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Critique de Olivier43


Un vrai coup de coeur pour le dernier Paul Colize, qui nous plonge dans l'enfer des mines et la catastrophe du Bois du Cazier de 1956. Cette catastrophe va causer la mort de plus de 260 mineurs, et au milieu de tout ce chaos, un porion (contremaître) va être retrouver mort dans de troubles circonstances. Deux mineurs italiens vont être suspectés d'être les meurtriers de ce porion. C'est leur procès que Paul Colize va nous conter à travers la voix de Catherine, seule journaliste femme, et qui plus est d'origine polonaise, à couvrir l'événement. le cadre est posé.

D'emblée dans les premières pages j'ai eu peur que l'exposé du procès soit un peu longuet. Et au bout de 20 ou 30 pages, Paul Colize m'a chopé avec son style et je n'ai plus pu lâcher ce roman. C'est magistral car il nous plonge alternativement dans l'enfer de cette mine en plein chaos suite à un monstrueux incendie et là on est courbé avec ces mineurs, on suffoque avec eux, on se révolte avec eux contre leur condition et absence de considération. A cette ambiance chaotique, il nous oppose à l'ambiance feutré d'une enceinte judiciaire, en nous plaçant en position de juré de ce procès. Et ça je trouve très fort. Il arrive à nous placer dans cette position où l'on découvre les pièces du puzzle au fur et à mesure sans partie pris. Et on navigue dans nos émotions et notre approche de ces deux italiens, un peu à la mode "12 hommes en colère" auquel il est d'ailleurs fait référence.

A travers ce roman fort, Paul Colize aborde inévitablement la condition difficile des mineurs, mais pas que. Il est aussi question d'immigration et de racisme avec les illustrations de pancartes d'époque interdisant certains lieux aux italiens, et qui nous rappelle de sombres souvenirs. Il est aussi question de la condition des femmes à cette époque proche de la sortie de la guerre que ce soit dans la société mais également dans le journalisme.

Enfin deux éléments extérieurs au roman en lui même mais sur lesquels je veux revenir. Tout d'abord cette couverture est juste magistral, une salle des pendus sur fond rouge. Pour avoir visité une mine dans le département de la Loire, la salle des pendus avait été un moment fort et marquant, avec toute la symbolique qui l'accompagne. Je pense bien évidemment à ceux tombés dans les mines et qu'on identifie par leurs affaires restées pendues dans la salle. La couleur rouge, bien évidemment pour rappeler la couleur du sang versé par les mineurs. Elle m'a tout simplement pris aux tripes chaque fois que je jetais un oeil dessus. Et je terminerai par la postface de Paul Colize, qui nous explique les différentes étapes par lesquelles il est passé et surtout cette rencontre avec cet italien témoin de cette catastrophe rencontrée sur place. Là aussi en quelques lignes, il nous fait toucher du doigt l'émotion de cette rencontre.

Un gros coup de chapeau à cet indéniable coup de coeur.
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