Woman of Violence

Des différentes fractions qui ont combattu les Anglais en Palestine en vue de la proclamation d'un État juif indépendant, le groupe terroriste Lechi, fondé par Avraham Stern (1907-1942) et ainsi également nomme le groupe Stern a sûrement été le plus radical et le plus violent. C'est à ce groupe que la jeune Geula Cohen s'est associée à l'âge de 18 ans et après avoir passé déjà un an dans les rangs de l'Irgoun (= Organisation en Hébreu) de Menahem Begin.
L'Irgoun ou Etzel (pour employer le sigle hébreu) s'était séparé de la Haganah (défense en Hébreu), l'organisation paramilitaire, créée en 1920 et qui deviendra l'armée israélienne après l'indépendance, parce que considérée trop molle par Begin et consorts.

Alors, faire le pas supplémentaire de l'Irgoun à Stern était loin d'être évident. le sous-titre de son autobiograpie "Mémoires d'une jeune terroriste" n'a, par contre, rien de surprenant.

Cette jeune demoiselle assertive, née le jour très catholique de Noël 1925, célébrera donc le mois prochain ses 94 ans. En 2007, elle a reçu, à 82 ans, le prix annuel "Yakir Yeroushalayim" ou de citoyen d'honneur de Jérusalem.
Il est indéniable que Geula Cohen a mené une vie bien remplie, mais certaines des actions violentes auxquelles elle a participé, je déplore.

En somme, cette dame incarne à sa façon cette dualité qui existe, a toujours existé et continuera à exister entre être combattants pour la bonne cause pour les uns et terroristes pour les autres.
Faire la critique de sa biographie constitue dès lors un exercice délicat, d'autant plus que je ne veux pas manquer de respect à une dame de ce grand âge.

Deux autres raisons qui rendent la tâche ardue sont le fait que le peuple juif sortait d'une des plus grandes catastrophes de tous les temps et la politique tortueuse en Palestine de la nation mandataire et dont les Anglais ont parfois le secret (comme avec le Brexit depuis 3 ans).

Gueoulah Cohen (comme son prénom est parfois transcrit) a entrepris de très sérieuses études à l'université de Jérusalem (philosophie, la Bible et littérature), après quoi elle a commencé sa carrière politique à la radio comme speakerine. J'ai ajouté une photo où on la voit à l'oeuvre. Ces performances lui ont valu un séjour en prison à Bethléem, en 1946, d'où elle s'est échappée l'année suivante. En cette période, elle fut active pour le journal clandestin du groupe Stern. Travail qu'elle a continué après la proclamation d'indépendance.

Pendant de longues années elle a combiné sa carrière journalistique - entre autres pour le quotidien "Maariv" (= le soir) - avec une carrière politique. En 1973, elle fit son entrée à la Knesset pour le Parti "Likoud" dont le programme était inspiré par Ze'ev Jabotinski (1880-1940) et Menahem Begin. Elle restera membre du Parlement israélien pendant presque 20 ans, jusqu'en 1992, tout en créant, en 1979, son propre parti, le "Tehiya-Bnai", un parti mineur de la droite israélienne.

La raison de la création de son propre parti fut son désaccord avec le retour du Sinaï à l'Égypte, sur la base des accords de Camp David en 1978 entre Begin et Anouar el-Sadate, sous les auspices du président américain Jimmy Carter.

Si en 1992 Geula Cohen n'a plus été réélue à la Knesset, son influence ne s'y est pas arrêtée complètement pour autant, puisque depuis 1988 son fils, Tzachi Hanegbi, né en 1957, y a siégé, avant de détenir dans les gouvernements d'Ariel Sharon et Benyamin Netanyahou plusieurs portefeuilles ministériels, comme santé, justice, environnement, transports etc. le père de Tzachi, Immanuel, était un officier opérationnel dans le groupe Stern et ainsi compagnon et mari de Geula.

Bien que j'admire le courage et les efforts de Geula Cohen, j'ai quelques difficultés avec son appartenance à l'origine et au groupe Stern, qui ont commis, à mon humble avis, des actes de violence que je réprouve. Je me limite à un unique exemple : l'attentat à la bombe du King David Hôtel à Jérusalem, le 22 juillet 1946, causant la mort de 91 personnes. Si Geula n'a personnellement pas participé à des actes terroristes, elle y a tout de même contribué par ses propos à la radio et ses articles dans la presse Stern.

J'ai par ailleurs des difficultés avec son orientation politique clairement de droite et certaines de ses prises de positions, notamment sur le Sinaï et en faveur des colons israéliens dans les territoires occupés depuis 1967.

Je présume que malgré mes critiques à son adresse j'ai cependant décidé de lire son autobiographie et d'en rédiger un billet, peut faire hausser les sourcils, mais je trouve que son témoignage, fort honnête d'ailleurs, mérite d'être lu, quand bien même si l'on a des réserves sur certains points.