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Critique de RockyRacoon


Je découvre tardivement Colette et sa plume si douce, emprunte de nostalgie. Et je découvre que la Maison de Claudine n'est pas tant une ode à la maison, en tant que telle, mais plutôt la belle déclaration d'amour d'une femme à sa mère, à travers des souvenirs amenés comme autant de petites pépites de légèreté, d'oisiveté, de joies estivales, bref, d'enfance…
Certes, le style fleuri et précis peut sembler désuet, mais j'aime tout ce que ces tournures de phrases amènent avec elle, qui semblent induites par les souvenirs rapportés de Colette. Comme si, par les souvenirs de sa propre enfance, dans un lieu et une époque que je n'ai jamais connus, mes propres souvenirs et impressions de bonheurs passés s'étaient à leur tour révélés – pourtant marqués par d'autres temps, d'autres lieux. Chacune de ces courtes scènes a agi comme un solvant révélateur, m'a donné l'impression de respirer l'odeur de lavande d'une vieille armoire tapissée d'imprimé fleuri, d'entendre le bruit de petits pieds nus courant sur les dalles d'une terrasse, l'humidité de l'herbe du jardin quand le soleil disparaît et un bol de chocolat chaud qui refroidit sur un coin de table, à côté d'un livre ouvert posé et oublié là…
J'ai particulièrement savouré les anecdotes nous révélant Sido, son énergie et sa gaieté et surtout, surtout, son anticléricalisme un brin provocateur, militantisme néanmoins rapidement mis de côté quand il s'agit de récupérer une bouture de pélargonium, il y a des priorités tout de même…
J'ai évidemment adoré son amour des animaux, de toute chose vivante, laissant son chèvrefeuille se faire dévorer sans même envisager de pouvoir perturber – et encore moins tuer ! – la grasse chenille qui y a trouvé refuge.
Certaines des dernières scènes ont suscité moins d'enthousiasme, intégralement dédiées à la description de l'un des nombreux animaux ayant peuplé le quotidien de Colette et pourtant, je peux moi aussi passer des heures à contempler un chat, une fourmilière, des poissons dans une rivière… néanmoins, trois ou quatre scènes dédiées à la description d'une petite chienne, d'une chatte capricieuse ou d'une once m'ont paru peut-être trop, trop quoi je ne sais pas, en tous cas pas assez…
A l'inverse, je ferme le livre avec l'envie d'en savoir plus sur certains points d'ombre qui ne sont qu'effleurés, telle la sombre humeur de Juliette, la soeur aînée, et sa rupture avec la famille. Mais après tout, cet ouvrage est porté par des souvenirs de petite fille, à l'âge auquel on ne se préoccupe que de ses propres orteils, sans véritablement questionner l'origine de la morosité d'une demi-soeur taciturne.
Sans doute Colette a-t-elle également voulu taire les zones d'ombres et de douleur ayant émaillé son paradis perdu, pour ne rendre qu'un hommage solaire à son monde merveilleux, son jardin, ses livres, sa maison, son univers, sa mère.
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