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3,47

sur 246 notes
Entre addiction et répulsion, ce roman m'a surprise et perturbée…
C'est vrai que j'ai été immédiatement intriguée et séduite par les premières pages, au style particulier, original et fluide puis rapidement le soufflé est retombé devant la vacuité des personnages avec une mention particulière pour Alex, cette anti héroïne complètement à la ramasse, 22 ans, perdue, immorale, opportuniste, pickpocket, addicte aux antalgiques, (entre autres) mi escorte mi junky, à laquelle on peine à trouver une raison de s'attacher car elle est si peu aimable…

L'intrigue de ce drôle de roman se situe à Long Island, dans une zone résidentielle plutôt chic et le moins qu'on puisse dire est que l'ambiance y est si lourde que je me demande à chaque page où cela va mener… Et alors que rien ne se profile pour booster la lecture, ni meurtre, ni drame, juste le déroulé des journées sans grand relief d'Alex, plaquée et mise à la porte par son "amant", je me surprends à avoir tout de même envie de connaître la suite. Pourtant ce qui attend le lecteur est un concentré de superficialité, de vide intersidéral, de mensonges et d'arnaques minables pour grappiller tantôt une bière, un sandwich, tantôt une entrée en club… Alex tue le temps. Elle n'a pas de projet. Seulement celui de retrouver une place auprès de son ex dans quelques jours quand il organisera une fête dans sa grande et luxueuse villa. Pathétique et triste.
Jusqu'à la dernière ligne, il ne se passe rien et on sort de cette lecture comme un astronaute qui a vu l'espace, en a mesuré l'infini, mais aussi le silence, l'absence de vie et de joie et n'a finalement plus qu'une envie, reprendre pied sur terre!

Emma Cline est une grande romancière … du vide. Et c'est sûrement un vrai tour de force ! Elle nous donne à voir une société américaine complètement hors sol, déconnectée, faite de superficialité, de faux semblants, de castes étanches les unes aux autres, de préjugés et d'hypocrisie où l'argent est le seul étalon de réussite et où se côtoient sans se voir yatchs et épaves. C'est un triste portrait de l'Amérique, étonnant, scotchant, bien écrit, un excellent répulsif en tout cas!
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J'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver Emma Cline, dont j'ai particulièrement aimé "The Girls" (2016), pour cet autre roman qui met également en scène une certaine jeunesse américaine en perdition à travers le personnage d'Alex. Alex a vingt-deux ans et souffre d'un orgelet récurent…et c'est à peu près tout ce qu'on sait d'elle de manière tangible et concrète tant elle maintient un voile de brume autour de sa vie et de son histoire. Ce qu'on ne tarde pas à comprendre, sans qu'elle ne l'admette jamais, c'est qu'elle fréquente des hommes riches qui subviennent à ses besoins et la couvrent de cadeaux luxueux.

C'est d'ailleurs la fin de l'une de ses aventures qui précipite cette histoire. S'engage alors un lent compte à rebours puisque six jours après avoir été mise à la porte, Alex prévoit un retour triomphal dans les bras de l'homme qui l'a repoussée. Après l'avoir vue remodeler son personnage pour lui plaire, en vain, nous la suivons dans ses errances de plage en gare alors qu'elle s'invente des amis pour nouer des relations factices et joue de ses charmes pour se mettre de jeunes hommes dans la poche…

J'ai apprécié le choix de l'autrice de ne pas brandir de grande revendication mais de simplement décrire une certaine Amérique blanche et riche qui évolue dans des palaces ornés d'oeuvres d'art au bord de l'océan et dans laquelle les mères entraînent leurs filles à devenir des « totems domestiques » (p. 147). D'Alex, il nous est dit qu'« elle avait l'habitude de s'effacer, de faire comme si les choses qui étaient en train de se produire n'étaient, en fait, pas en train de se produire » (p. 214), un destin tragique dont on ne peut détourner le regard tant elle s'enferme dans un fantasme qui vaut celui qu'elle donne aux hommes qui posent les yeux sur elle.
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On suit dans ce roman les errances d'une très jeune femme de 22 ans, pendant une petite semaine.
Rejetée par son dernier sugar daddy, elle se retrouve à la rue, mi escort, mi toxico, paumée, cleptomane, poursuivie par un dealer qu'elle a arnaqué et avec pour seul projet de revenir la semaine suivante lors d'une garden party.
Dérangeant, je n'ai ressenti aucune sympathie pour cette fille toxique et malsaine mais j'ai été touchée par ses errances.
Est elle victime ou manipulatrice ? Les deux. Elle sait choisir ses protecteurs, a l'instinct de survie pour manger et dormir confortablement mais elle est parfaitement incapable de prévoir quoi que ce soit et ne suit que son instinct a l'instant présent.
On sent que les gens le voient vite, elle dérange, personne n'est dupe, on s'en méfie, rejetée mais poursuivant sa logique en passant ses journées à la plage. On devine une enfance sordide, la drogue, la prostitution, le manque total de discernement du bien ou du mal.
Un beau roman triste qui pourrait très bien se passer ici.
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Alex, 22 ans, vit à Long Island chez Simon, un homme qui a le double de son âge, dans sa luxueuse villa. Elle profite de sa richesse et lui profite de sa jeunesse. Mais au cours d'un dîner chic, elle fait une gaffe et Simon la renvoie en ville, direction la gare et le train pour New York. Alex décide au dernier moment de rester dans le quartier résidentiel, sans argent ni logement.

Entre son ex qui la harcèle au téléphone et l'espoir de se remettre avec Simon dans quelques jours pour le Labor Day, Alex vit au jour le jour, dans un état second, s'anesthésiant aux antalgiques et à l'alcool. Squatteuse et opportuniste, elle est invitée nulle part, mais parvient quand même à se loger et à manger. Elle profite des gens qu'elle rencontre, en tout égoïsme. Elle a son jeune âge et ses charmes pour elle et n'hésite pas à proposer un peu de sexe contre de la nourriture, une baignade en piscine ou quelques médicaments volés dans la salle de bain.

C'est un roman d'atmosphère très étrange. Une errance flottante à travers la psyché embrumée de cette jeune fille paumée. le contraste est saisissant. Alex est démunie mais elle côtoie des milieux huppés, des intérieurs cossus et des paysages magnifiques. La chaleur et le soleil sont omniprésents, teintant de jaune poudré ses aventures.

Au fil des pages, on se demande si elle va échapper à son ex agressif et si Simon voudra bien d'elle. Un certain suspens naît mais retombe, peut-être à cause de quelques longueurs. Il ne faut pas attendre de rebondissement ni de résolution, on divague, on se laisse balader par Alex et ses mensonges et l'on vit cette vie de rêve par procuration, en réalisant vite que ces gens riches ne sont pas plus heureux qu'elle.

Le portrait grinçant d'une jeunesse dorée désabusée et de la classe bourgeoise américaine. On pense à Sofia Coppola ou à Bret Easton Ellis.

On retrouve l'écriture captivante et le talent de Emma Cline, c'est d'une justesse incroyable. J'ai préféré «The Girls» dans lequel on retrouve quelques thèmes  : la jeunesse, la marginalité et l'emprise.
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Le roman retrace la quête d'Alex sur la côte huppée de Long Island. Cette quête : trouver sa place dans le petit monde très aisé des propriétaires de villas luxueuses.
Elle a fui New York, criblée de dettes, rencontré un cinquantenaire fortuné qui lui a ouvert les portes de sa magnifique villa, la présentée à ses amis, lui offre une vie de plaisir et de farniente. Bien sûr, dans la journée elle est seule. Mais cela vaut vraiment la peine.
Par petites touches, l'autrice nous dévoile des pans de la vie d'Alex. Sa façon de se maquiller, sa faculté à décrypter les personnes en fonction de leurs attitudes et vêtements, renvoient à son passé d'escort girl.
Il y a deux mondes qui cohabitent sur cette île : les fortunés et les autres. C'est là une belle critique de cette société américaine que nous livre l'autrice.
Alex, sous l'effet d'antalgiques, et d'alcool, de drogues ou d'un cocktail des trois peut déraper. Cette fois elle perd tout, du jour au lendemain, et part dans une quête effrénée et totalement surréaliste de sécurité et peut-être d'amour, en utilisant sans état d'âme les personnes qu'elle rencontre. Seule compte sa survie. Un très beau livre sur le mal être et le regard de chacun sur l'autre.
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«Mmm », fit Alex, un bouche-trou suffisamment neutre, qui parut acceptable. C'était fou comme ils se satisfaisaient de peu. Les gens voulaient juste entendre leur propre voix, votre réaction n'était qu'une virgule qui ponctuait leur monologue."

On sait peu de choses sur Alex. 
22 ans, escort à New-York, ou du moins, on le devine. 
Elle passe l'été à Long Island avec Simon, 30 ans de plus qu'elle, riche à souhait.
Elle a fui la ville, sa colocation où elle n'était plus la bienvenue, et Dom qui la poursuit. 
Pour compléter le tableau, Alex a un souci d'addiction, elle prend des antidouleurs à haute dose.
Suite à un comportement qu'il juge inapproprié, Simon la vire de chez lui manu militari et plutôt que de rentrer en ville, elle décide d'attendre qu'il se calme et de (re)pointer le bout de son nez lors de la fête qu'il organise 7 jours plus tard en vue de le reconquérir.

«Alors, elle ferait son entrée. Elle irait droit vers Simon. Elle s'excuserait, elle l'apaiserait. Et ensuite ? Simon la reprendrait car il avait organisé ce jeu, chacun atteindrait son but, et tout irait bien.»

On va donc suivre ses déambulations pendant 6 jours, avec quelques vêtements, ses calmants, son téléphone défectueux et son instinct de survie. Alex n'a aucun scrupule, elle se sert aussi bien d'un enfant pour entrer dans un beach club, et profiter du bar sur le compte de ses parents, que d'un mineur enamouré aussi perdu qu'elle, pour trouver un endroit où squatter. Elle ment, elle vole, se sauve, mais fait toujours preuve d'une adaptation remarquable.

Évoluant dans ce milieu doré qui n'est pas le sien, Alex prend la forme qu'on attend d'elle, prête à tout pour être acceptée.
« Et c'était bon d'être quelqu'un d'autre. de croire, ne serait-ce qu'un instant, que l'histoire était différente.”

Il ne se passe pratiquement rien durant ces quelques jours, et pourtant, on reste captivé jusqu'à la fin, envoûté comme tout ceux qu'elle croise. Dans cette errance, les rapports humains sont aussi laids que le décor est beau, c'en est fascinant. L'invitée ne sera jamais à sa place, et incarnera toute l'impossibilité de passer d'un monde à un autre.
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Parce que j'avais beaucoup aimé The Girls, j'ai lu L'invitée.
Pour le titre j'hésite entre ironique ou grinçant : ça aurait pu s'appeler La Squatteuse, ça aurait été plus juste, ou L'Errance...

Alex , c'est une call girl de 22 ans, quand on fait sa connaissance, elle est avec un homme de deux fois son âge, à Long Island où Simon posséde une maison, et un bureau, dans lequel il passe ses journées,( il faut bien gagner l'argent qui sert à obtenir tout ça...). Il croit qu'elle est étudiante. Entre la piscine, la plage , Alex s'occupe comme elle peut. Ce n'est pas vraiment la plus sereine des filles, entre son orgelet qui agit comme un problème lancinant, entre un certain Dom, un ancien mec ou client, qui la menace, on saisit très vite que cette fille n'est pas une belle personne. Au cours d'une soirée, elle ne se comporte pas comme Simon, le voudrait et elle est congédiée. Là, elle se rend compte de ce qu'elle a perdu (un moyen de subsistance) et elle fera tout pour les récupérer, à savoir patienter six jours, jusqu'à la fête qu'il organise où , c'est sûr, Simon la reprendra !
Et le lecteur de suivre cette errance, ses squattages, sa débrouillardise pour trouver de quoi survivre.
Et le lecteur d'être précipitée dans ce tunnel lancinant et tortueux, et de se demander quand et comment elle va en sortir, tellement, elle "craint", tellement, elle ment, vole, triche, exploite toux ceux qu'elle approche. Il faut lui reconnaître une certaine débrouillardise, mais à quel prix ? Son orgelet est là qui la nargue comme un retour de karma, comme une somatisation, rapport à ses choix de vies que son corps (à défaut de sa conscience) désapprouve...
Dom va t'il la retrouver ? Simon la reprendra-t-il ? Et bien, la fin est opaque, - je l'ai relue trois fois ! - Elle est floue, au lecteur d'imaginer la suite et si parfois ce choix de l'auteur est pertinent, là , j'ai trouvé qu'elle bottait en touche. J'ai un embryon d'idée mais aucune certitude...
C'est le point faible de ce roman si particulier, si grinçant. Aucun personnage n'est sympathique, et si certains le sont, comme on les voit avec les yeux embrumés d'Alex qui ne voit en eux que des proies, des "choses" qui peuvent lui permettre d'obtenir d'autres choses.
Ce roman est glauque, alors qu'on est au paradis : plages, soleil, grandes maisons, piscines, opulence... Oui, mais Alex ne posséde rien de tout cela, et nous on est dans la tête d'Alex à se faire du souci pour elle, à la regarder enchainer les mauvaises décisions, prendre les gens pour des pigeons.
Alex, nest pas une belle personne aussi je ne vous recommanderai pas de l'inviter chez vous. C'est vous qui voyez ce que vous pouvez endurer .
L'ambiance, littérairement parlant, est intéressante.
Votre clef est sous le pot de fleurs à l'entrée ? Planquez vos sous et vos médocs, je vous aurai prévenus !
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Alex passe son été à Long Island chez Simon mais lors d'un dîner, elle fait un faux pas et celui-ci la congédie. Deux possibilités s'offrent à elle: soit elle retourne à New-York soit elle attend la grande fête qu'il organise pour le Labor Day dans six jours. Elle choisit d'attendre, peut-être que dans six jours, Simon lui aura pardonné…
Un roman envoûtant qui plonge le lecteur dans un autre monde, un milieu régi par des codes immuables où il est difficile de trouver sa place. Alex est une jeune femme attachante, libre et désinvolte que vous aurez bien du mal à quitter!
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L'invitée, c'est Alex, jeune prostituée qui vient de se faire larguer par le mec du moment. Seule dans une ville hostile, elle va montrer de grands talents de squatteuse, mais aussi lutter âprement contre l'accablement et la solitude.
Alors qu'il ne se passe pas grand chose d'autre que l'errance et la solitude, ce roman se lit presque d'une traite, avec avidité et plaisir.
C'est extrêmement bien écrit, très fin, très dur aussi, mais cela confirme mon coup de coeur pour l'autrice de The Girls, roman inoubliable.
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Alex, jeune femme de vingt deux ans, passe ses vacances à Long Island avec son compagnon fortuné Simon, la cinquantaine. Call girl déjà sur le retour, elle sait qu'il est sa dernière chance, d'autant qu'elle est poursuivie par son ex, Dom, qui ne cesse de lui téléphoner. Bien que prenant soin de gommer tout trait de personnalité qui pourrait déplaire à son compagnon, elle commet une bourde lors d'un diner et Simon la fait raccompagner au train. Au dernier moment, elle décide de rester quelques jours pour retrouver Simon à sa fête du Labor Day. Mais comment survivre sans ressources ni téléphone dans la région la plus chère des États-Unis avec un ex de plus en plus pressant…
Roman extrêmement intelligent et prenant, d'une grande finesse et d'une incroyable impudeur.
Je sais que je ne suis pas claire mais je développe: Alex est un personnage fort et très très fragile: elle débarque à New York pour construire une vie alors qu'elle n'a qu'une seule carte dans son jeu: elle est jeune. Et cette carte, elle va la jouer à fond, sans faux semblants, sans mensonges, sans hypocrisie. Elle devient call girl, elle vole quand la roue tourne, s'enfuit dès qu'elle a des dettes, et quand elle perd Simon - sa dernière chance - elle n'hésite pas à provoquer le destin, à rester quite à rentrer dans les clubs fermés, draguer les mineurs, et reprendre tout à zéro à chaque fois que son plan foire. Alex est vraiment un personnage incroyable.
J'ai aussi adoré la dernière page, que je ne vous divulguerai pas donc, mais qui est superbe et géniale à la fois.
Merci à l'ami qui me l'a offert (et à qui j'en avais parlé après avoir entendu l'alléchante critique de Nicolas Demorand).
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