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Critique de claudine42


Le positif, c'est l'excellente technique narrative du romancier Coe. L'intrigue est bien ficelée, le récit est bien construit ; on a affaire à un très bon faiseur d'histoire qui, sans être un génie, connaît son métier.

Le négatif, c'est le reste, c'est-à-dire le contenu. le roman se présente comme une soi-disant critique de l'Angleterre contemporaine, du libéralisme, de la modernité... Sauf que la critique en question est surtout une accumulation de poncifs (les méchants banquiers, la petite PME sympa écrasée par la finance, etc.) Rien de neuf sous le soleil.
Le plus touchant est cette vieille dame qui déplore la transformation radicale de l'Angleterre, mais il aurait fallu creuser ce sentiment de perte. Au lieu de cela, on a un bon gros personnage qui ne fait que regarder que son nombril et finalement se complaire dans cet univers d'aires d'autoroutes sinistres, de HLM et de pavillons. Pour un narrateur qui s'exprime à la première personne, il ne nous dit pas grand chose, et donne une impression d'auto-censure.
Si bien qu'il y a quelque chose qui ne colle pas : il y a encore trop d'espoir chez ce héros soi-disant dépressif, il y a trop d'optimisme dans ce récit. le héros en question continue de fantasmer sur une vie familiale parfaite (la Chinoise et sa fille) et il oeuvre à une réconciliation avec son père, laquelle se fait un peu trop facilement, vu leur âge. C'est un peu trop beau pour être crédible, et Coe devrait fréquenter de vraies familles avant de parler des liens père / fils.

Ce roman, donc, sent un peu trop le bonheur et la critique facile pour vraiment laisser une impression forte. C'est sans doute un excellent scénario de film, mais ce n'est pas de littérature.
Rien, au fond, n'est élucidé sur la nature humaine, hormis le fait qu'elle n'aspire à rien d'autre qu'au bonheur familial, ce qui est un peu réducteur. L'ensemble baigne dans un confort petit-bourgeois, tranquillement.

Dernière chose : la langue. Je ne sais pas si c'est à cause de la traduction, mais je n'ai pas repéré la moindre belle phrase de ce livre. La langue est affreusement plate, mais contrairement à un Houellebecq qui sait faire de l'art à partir de la platitude, Coe (ou sa traduction) se contente de barboter dans le registre passe-partout de notre temps, sans aucune distanciation poétique ou même simplement littéraire.
Les phrases sonnent mal, les mots sont très mal choisis (bosser, rasade, etc.) et malgré la "poésie" qui est censée entourer l'intrigue, on a affaire à un livre mal écrit. Bien ficelé, mais mal écrit.

On aimerait que les romanciers d'aujourd'hui prennent le temps de travailler chaque phrase, comme le faisait par exemple Flaubert. Cela leur permettrait, en plus d'avoir un style, d'aller plus loin dans leur réflexion.
Tout ce que Coe, hélas, se dispense de faire.

En deux mots : très déçue.









































































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