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Critique de Afleurdelivres


Une grande réussite que ce roman post-apocalyptique, à la croisée entre « Malevil » de Robert Merle et « La route » de Cormac McCarthy.
Quelque part sur terre, des amis étudiants se réunissent pour faire la fête et s'alcooliser sous le macadam d'une Grande Ville qui asphyxie. Imperceptiblement les saisons se sont décalées, l'air s'est raréfié, la température monte anormalement, la sécheresse se répand, la planète crève dans l'indifférence pourtant elle avertit.
Alors que la fête souterraine bat son plein, soudain à la surface tout craque, tout rompt dans un grondement terrifiant. Un souffle incendiaire inexpliqué a réduit la surface du globe en cendres. Sauvés de la grande extinction, sidérés et apeurés le retour risqué à la surface est une épreuve. Il faut dire que le spectacle est horrifique : la ville est ravagée, le paysage calciné et cendreux, l'air enfumé. Au milieu d'odeurs nauséabondes la terre se consume, dans un gris uniformisé, définitivement désertée par la lumière solaire. Se retrouvant seul, Corentin doit organiser les moyens de sa survie dans cet univers inhospitalier. Il n'a alors plus qu'une obsession : retrouver Augustine, son arrière grand-mère. Celle qui l'a recueilli, lui, l'enfant maudit, non désiré et abandonné par sa mère errant de famille d'accueil en famille d'accueil, de rejet en manque d'amour,avant qu'elle ne le recueille enfant dans sa vieille maison aux abords des forêts et l'enveloppe d'un amour pudique mais bien réel. Au coeur d'une nature nourricière et réparatrice elle distille « une sorte de douceur âpre, de rugosité bienveillante ». Enfin une main aimante enserre la sienne.
Dans ce chaos monochrome c'est elle qui envahit ses pensées et devient sa raison de survivre. Appréhendant pourtant ce qu'il va y découvrir, et ignorant si elle a survécu il décide de retourner « aux forêts ».
Une sombre odyssée commence alors accompagné de son chien « l'aveugle » au bout de laquelle il trouvera sa nouvelle destinée et parviendra à se sédentariser. La « chose » est passée mais le souffle mortifère poursuit sa destruction et insuffle « dans l'air et sur la terre des poisons pour les tuer jusqu'au dernier »
Pluies acides, orage de neige qui tombe en lames de glace, chaleur excessive viendront achever ce qui tient encore debout.
Slalomant entre les cadavres, manquant de ressources primaires, de lumière, de moyen de locomotion, l'espoir de reviviscence au-delà de la grisaille, de la destruction de l'humanité, de celle de la faune et la flore, entretient sa combativité.
Sandrine Colette nous tient en haleine, il y a une «  urgence » dans le style avec des phrases saccadées, brutales, lapidaires utilisant des « mots-coups de poing » des retours à la ligne qui tranchent avec le reste du texte et font écho à une certaine froideur, un détachement des personnages. Dans cette complexité existentielle l'affect doit être mis en sourdine. Au cours de ces années de combat l'entraide s'oppose à l'affrontement avec des groupes de rares survivants. La nuance n'existe plus , c'est la vie ou la mort. Et l'Homme toujours l'Homme pour détruire la vie encore et encore même lorsqu'il n'y a plus rien à détruire. Et toujours les forêts comme refuge et espoir. La reconstruction de la civilisation dans des conditions aussi archaïques et inamicales sera-t-elle possible?
La fin est inattendue, déstabilisante et poignante. Cette « fable écologique » que l'on espère non prophétique (...) est glaçante et captivante❤️
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