais l'effet escompté s'apparente parfois à un boomerang. Pour ma part, je laisserais venir les enfants qui sont simplement attirés par cet étrange livre et attendre patiemment que viennent les questions.

Le public cible, d'après les éditions Passepartout, vise des enfants dès l'âge de 10 ans.
Cela me semble tardif, je pense que cet album peut être abordé par des enfants nettement plus jeunes (le harcèlement scolaire et le phénomène de « bande » se manifestent très tôt à l'école).

Je terminerai enfin par deux petites notes négatives :
1) Pourquoi un format 17/24 qui ne rend pas honneur à l'illustratrice ?
2) Pourquoi la dernière illustration en troisième de couverture me laisse-t-elle cette impression tristoune, voire malaisante ? (Oui, je sais que ces mots ne sont pas français !)
Lien : https://memoiredeliseuse.odo..

la vie en meute des Loups est régie par une organisation très structurée. Chaque Loup a un place précise à jouer pour le bon fonctionnement du groupe. Cette société animale force l'admiration et le respect.

Le loup est une espèce sociale dont les populations sont structurées en groupes familiaux appelés meutes. Comme tous les groupes animaux, l'organisation des loups est en évolution constante.

Les Loups chassent en groupe. Chaque Loup a un rôle précis lors de la traque, de l'encerclement à la mise à mort de la proie. Cette coordination remarquable est possible grâce à une communication très élaborée. Les Loups utilisent le langage corporel, des expressions faciales, et surtout des hurlements pour se transmettre des informations et se positionner pendant la chasse.

Par le biais de masse critique de Babélio, je remercie de la maison d'édition PassePartout de m'avoir envoyé l'album « Moi et les autres » écrit par Amanda Cley. Illustré par Cecilia Ferri. je vous invite à découvrir la fiche d'accompagnement, très bien renseignée.

Le thème: faire partie d'un groupe.
Comme formatrice auprès du personnel évoluant avec les enfants et les adolescents, j'ai amené la discussion sur les difficultés rencontrées par ce public pour entrer et être accepté(e)s par les autres. Mais aussi, comment garder sa personnalité, son indépendance dans ses choix. Un groupe est vivant, dynamique et en pleine forme quand celui-ci n'écrase pas les singularités de chaque individu.

J'ai aimé l'approche synthétique de cet album et la magnificence du dessin et des couleurs.
Cependant, en tant que défenseuse des animaux, j'ai toujours beaucoup de mal quand l'humain met en scène les animaux pour gérer ses propres problèmes. le loup et la meute donnent une belle leçon de sociabilisation à l'homme qui n'a toujours pas compris que la société libérale crée les conditions pour que chacun devienne individualiste et compétiteur. Dans une société solidaire, proche du fonctionnement de la meute, chacun serait accepté pour ses spécificités.

Claudia
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