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Critique de Dridjo


David Lurie est professeur à l'Université du Cap, divorcé, amateur de jeune étudiante et bon vivant. Puis, l'étudiante de trop. Mélanie a un copain, loubard, qui a décidé de faire payer à Lurie l'intérêt (réciproque ?) qu'il porte à sa copine. Lurie est renvoyé de l'université, mis au ban d'une société dans laquelle il nageait pourtant comme un petit poisson. Pour prendre du recul Lurie décide d'aller ne villégiature chez sa fille Lucy, qui s'est retirée du monde pour aller vivre à la campagne avec sa compagne.

A partir de là, David Lurie entre peu à peu dans la vie campagnarde qu'a choisi sa fille avec des concessions, des choix de vie qui choque sa façon de voir le monde, de voir la vie. Il observe les moeurs paysannes de Grahamstown et surtout, au travers de la relation entre sa fille Lucy et son voisin/employé noir, J M Coetzee nous expose les sentiments de cette classe paysanne blanche qui vit avec appréhension les premières années post-apartheid qui voient les Noirs prendre de plus en plus de place dans la société.

L'écriture de John Maxwel Coetzee est incisive, fluide. Une parfaite maîtrise de la narration et, surtout, elle nous permet de nous imprégner de cette atmosphère particulière qui semble être faite d'angoisse, de – presque – peur permanente. La disgrâce de Lurie, l'histoire avec Mélanie l'ont conduit à ce 'retour à la terre' et les drames qui s'en sont suivi. Ok. Mais hormis cela, je ne vois pas trop le lien entre ces deux histoires. L'espèce de rédemption en allant voir les Issacs ? Même pas. Sa philosophie de la vie n'a pas vraiment changé. Les 'regrets' me semblent téléphonés, factices. Trop simple comme évolution psychologique du personnage.

Cependant, contrairement à un Mark Behr qui dans "L'odeur des pommes" exprime avec une brutalité crû les sentiments de la classe bourgeoise Afrikaners des années soixante-dix, sans se camoufler, sans rien voiler ; Coetzee n'y va jamais franchement. Tout est dans des insinuations que j'ai trouvé malsaine. Retour ligne automatique
Petrus, le voisin Noir, et sa famille sont montrés, entre les lignes, comme de sortes de hyènes qui regardent la pauvre petite blanche sans défense qu'est Lucy comme une proie à qui ils vont faire subir toutes les bassesses en paiement des années d'Apartheid. le problème n'est pas que les personnages de Lucy, ou de Bev Shaw – propriétaire d'un chenil – aient pu penser ça, après tout les peurs seraient légitimes, mais c'est dans le regard de celui qui est censé être observateur que l'on a une quantité de sous-entendus du rapport des Noirs, forcément revanchards, aux blancs, livrés à leur merci.

« C'est l'histoire qui s'exprimait à travers eux. (...) une histoire de torts longuement subis. »

J M Coetzee a choisi de ne pas revenir sur les discriminations qu'auraient pu subir les Noirs et ancre son récit, surtout, dans ce rapport entre le père des villes et la fille de champs et leur difficulté à se comprendre. David Lurie est avant tout un être très superficiel et un peu paumé qui est censé retrouver, grâce à la rigueur de la "vraie" vie des campagnes, le sens des valeurs. Cet aspect est tellement téléphoné que je n'ai pas réussi à y croire.

(Suite sur http://loumeto.com/mes-lectures/article/disgrace-ou-la-peur-du-vide)
Lien : http://loumeto.com/mes-lectu..
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