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Critique de ChatDuCheshire


Bon, bof, bof... Evidemment Comte-Sponville traite ici d'un sujet sur lequel j'ai beaucoup lu et c'est un peu moins "béni-oui-oui" que "Le petit traité des grandes vertus" mais...
Pour le positif on dira que le discours est clair et c'est d'ailleurs une constante chez CS et je comprends qu'on puisse le lire pour s'initier à la philosophie...
Mais pour le reste et sur le sujet précis le livre se contente de dire que le capitalisme est amoral (ni moral ni immoral mais totalement étranger à l'ordre des valeurs) et sous-entendu qu'il revient aux institutions tierces (notamment les Etats) et aux individus d'ériger les contrepoids pour faire que ce "moins pire des systèmes" fonctionne de manière acceptable.
Sauf qu'ainsi présenté l'auteur fait du capitalisme une forme d'entité, de super entité même, totalement extérieure et donc par nature rétive aux autres "ordres". Vu que ce système règne aujourd'hui sans partage dans le cadre de l'actuelle mondialisation, le capitalisme apparaît ainsi comme une sorte d'ordre inéluctable qui in fine dominerait tous les autres, une sorte de "fin de l'histoire", en quelque sorte. Il s'agit ici de mettre les choses au point: CS apparaît comme un penseur modéré mais en contribuant à créer l'impression que le capitalisme actuel constituerait une sorte de fin de l'histoire, CS contribue à corroborer les affirmations des grands prêtres les plus zélés de cet actuel ordre mondial hypercapitaliste mondialisé (Ecole de Chicago en tête).
Or les choses ne sont pas si simples. Le capitalisme et son "Dieu" Marché ne sont pas des entités tutélaires dont on doit nécessairement accepter avec résignation qu'elles gouvernent nos vies pour les siècles des siècles mais des créations bel et bien humaines et donc perfectibles, probablement à l'infini. Et le rappel que jusqu'à présent on n'a pas trouvé mieux ne devrait pas nous détourner de la question essentielle, à savoir celle qui consiste non seulement à réguler de l'extérieur mais aussi à construire de l'intérieur une forme de capitalisme qui intégrerait enfin la dimension de complexité plutôt que de se réduire aux constructions simplistes des économistes néo-classiques. En son temps Keynes proposa des solutions mais le monde a changé. Néanmoins pour ceux qui veulent comprendre la complexité des choses en la matière, je conseillerais plutôt - et par exemple - le petit livre de Daniel Cohen ("Homo Economicus: prophète (égaré) des temps nouveaux"), très simple et bourré d'exemples concrets et issus du quotidien, qui montre bien que l'acteur économique humain "réel", s'il est effectivement mu par des considérations axées sur le prix auquel il pourra obtenir les choses, intègre néanmoins fréquemment et pas toujours consciemment une dimension altruiste dans ses comportements économiques et que, par conséquent, une bonne "politique" économique (au sens large) consisterait à développer ces comportements à la fois vertueux et obéissant néanmoins à la logique du capitalisme.
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