Dessiner encore

Coco nous fait revivre les attentats de Charlie Hebdo. Nous sommes dans sa tête, à sa place. c'est fou avec quelle présence elle est capable de retranscrire les événements, ses états d'âme. Et même si elle nous le dit : évidemment nous ne pouvons pas comprendre sans l'avoir vécu, son graphisme franc et sa narration maîtrisée nous donnent un témoignage de ce qu'il s'est passé ce matin là.

Cette dessinatrice dite "Coco" exprime ici ses traumatismes, consécutifs aux crimes islamistes de janvier 2015, alors qu'elle travaillait au sein du journal Charlie Hebdo.
On apprécie certains passages, tels que la façon dont elle tourne en ridicule les dires et les manies des psychologues, psychothérapeutes, psychanalystes, qui croient que leur intervention, dans une telle situation, peut avoir un effet bénéfique, et ne font que s'écouter, se regarder, compter leurs honoraires, et s'évaluer eux-mêmes comme très intelligents.
Pour le reste, nous ne sommes pas dans la finesse. le style et l'humour à gros sabots propres à ce journal sont présents à toutes les pages.
Catherine Meurisse avait réalisé un excellent album, sur le même thème ("La légèreté"): autant son ouvrage était fin, subtil, attachant, autant celui de "Coco" est lourdaud, et comme il paraît long!
Les lecteurs/acheteurs de Charlie Hebdo sont peu nombreux. C'est une sorte de club, dont les membres sont capables de trouver drôle un tournevis, dès lors qu'il est dessiné par l'un des leurs. Nous leur laissons cette satisfaction, mais sommes obligés de dire que nous sommes bien déçus par ce "Dessiner encore", quelle que soit l'indulgence dont nous sommes prêts à faire preuve vis-à-vis de son auteure, compte tenu de son histoire personnelle.

Récit autobiographique. Sujet difficile. Comment survivre à l'attentat du 7 janvier 2015 contre les journalistes de Charlie Hebdo ?
L'horreur a une couleur : le bleu. le bleu d'une vague qui emporte tout sur son passage et ramène en arrière, fait décrocher du réel.