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Critique de jg69


" La France n'est pas ma patrie. Mais, régulièrement, elle est mon pays."

Vélibor Colic est un écrivain poète bosniaque réfugié en France depuis 1992. Je l'ai découvert avec son précédent livre "Manuel d'exil" où il racontait son arrivée à Rennes à 28 ans ne connaissant que trois mots de français : Jean, Paul, Sartre. Poète reconnu dans son pays, il avait fui son pays en guerre. Avec " le livre des départs", deuxième volet de sa trilogie sur exil, il nous livre de nouvelles leçons pour réussir son exil.

Il nous raconte à travers sa propre errance, l'errance des migrants, il se dit "rempli d'un vide, d'un froid métaphysique qui l'habite depuis les premiers jours de son exil". Il raconte avec humour sa découverte de la nourriture française, des fromages dont l'odeur lui évoquait la présence d'un cadavre. Il raconte les différents petits métiers qu'il a exercés pour survivre tout en ambitionnant de devenir français et de devenir un écrivain qui écrit en français, la langue de son exil. Il évoque également son errance auprès de femmes qui prennent beaucoup de place dans ce livre... " Je suis un migrant, un chien mille fois blessé qui sait explorer une ville. Je sors et je fais des cercles autour de mon immeuble. Je renifle les bars et les restaurants " et son chemin vers l'écriture de "Manuel d'exil".

" L'exil est une balance aussi. Mesurer le poids métaphysique de nos gains et de nos pertes."

Avec ce roman d'inspiration autobiographique écrit de 2016 à 2019 j'ai eu plaisir à retrouver l'incomparable humour de Velibor Colic, ce livre comporte quelques passages savoureux notamment quand il se lance dans des listes un peu folles. Mais ce texte n'est pas que léger et fantaisiste, il s'en dégage une profonde solitude, une certaine désespérance. Dans ce livre il est beaucoup question d'alcool ("son airbag entre lui et le monde réel") et des femmes, symboles de son errance. J'ai aimé sa réflexion sur la visibilité de l'étranger, sur le pouvoir de la littérature. J'ai aimé la façon dont il rend le migrant terriblement humain et j'ai été émue par le passage sur son retour au pays et par sa culpabilité de survivant. Contrairement à son précédent livre il s'autorise à nous livrer quelques touches sur son passé en Bosnie avec l'histoire de son frère et le souvenir de ses camarades morts qui le poursuit. Un auteur désabusé dont j'apprécie l'autodérision. Un récit qui m'a plus d'une fois serré le coeur.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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