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Citations sur La Cassure (18)

Assis à l’arrière de sa Rolls Royce, Patrick Kelly écoutait son chauffeur et confident Willy Gabney lui vanter les vertus du concubinage. Rien de nouveau sous le soleil… Willy sortait avec une femme depuis quelques semaines et il avait l’air plus heureux que jamais, il en paraissait même presque beau, et Dieu sait que, vu le physique dont l’avait doté la nature, cela tenait de la performance.
Patrick le laissait bavasser, ça lui évitait d’avoir à répondre. Il s’appuya contre la banquette en cuir et soupira. Vivement qu’il soit chez lui et retrouve son intimité avec Kate. L’idée lui tira un sourire.
À ce moment précis, son portable se mit à sonner.
– Kelly à l’appareil.
Après avoir écouté quelques secondes, il éteignit le téléphone et intima à Willy de faire demi-tour en direction du West End. Il grimaçait de rage.
Willy se douta illico que les nouvelles étaient mauvaises.
– Tout va bien, Pat ?
Question idiote.
Kelly secoua la tête.
– Non, Willy, tout ne va pas bien.
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– Eh oui… Cette femme maltraitait systématiquement ses enfants, elle les brûlait, les humiliait, elle les laissait crever de faim. Quand Regina avait neuf ans, on l’a retrouvée abandonnée dans une grande maison entourée d’un immense jardin. Elle souffrait de malnutrition, son petit frère était mort depuis cinq jours. Leur mère les avait laissés seuls pour aller faire un tour en Finlande, ne me demandez pas pourquoi. Il n’y avait rien à manger dans la maison, pas une miette. Mais les enfants étaient trop terrorisés pour oser décrocher le téléphone et demander de l’aide. On les a découverts par hasard : une voisine, venue apporter des catalogues de jardinage, vous imaginez. Regina vit avec ce souvenir chaque jour de sa vie. Croyez-moi, Miss Burrows, cette femme ne ferait jamais de mal à ses enfants intentionnellement. Elle est incapable d’assumer la vie quotidienne, elle ne sera jamais ce qu’on appelle une personne « normale ». Mais je vous le répète, elle ne toucherait pas à un seul cheveu de leur tête. Croyez-moi, je le sais.
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– Il arrive qu’elle leur donne du Valium quand elle part travailler. D’accord, entre nous, c’est épouvantable, mais dans sa tête elle ne fait que les mettre en sécurité, elle évite qu’ils partent se balader ou fichent le feu à l’appartement. De son point de vue, c’est une façon de s’en occuper, vous comprenez ?
Kate secoua la tête.
– Non, désolée, je ne comprends pas. Vous êtes en train de me dire qu’en plus du reste elle leur donne des médicaments délivrés exclusivement sur ordonnance, c’est bien ça ?
Il acquiesça.
– Oui, mais comprenez-moi bien, Miss Burrows. Vous, vous voyez tout ça du point de vue d’une personne normale, ce qui n’est pas le cas de Regina. Cette femme consomme régulièrement de la drogue, sa vie est un chaos. Un chaos total, absolu. Elle avance en trébuchant, d’une catastrophe à l’autre. Mais, et il s’agit d’un grand « mais », elle adore ses enfants. Et ses enfants l’adorent, eux aussi. L’aînée, Michaela, s’occupe des deux petits et tente de l’aider comme elle peut, de lui faciliter la vie. En fait, c’est elle qui veille sur sa mère… Bon, quelle que soit notre opinion sur la question, notre priorité, c’est de penser aux enfants.
Kate eut un sourire.
– Pas de problème. En ce qui me concerne, plus tôt ils seront loin d’elle, mieux ce sera.
L’assistant social ferma les yeux et poussa un profond soupir.
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Michaela enfournait une cuillerée de céréales Weetabix dans la bouche d’Hannah lorsque le type sortit enfin de la chambre. Il était nu, le sexe en demi-érection, taraudé par une sacrée envie de pisser.
Il examina les deux petites assises dans cette cuisine cradingue et leur lança d’un ton acide :
– Putain, mais qu’est-ce que vous avez à me regarder comme ça ?
Rejetant sa belle chevelure dorée en arrière, Michaela répondit sur le même ton :
– Je pourrais te poser la même question, mon vieux.
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Elle avait parlé à voix basse, d’un ton de conspiratrice, cherchant désespérément à établir une connivence avec la jeune femme.
– Oh, laissez tomber, pas la peine de jouer à ça avec moi. Vous me la ferez pas, ni vous ni vos collègues. Je sais très bien ce que vous croyez, je la connais, votre façon de penser. Vous oubliez vos conneries et vous retrouvez mon gamin, point barre.
Regina avait peur et ça se voyait.
Une forte exclamation venant du couloir évita à la policière d’avoir à répondre.
– Bonjour mon trésor, c’est moi, Bobby.
La voix était haut perchée, efféminée. Un homme de grande taille pénétra dans la pièce. Il avait les cheveux longs, teints en noir et aux racines apparentes, et des yeux bleus souriant dans un visage ouvert. Il ouvrit grand les bras, Regina s’y précipita en sanglotant. L’agent Hart les observa un moment, contente de voir arriver quelqu’un susceptible de lui venir en aide.
– Il est de la famille ?
Regina lui fit face en reniflant.
– Bien mieux que ça, chérie, c’est mon travailleur social.
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– C’est un vrai petit vagabond, ce mioche. Il a beau être petit, il est malin comme un singe. Franchement, c’est avec moi qu’il devrait être, croyez pas ? Je suis sa maman, quand même. J’ai cherché partout, mais rien, que dalle. Pas de doute, il a bel et bien disparu.
L’agent Hart eut un élan de pitié pour cette pauvre femme. Elles n’en étaient pas à leur première rencontre. Combien de fois l’avait-elle vue ivre, droguée, agressive ?
– D’accord, j’ai pas été élue maman de l’année, mais c’est mes mômes, d’accord ? Et moi, mes gosses, je les aime, continua Regina.
L’agent Black renifla et secoua tristement la tête.
– Ben oui, ça crève les yeux.
En une fraction de seconde, Regina avait bondi sur lui. Hart s’interposa vivement entre les deux adversaires.
– Bon, Richard, va donc faire un tour chez les voisins pendant que je m’occupe de Miss Carlton, OK ?
Le ton était ferme et sans réplique. Sans se presser, son collègue tourna les talons et quitta la pièce.
– Tu parles d’un branleur. Et encore, il se permet de me juger, ce connard. Mais pour qui il se prend, ce débile ?
Regina tirait nerveusement sur sa cigarette, sans même prendre le temps d’avaler la fumée. L’agent Hart lui sourit.
– Alors, imaginez ce que c’est de travailler avec lui !
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Dix minutes plus tard, l’agent Black débarquait en compagnie d’une policière, l’agent Hart. Ils froncèrent les narines en pénétrant dans l’appartement, agressés par l’odeur d’urine et de sueur rance qui leur sauta à la gorge.
Regina leur lança un sourire acide, elle était prête à la bagarre.
Un coup d’œil à l’appartement minable leur suffit à se décider ; pas question d’y rester, encore moins de s’asseoir.
– Bonjour, je me présente : agent Joanna Hart, et voici mon collègue, Richard Black. D’après nos informations, votre petit garçon aurait disparu ?
– M’enfin, c’est moi qui vous ai appelés, que je sache ?
La voix de Regina laissait percer une bonne dose de mépris, mitigée de frayeur. Hart le décela immédiatement.
– Allons, allons, nous ne sommes pas venus en ennemis. Si votre petit garçon a vraiment disparu, inutile de prolonger les préliminaires, croyez pas ?
Ses paroles eurent un effet immédiat, Regina se détendit.
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Son café terminé, enfin boostée par les cachets de Driminal, Regina retourna dans sa chambre, enfila un jean et un sweat Bart Simpson. Elle s’attacha les cheveux en arrière et se contempla dans le miroir de sa coiffeuse.
Elle avait les yeux caves et cernés, ses pommettes se noyaient dans un visage bouffi par les excès : trop d’alcool, trop de drogues, trop de cul. Et voilà le résultat. Elle avait en revanche un corps maigrichon où tout s’avachissait, depuis les seins jusqu’à la peau des avant-bras.
Regina avait vingt-cinq ans.
Elle avança vers le lit et réveilla d’une bourrade le mec endormi.
– Vas-y, dégage ! réagit-il. Tu vois pas que je pionce, merde ?
Elle baissa vers lui des yeux indifférents, ce type ne l’agaçait même pas. Allumant une nouvelle cigarette, elle se dirigea vers la chambre des filles et, sans même soulever le dessus-de-lit, réveilla Michaela d’une bonne claque sur les fesses.
– Hé, ma puce ! Occupe-toi d’Hannah et fais-la déjeuner.
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De retour dans le vestibule, elle ouvrit la porte de la chambre où dormaient ses enfants.
Michaela, cinq ans, était encore endormie, ses cheveux châtain doré déployés sur une taie d’oreiller douteuse. Hannah, dix mois et toujours au berceau, était déjà réveillée. Sa couche trempée dégageait une odeur d’ammoniac tellement âcre que sa mère sentit ses yeux la piquer.
En revanche, le lit où aurait dû se trouver le petit Jamie, deux ans, était vide. Regina fronça les sourcils, retourna dans la salle de séjour, qu’elle parcourut d’un regard circulaire, et revint dans la cuisine. Elle la fouilla des yeux, sans oublier de regarder sous la table.
– Il va voir comment je vais le massacrer, ce petit connard, dit-elle d’une voix plus rageuse qu’apeurée.
Elle retourna dans la salle de séjour et, tirant un voilage jauni par la fumée de tabac, balaya du regard l’espace qui se trouvait devant l’immeuble.
Rien, pas de Jamie.
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Regina Carlton se hissa avec difficulté hors du lit et repoussa le type qui dormait auprès d’elle. Il grogna et, en se retournant, lâcha un gros pet bien sonore.
Avec une moue, Regina soupira.
– Putain de merde, mais où je l’ai dégotté, celui-là ?
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