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Citations sur Les nuits fauves (34)

J’avais conscience de m’enfoncer chaque jour un peu plus dans une tombe que je me creusais, une fosse aux parois de verre ou de boue qui me dérobait au monde.
J’étais de moins en moins capable de communication, d’autres relations que celles du travail ou du sexe. Le talent, seul, provoquait encore ma générosité.
(...)
À Paris, le test du sida venait juste d’être commercialisé. On me conseilla d’aller voir un médecin qui consultait à l’hôpital Necker. Il palpa les ganglions à la base de mon cou et le long des veines jugulaires. Je regardai par la fenêtre : le jour souriait, mauvais. Je tournais la tête vers le médecin et je vis dans ses yeux qu’il savait. Il dit : « On va faire le test. »
J’eus les résultats quinze jours plus tard : j’étais séropositif. Une vague blanche et glacée remonta le long de mes membres. Les mots apaisants du médecin faisaient dans la pièce une rumeur molle et lointaine.
Quelques heures plus tard, j’étais presque soulagé.
Ne pas savoir avait été pire que tout. Tout avait changé, mais tout restait exactement semblable.
Je me demandais qui m’avait contaminé, mais je n’en voulais à personne qu’à moi-même. Je revoyais des visages oubliés, vite remplacés par l’image du virus : une boule hérissée de pointes, un fléau d’armes médiéval.
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J'eus les résultats quinze jours plus tard : j'étais séropositif. Une vague blanche et glacée remonta le long de mes membres. Les mots apaisants du médecin faisaient dans la pièce une rumeur molle et lointaine.
Quelques heures plus tard, j'étais presque soulagé.
Ne pas savoir avait été pire que tout. Tout avait changé, mais tout restait exactement semblable.
Je me demandais qui m'avait contaminé, mais je n'en voulais à personne qu'à moi-même. Je revoyais des visages brouillés, vite remplacés par l'image du virus : une boule hérissée de pointes, un fléau d'armes médiéval.

NDL : superbe passage sur une terrible maladie, contre laquelle, en 1987, on n'a aucun moyen de lutter.
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Je suis déjà seule et la seule présence avec qui je me sente bien, c'est toi, alors quand j'ai envie d'être seule, je pense à toi.
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Je suis fait de cellules de moi-même éparpillées puis recollées ensemble n’importe comment, parce qu’il faut bien avoir l’apparence d’un corps. Je ne suis qu’un amas de cellules terrorisées.
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Je me réveillai en sursaut. La mort était là ; dans la forme effrayante d'un tas de vêtements posés sur une chaise au pied de mon lit, distingué des ténèbres par un rayon de lune. [...] Elle était là depuis que j'avais lu les premiers articles sur le sida. J'avais eu la certitude immédiate que la maladie serait une catastrophe planétaire qui m'emporterait avec des millions d'autres damnés.
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Le premier soir, je m’allongeai sur le lit d’une chambre d’hôtel et y vis une Bible posée sur la table de chevet. Je l’ouvris, la feuilletai machinalement. Sur les pages de gardes, je trouvai une déclaration d’amour exaltée qu’un certain Armand avait écrite pour une Juliette qui, bien sûr, ne la lirait jamais. D’autres, comme moi, la lisent, destinataires hasardeux d’un trop-plein d’amour.
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La réalité était ma drogue; pour la transformer, la rendre injectable dans mes veines, la poésie était indispensable.
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Je suis fait de morceaux de moi-même éparpillés puis recollés ensemble n’importe comment, parce qu’il faut bien avoir l’apparence d’un corps. Je ne suis qu’un amas de cellules terrorisées.
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Avant tout, avant même d'allumer la lumière, je regarde le nombre de messages sur le répondeur. Ça devient une obsession : je suis happé par le chiffre inscrit en rouge sur le compteur. J'attends des voix, des signes de l'extérieur, des mots de Laura, un point fixe, une bouée à laquelle m'accrocher pour garder la tête hors de l'eau, pour surnager dans un océan de terreur.
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Je n'ai pas vu passer l'automne. L'hiver est là, gras et mouillé, tranchant quand même ; des copeaux de plomb dans un fleuve de boue.
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