AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de loeildem


Ce livre m'a mis une sacrée claque. Il appelle à ne pas/plus avoir peur de l'autre, à ne pas se laisser guider par les préjugés, à être moins nombriliste et plus ouvert. La main tendue de Marie-France pour Mohammad est extrêmement touchante et lui offre une chance supplémentaire de repartir de zéro. Ce garçon devenu adulte trop tôt qui a tout perdu.

Mohammad confie sa vie à Benoit Cohen. C'est hésitant, certaines choses lui font peur. Benoit Cohen ne le brusque pas, le laisse venir à lui, ne lui impose rien. Et puis commence le récit de toute une vie. Une vie à cent à l'heure, qui n'a cessé d'être bousculée jusqu'à son arrivée en France, chez Marie-France. Mohammad est né en Iran après que sa famille ait quitté l'Afghanistan, en guerre avec les soviétiques. Sa famille est assez pauvre, son père est le seul à travailler dans une usine de textile. Il apprend à être un bon musulman, à faire sa prière cinq fois par jour, à écouter les versets du Coran, à penser comme tout le monde. On lui apprend à refouler toutes pensées et envies individuelles. Mohammad fait comme les autres pour ne pas être pointé du doigt. Transgresser à toutes ces règles est susceptible de peine de mort. Il se fond dans moule pour ne pas être différent. Mais il aime le rap et rêve de la big city : New-York. Quelques années plus tard, de retour à Kaboul, ville dévastée par la guerre, un ami lui prête un livre qui va changer sa vie.

Mohammad s'est toujours senti différent, pointé du doigt et moqué. Partout où il va on le dévisage, l'insulte, le brusque, l'humilie. Mohammad a toujours appris à baisser la tête pour ne pas croiser le regard de l'autre. de plongeur dans un restaurant à interprète pour l'armée française, Mohammad a la peur au ventre de mourir tous les jours. Il rêve de faire des études, de rentrer à Sciences Po. Accusé comme traître à sa patrie pour avoir aidé les français contre les talibans, il doit fuir. Encore.

Un périple dangereux du Sri Lanka en France. Des problèmes de passeport, de visa, de papiers divers. On le fait attendre des mois, des années. Les autorités ne semblent pas mesurer l'ampleur de la chose. Il dort à droite à gauche, dans la rue, dans des centres d'accueil. Il se fait des amis, qu'il doit quitter vite. Pas de le temps de s'installer. Pas le temps de respirer. La peur au ventre à chaque instant.

Et puis Marie-France, une femme à la classe folle qui sait ce qu'elle a à faire. C'est évident. La première vraie main tendue depuis des années. C'est beau. Touchant. Et puis Benoit Cohen qui lui propose d'écrire sur lui, sa vie. Deux hommes qui vont livrer un bout de leur histoire, chacun à sa façon.

Une belle invitation à la réflexion sur l'autre, l'obscurantisme de la religion qui brouille les pensées individuelles. Un beau récit sur le partage, les valeurs que nous possédons tous.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}