AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Vaincre à Rome (48)

KILOMÈTRE ZERO
0′ 02″

Celui qui vient de tirer le coup de revolver garde le bras en l’air puis le descend à regret comme s’il venait de faire une chose irréparable : l’une de ces choses que l’on fait en tenant une arme alors que les autres n’en ont pas. Les oiseaux s’envolent et puisque l’un part devant tous les autres suivent sans demander leur reste. Instantanément la foudre soulève des nuées qui s’étendent bien au-delà des ruines.
Commenter  J’apprécie          10
Du temps et de l’endurance, c’est le parti pris de ce livre ; lire comme on court ; d’une seule traite en ménageant son souffle.
Commenter  J’apprécie          10
En vérité les courses se disputent toujours avec la corde à gauche : c’est le sens direct de la rotation positive et c’est aussi le sens mathématique. Depuis 1913 les athlètes courent toujours dans le sens antihoraire ; autrement leurs foulées ne semblent pas naturelles et les virages sont plus difficiles à négocier. Cela n’a rien d’une plaisanterie : quelques secondes précieuses sont en jeu !
Commenter  J’apprécie          10
La mémoire devient cette poterie antique dont nous oublions la forme et dont nous oublions le nom
Commenter  J’apprécie          10
KILOMÈTRE ZERO
0′ 02″
Celui qui vient de tirer le coup de revolver garde le bras en l’air puis le descend à regret comme s’il venait de faire une chose irréparable : l’une de ces choses que l’on fait en tenant une arme alors que les autres n’en ont pas. Les oiseaux s’envolent et puisque l’un part devant tous les autres suivent sans demander leur reste. Instantanément la foudre soulève des nuées qui s’étendent bien au-delà des ruines.
– Via! È partita la maratona olimpica di Roma! Allô, Paris ? Ici Loys Van Lee, vous m’entendez ? C’est parti ! Le marathon vient de commencer !
C’est ce qu’à travers le monde les radios hurlent et que je n’entends pas, uniquement préoccupé par le clapot nerveux des bielles et la mécanique des pas qui s’élancent autour de moi pour la toute première fois. S’élancent et retombent avec le bruit mat du plat des plongeurs puisque nos pieds sont des monstres qui choient ; chutent lourdement mais sans gerbes sans écume et retombent encore pour gifler la terre et réclamer un peu d’attention. Pilonnent et soudain martèlent jusqu’au point critique de la résonance mécanique. S’élancent puis s’affaissent et se reprennent aussitôt en rebonds courts hoquetés, les épaules sautillantes. Sous la peau le sang frémit, hémoglobine et globules s’activent pour déplacer l’oxygène des poumons jusqu’aux fibres rouges des muscles papillonnants. La synchronisation est impossible au commencement – il faut encore tout ajuster avec une patience d’horloger. C’est comme ça. Les départs sont toujours brouillons, c’est une foulée après l’autre et c’est aussi la pagaille et l’effusion. Les corps résistent, les mouvements sont rendus maladroits par les muscles froids et le bouillon sanguin trop épais qui peine dans le dédale des veines et des veinules. Hanche, genou et cheville. Bon sang ne saurait mentir. À-coups des nuques trop raides et des bassins trop rigides – l’oxygène manque comme aux grandes altitudes. On ahane, on s’époumone. Tiers de rotation des rotules avec frottements et froissements rêches. Un essaim furieux pénètre par mes oreilles tandis que mes poumons grésillent ; soufflent un air plus chaud que celui qui fait fondre ma peau. Mes foulées sont des pas à pas et je suis un homme les autres : nous partons chacun pour soi de la même ligne avec des corps identiques.
Commenter  J’apprécie          10
Samedi 10 septembre 1960. Nous sommes à Rome, près du Capitole de Michel-Ange et des ruines du Forum romain. C’est l’avant-dernier jour des Jeux olympiques, le dernier jour du calendrier éthiopien. On se prépare au marathon, l’ultime épreuve de ces jeux. On fait des petits sauts presque sur place, on respire à fond et on s’appelle au départ. Dans quelques secondes il sera dix-sept heures trente, l’heure attendue par les soixante-neuf concurrents de ces XVIIe Olympiades. Il fait vingt-trois degrés et la nuit tombera vite car le changement d’heure n’existe pas encore. Ceci n’a rien d’un marathon, c’est la guerre. Sous nos yeux le dossard numéro 11 est celui d’un jeune caporal éthiopien de la garde royale du négus. Il se nomme Abebe Bikila et il a vingt-huit ans. Il est venu à Rome pour reprendre un combat déjà gagné vingt ans plus tôt. Et voici dans nos mains le récit du marathon d’Abebe. Quarante-deux kilomètres et cent quatre-vingt-quinze mètres linéaires pour une durée idéale de deux heures quinze minutes et seize secondes. Du temps et de l’endurance, c’est le parti pris de ce livre. Lire comme on court ; d’une seule traite en ménageant son souffle. Un bon marathon se préparant avec rigueur, on aura pris soin de s’entraîner auparavant avec des revues ou des livres choisis au hasard. Ni trop vite ni trop lentement. On se méfiera des pauses et des arrêts qui selon les entraîneurs ne servent à rien, sinon à décourager les coureurs. Mais chacun sait qu’un marathon se gagne lorsqu’il s’achève et ne se perd qu’à l’abandon. On pourra relire ce livre autant de fois qu’on le souhaite pour un jour peut-être gagner quelques secondes sur le temps d’Abebe. Cette page que l’on va tourner maintenant, on lui donnera l’impulsion d’un coup de revolver. Dans la foule des grands jours les regards sont braqués sur l’homme-starter au costume de lin gris, le borsalino remonté d’un doigt sur le front pour regarder l’hypothétique tracé d’une amorce dans le ciel. Prêts ?
Commenter  J’apprécie          10
l’acte suffit dans le sport et la parole n’importe pas.
Commenter  J’apprécie          00
Les 20 premières minutes sont réellement les plus dures ; quelque chose de monstrueux s’éveille et sur le réseau veineux les fuites se multiplient pour diffuser par endroits la vie comme à la pomme cabossée d’un arrosoir. Ensuite tout à l’heure il y aura le Mur tant redouté. Le Mur déplace ses fondations entre le 30e et le 40e km. Après le Mur tout ira beaucoup mieux.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (221) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Coupe du monde de rugby : une bd à gagner !

    Quel célèbre écrivain a écrit un livre intitulé Rugby Blues ?

    Patrick Modiano
    Denis Tillinac
    Mathias Enard
    Philippe Djian

    10 questions
    862 lecteurs ont répondu
    Thèmes : rugby , sport , Coupe du mondeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}