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Critique de mfrance


Cet ouvrage est le second roman écrit par Jonathan Coe, paru lorsqu'il avait 29 ans, et l'on ne peut qu'être admiratif par la capacité de l'auteur à élaborer dès ses premières oeuvres une construction aussi complexe et néanmoins parfaitement contrôlée.

Le personnage principal, Robin, nous est surtout dévoilé par les rapports que les autres intervenants du roman sont amenés à entretenir avec lui. Mais ces rapports restent brefs, d'une intimité très partielle et n'éclairent que superficiellement la personnalité du jeune homme.
Alors, qui donc est Robin ?
Etudiant éternel, il travaille depuis quatre ans sur une thèse dont on ne saura rien. Être fragile, autocentré, solitaire, incapable de relations suivies et véritablement amicales, il vit la plupart du temps terré dans un appartement limite insalubre, où il entreprend l'écriture de nouvelles, qui traduisent l'impossibilité d'une relation amoureuse harmonieuse, la profonde incommunicabilité entre homme et femme, mais aussi entre êtres humains en général.

Et c'est à travers le prisme des quatre nouvelles qui nous sont distillées au cours de l'ouvrage, que l'on peut le mieux cerner cet homme secret et tourmenté, ces nouvelles dans lesquelles les autres personnages du roman trouveront ou non les clefs pour appréhender la vérité de ce garçon énigmatique, soudainement accusé d'exhibitionnisme, dont on ignorera si c'est oui ou non une calomnie !

Au delà de cette étude du mal être, ce roman s'avère aussi une critique virulente d'un milieu universitaire particulièrement sclérosé, où des professeurs pontifiants passent leur temps à protéger leur fonction en empêchant les étudiants d'empiéter sur leurs prérogatives.
Jonathan Coe régale le lecteur de ses considérations acerbes sur l'humain et sa capacité d'indifférence à autrui, dans une société préoccupée par la réussite sociale et la préservation du cocon familial, au détriment de toute relation sincère avec les autres.
Sans oublier une touche de tendresse apitoyée pour ces êtres en mal d'affection et de reconnaissance, désespérément en quête d'une touche d'amour salvatrice.

L'immense talent de Jonathan Coe va éclater dans les oeuvres de sa maturité, mais il est déjà remarquable dans cet ouvrage de jeunesse où l'on trouve en gestation les qualités qui font de lui un des auteurs phares de la littérature anglaise, pratiquant une subtile analyse sociale et sociétale de son pays, avec lucidité, férocité, tendresse et humour.
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