Les mots viennent et se répètent comme des crampes. Cours, courir. Ma langue caresse mon palais et s'attarde sur mes dents pour y recueillir un peu de salive tiède. Je cours, papa. En vérité, je cours apaisé.
Un bon athlète s’adapte en douceur et sans violence pour ne pas finir comme Dorando à Londres en 1908 : hébété, incapable de franchir la ligne d’arrivée. Avec ces derniers cent quatre-vingt-quinze mètres totalement absurdes rajoutés cette année-là pour parfaire la distance qui séparait la terrasse est du château de Windsor à la loge royale du stade olympique de Shepherd’s Bush. Tomber cinq fois et se relever autant. Rester sur le seuil pour ne pas dépasser l’huis étroit où se cognent le corps et la raison. Un bon athlète mesure ses efforts, il se dépasse tout juste mais sans jamais aller au-delà.
L'arc (de Constantin) était le symbole des ambitions coloniales de Mussolini. Il y a vingt-cinq ans celui-ci faisait passer ses troupes sur la route des Triomphes avant des les envoyer combattre le fléau noir de l'Éthiopie.
La course est un rai de lumière tracé à la surface d'un monde régulièrement plongé dans le noir.
En vérité le Mur est la conséquence de l'épuisement de mes réserves de glycogène. La machine peut alors tousser, fléchir ou définitivement caler sans prévenir.
C'est comme si je faisais corps avec la route ; comme si la route m'avalait peu à peu par les pieds.
En vérité je cours caché. La discrétion est la clé qui ouvre toutes les portes.
Les départs sont toujours victorieux, seules les arrivées sont méprisables
« Le geste parfait est nécessairement précédé d’une quantité de gestes imparfaits dont il n’est que le produit achevé – c’est le principe de base de tous les apprentissages. » p. 88
L'Éthiopie n'est jamais devenue italienne contrairement à ce qu'a pu dire Mussolini depuis l'étroit balcon de la place vénitienne - tout empêtré dans son péché d'excès. En vérité on ne peut venir à bout de la volonté d'un peuple sauf à le massacrer tout entier.