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Critique de michfred


"J'ai perdu mon Eurydice, rien n'égale ma douleur..." un des plus poignants airs d'opéra de Glück..

Tout le monde connaît le mythe d'Orphée.

Le poète Orphée ne chante ni n'enchante plus le monde des dieux et des hommes depuis que son épouse , Eurydice, a succombé à la morsure d'un serpent.Plus de musique, partant plus de joie , aurait pu dire La Fontaine. Aussi les dieux autorisent-ils exceptionnellement Orphée à descendre tout vif aux Enfers pour rechercher Madame, mais comme toute permission exceptionnelle, celle-ci est assortie d'une contre-partie: tu ne te retourneras point. Orphée doit donc faire confiance aux Dieux, leur obéir littéralement les yeux fermés..Il est saisi d'une petite crise de foi et jette un coup d'oeil subreptice et rétrospectif derrière son épaule...Las! Eurydice se fige et s'éloigne à reculons, happée par les Ombres qui estompent bientôt son image. Orphée éclate en chants désespérés qui, comme on le sait depuis Lamartine, sont les chants les plus beaux..

Nombreux ont été les écrivains, musiciens, cinéastes qui ont repris, et modernisé ce conte noir pour grands enfants. Cocteau ne fait pas exception à la règle, mais lui, ce qu'il aime, c'est détourner, c'est surprendre, c'est choquer.

Chez lui, si Orphée descend aux Enfers, ce n'est pas pour retrouver Eurydice - elle l'ennuie, il ne l'aime plus- mais pour revoir l'image de sa propre mort à qui il a trouvé joli minois, grand narcissique qu'il est, et qu'il a surprise pendant ses multiples traversées du miroir séparant le monde des vivants de celui des morts..

Jeu dangereux. Heureusement qu'il y a l'ange Heurtebise, vitrier de son état, car on ne joue pas à traverser les miroirs sans faire un peu de casse..Ah, vraiment, les miroirs feraient bien de réfléchir davantage...

Notre Jeannot s'amuse et nous aussi à ce jeu de casse -casse avec miroirs doublement réfléchissants ...

Cocteau le polygraphe, le touche-à-tout, a même fait coup double: une pièce et un film, avec son beau Jean Marais en Orphée triomphant...

Un double plaisir, à lire, à voir, à relire et à revoir...
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