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Critique de Dionysos89


La collection Explora de Glénat, chapeautée par Christian Clot, se poursuit avec un personnage que nous n'aurions pas soupçonné être concerné par ces aventures faites pour mettre en avant l'exploration de notre monde : Rimbaud !

Arthur Rimbaud, tout comme nous connaissons le poète maudit, mort bien trop jeune après avoir multiplié les excès à ses dépens ainsi qu'à ceux de ses proches, semble avoir été également un « explorateur maudit ». C'est donc un épisode surprenant dans son approche que nous proposent ici Philippe Thirault au scénario et Thomas Verguet au dessin. Au coeur de l'Afrique de l'Est, nous trouvons dans les premières pages un Rimbaud en proie aux pires cauchemars, héros tourmenté qui finit par se réveiller à l'hôpital de Marseille en 1891. le 10 novembre de cette année-là, Arthur Rimbaud atteint sa fin et la question de son testament ainsi que du rapatriement de ses affaires laissées en Afrique déclenche l'envoi sur ses traces d'un certain Valentin Bracq qui va retracer, avec nous lecteurs dans sa musette, le parcours du personnage principal en tant qu'explorateur.
C'est en effet l'Abyssinie qui fut l'objet d'envie d'exotisme de la part d'Arthur Rimbaud une fois ses affres de sa vie avec Paul Verlaine passés. Là-bas, le scénario met surtout une chose essentielle pour lui : l'appât du gain ! Rimbaud veut faire fructifier ses économies, ainsi que les routes commerciales qu'il découvre au fur et à mesure, alors il fait tout pour faire des transactions entre les différents acteurs des marchés locaux, en tombant notamment dans le trafic illégal d'armes. C'est un choix plutôt sympathique pour enrichir l'image du poète torturé et très subversif, mais il n'y a entre Rimbaud et l'Abyssinie qu'un rapport de domination, il y a davantage à dire que ce road trip sans cesse décevant pour le héros. Pourtant, le dossier historique final (que nous louons une nouvelle fois) retrace l'ensemble de la vie de Rimbaud et précise les éléments qui manquent au scénario : l'errance est certes un aspect fondamental de l'exploration « made in Rimbaud », mais l'apprentissage de quantité de langues, l'immersion dans les moeurs locales et l'étude des paysages sont autant de qualités qui auraient largement enrichi la quête de l'aventure et qui manquent un peu à la narration.
Il faut par contre reconnaître l'onirisme constant qui soutient cet album. En effet, de la première à la dernière page, les rêves, les cauchemars et les hallucinations qui inspirent, effraient ou représentent Arthur Rimbaud forment le coeur du récit. Cela se ressent aussi d'un point de vue graphique : il y a un petit manque de profondeur dans les dessins, peut-être par manque de temps, ceci étant surtout visible quand on cherche à repérer les détails dans les décors africains ; cela sert par contre à former des paysages plus flous et des hallucinations plus cohérentes visuellement.

Cet album est donc un rêve constant, une hallucination sans cesse renouvelée. On comprend facilement le parallèle choisi avec la vie du « poète maudit », toutefois dans une telle collection d'explorateurs, on aurait pu s'attendre à une autre facette de ce fameux Arthur Rimbaud.

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