USBEK & RICA N06

Etant donné que je fais partie de cette génération qui ne s'intéresse pas au monde parce que trop complexe, trop vicié, trop politisé, trop enfoncé dans la mélasse, ça ne m'enchante pas de me plonger dans des articles qui sentent le métro et le spleen de Baudelaire. La seule solution qu'ils ont trouvé de vendre des revues à des gens qui vomissent plus qu'ils n'apprécient la presse, c'est d'en faire des objets d'arts très ancrés dans la tendance, dans la vibe et qui donnent l'air intello-branché. C'est très bien pour les libraires, mais sinon ça ne sert pas à grand chose, une revue chiante reste une revue chiante.

Usbek et Rica fait partie de cette nouvelle vague de revue très graphique et très tape à l'oeil qui fait beaucoup parler d'elle. A ses débuts, on pouvait même considérer qu'elle était plutôt "trop" pointue. Mais elle se différencie des autres par son approche temporelle. En effet, leur ligne éditoriale s'appuie sur des faits réels, pour une réflexion sur le passé, le présent, mais aussi et surtout sur le futur. Ils font des rapides rétrospectives sur l'année pour ceux comme moi qui ne suivent rien, inventent un planning du futur, des interviews de personnes politiques, innovent des objets futuristes dont certains sont en projet, et d'autres sont déjà commercialisés. Leurs articles suivent un thème global et redonnent pour la plupart un peu confiance en l'humanité. En gros, ce sont des visionnaires à la cool limite hippies qui tentent de donner un os à ronger aux personnes qui voudraient voir le monde changer.

En plus de ça, ils ont vraiment réussi à créer tout un univers, avec leurs deux personnages icones Usbek et Rica (inspirés des Lettres persanes de Montesquieu), qui sont venus du futur pour explorer notre monde, ainsi qu'une monnaie échangeable contre des livres gratuitement lors de leurs soirées organisées à la Gaîté Lyrique.

Bref, ne vous faites pas prier, il y a peu de chances que ça ne vous intéresse pas (à moins d'être strictement hermétique aux idéaux de gauche), et au prix que ça coûte..

(voir la critique intégrale sur le blog)
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