Merci aux éditions Glénat et à Babelio pour la découverte de cette belle bd, issue de la collection Explora, collection consacrée à la découverte des grands explorateurs.
Bien sur, de prime abord, on aurait tendance à voir
Rimbaud avant tout comme un poète, mais ce serait oublier que l'homme eut toute sa (courte) vie la bougeotte, cherchant sans cesse un ailleurs fantasmé, apaisant, qu'il ne trouva jamais. Ce récit, qui est bien une fiction, s'inspire néanmoins de faits réels. le scénario est signé
Philippe Thirault, les dessins sont de Tomas Verguet et les couleurs de Céline Labriet.
L'histoire débute par l'évocation des derniers jours de
Rimbaud, à Marseille, en 1891. Il est atteint de synovite, a déjà été amputé d'une jambe et se montre de plus en plus délirant. Sa soeur le veillera jusqu'à la fin. Puis elle prend connaissance du testament de son frère, qui souhaite léguer une somme d'argent à Djami Wadaï, son fidèle domestique, qu'il connut lors de son périple en Abyssinie. de plus, la soeur du poète, qui n'écrivit finalement que quatre ans, cherche à rapatrier les poèmes qu'il aurait pu rédiger, durant son errance africaine. Un homme de confiance est donc envoyer sur place...
Son enquête est le prétexte pour retracer le parcours de
Rimbaud en Abyssinie, et brosser le portrait d'un homme qui se rêvait en explorateur, en découvreur de monde, mais qui cherchait également à faire fortune, via diverses entreprises commerciales hasardeuses. Les dessins et couleurs (bien que manquant peut-être d'un brin de personnalité) sont magnifiques, très solaires et rendent vraiment à merveille une Afrique encore largement méconnue.
Philippe Thirault suggère également avec justesse les rapports qui s'établissent entre autochtones et occidentaux et la cupidité de ces derniers.
Le point fort de cette bd est finalement son aspect graphique. Bien que la personnalité de
Rimbaud soit esquissée avec une certaine rigueur documentaire, j'ai tout de même eu le sentiment qu'il demeurait assez insondable et inaccessible. Et puis ce n'est qu'une toute petite partie de sa vie qui est évoquée : une mise en perspective avec sa jeunesse, notamment sa relation avec
Verlaine, n'aurait peut-être pas été superflue, pour tenter de comprendre le mal-être dont il ne parvint jamais vraiment à se défaire. du coup, j'ai hésité entre trois et quatre étoiles, mais les dessins m'ont fait basculer vers une générosité somme toute plutôt mérité.
PS : le dossier historique en fin de volume, réalisé par
Christian Clot (le géniteur du concept) est bien fichu et intéressant.