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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'auteur de Pollution, Paul Connan est jeune dans la littérature : né à Londres en 1995, ancien de Sciences Politiques et d'HEC, c'est un enfant des années 2000. Et il compte bien les dépeindre sans aucun faux semblants.
Le héros de son nouveau livre, David, part vers le Cotentin, en plein confinement, pour une nouvelle expérience : le wwoofing.
C'est un concept venu du royaume uni, qui propose la possibilité de partager le quotidien des fermes biologiques.
Il y fait la connaissance d'une youtubeuse acharnée, bien décidée à réussir sur la toile et du fils d'un couple d'agriculteurs, étudiant en événementiel.
Au milieu de la campagne, le narrateur décrit ses doutes et ses désillusions sur l'époque, les médias, les réseaux sociaux, et la notion de travail en pleine mutation numérique.
Au gré de ses réflexions, la découverte va faire place à l'angoisse quand une mystérieuse maladie va décimer les vaches de son hôte.
Mutation numérique, énergies renouvelables, liens sociaux, Covid, tout y passe dans ce livre dense est assez addictif je dois avouer.
J'ai passé un très bon moment avec cet auteur et je renouvellerai volontiers l'expérience.

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Musicien, chanteur, chroniqueur, écrivain, les casquettes de Tom Connan sont nombreuses. En 2020, il publie son premier roman chez Albin Michel sobrement intitulé Radical. Remarqué par la critique, le jeune auteur récidive en 2022 avec Pollution, un ouvrage post-Covid qui nous immerge dans une France fracturée sur fond d'écologie et de transformations sociales.
Avec sa couverture ô combien frappante, Pollution tente de réaliser un instantanée de la France d'aujourd'hui.

Si l'on en croit la quatrième de couverture, Pollution s'annonce avant tout comme un éco-thriller à charge. Nous sommes en 2020 à la fin du premier confinement et David, un jeune homme d'une vingtaine d'année se prépare à rejoindre une ferme au fin fond du Cotentin dans le petit village de Ruffosses. Grâce au woofing, ce nouveau mode de vie qui permet à la fois de travailler et de voyager, David pense non seulement faire des rencontres mais espère surtout échapper à son propre enfer parisien. Arrivé à la ferme d'Alex et rejoint par Iris, une fondue des réseaux sociaux qui ne pense qu'à asseoir son rôle d'influenceuse-lanceuse d'alerte, il s'avère que les choses seront plus compliquées que prévues, surtout quand plusieurs décès bovins surviennent sans que quiconque parvienne à les expliquer.
Dis ainsi, Pollution ressemble donc bel et bien à un thriller de plus. Sauf que c'est mal connaître Tom Connan qui essaye davantage de faire parler David, son alter-ego romanesque, sur l'état d'une France qui vient de se prendre le mur du CoVid et qui semble elle-même muter de façon totalement incontrôlable. Il ne sera pas question de résoudre une enquête minutieuse ou même de mettre à jour un vaste complot agro-alimentaire dans Pollution mais bien de parler du brutal virage pris à la fois par la société française avec la pandémie mais aussi, et c'est très important, avec la progression sans partage des GAFAs et autres avancées numériques. le roman de Tom Connan s'avère avant tout une sorte de journal intime et un pensum sur les maux d'aujourd'hui et de demain à l'usage des nouvelles générations.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que David, le héros de Pollution, a bien des choses à dire sur ce qui arrive à la société française des années 2020 et à ses compagnons à la ferme qui incarnent chacun l'une des facettes de la jeunesse française. Entre Iris, complètement accaparée par un monde numérique de plus en plus déshumanisant et Alex, symbole d'une vieille France muette qui se meurt dans l'indifférence, Tom Connan parvient à saisir le désespoir qui saisit les nouvelles générations qui se voit à la fois confronter à la crise de l'emploi mais également à la perte de sens dans une société qui ne parvient plus à fédérer. Si la sous-intrigue sur la pollution qui touche la ferme d'Alex a quelque chose de tout à fait effrayant, ce n'est pas véritablement pour les morts et les maladies qu'elle cause, mais pour la réaction des autres face aux questions (légitimes) soulevées par David et ses amis. En mettant cela en parallèle avec ce qu'il se passe pour l'épidémie Covid et la défiance généralisée envers la science d'un côté, et l'intégrisme sanitaire de l'autre, Tom Connan parvient à trouver un juste milieu qui interpelle et qui parvient, fort heureusement, à retrouver un sens humain au milieu d'une machine qui s'emballe. Pollution montre la radicalisation de la société française mais aussi les nombreux intérêts économiques et sociaux qui minent toute tentative de discussion. Une réalité d'autant plus inquiétante que rien dans le mode de vie des années 2020 n'est fait pour calmer cette fracture. Très critique vis-à-vis des réseaux sociaux et de la nouvelle façon de faire de l'information, Tom Connan s'inquiète d'un asservissement volontaire qui mène l'humain à devenir une machine qui répète et qui se meurt. Car c'est le désespoir qui marque dans ce roman, le désespoir latent qui sous-tend tout le discours et l'aventure de David, touché de plein fouet par la crise économique qui lui retire toutes perspectives d'avenir. Seules une infime partie de la population parvient à tirer son épingle du jeu et, souvent, au détriment d'une certaine morale et honnêteté. Iris incarne bien ce pacte avec le Diable en montrant à la fois l'utilité des réseaux sociaux pour pousser un cri d'alarme nécessaire et la tentation de basculer dans le sensationnalisme et le mensonge pour faire le buzz, le sacro-saint buzz par lequel l'individu existe… ou pas.

Alors, bien sûr, on reprochera au roman de Tom Connan de négliger largement sa trame narrative au profit, justement, d'un exercice à peine dissimulé de tribune politico-sociale. Une chose tellement évidente que le roman se termine par une dernière partie qui se risque à l'anticipation jusqu'à une fin abrupte et ouverte qui semble s'interroger sur la possibilité de terminer ce récit qui, au fond, n'en est pas vraiment un. Qu'à cela ne tienne, Pollution touche du doigt nombre de thématiques passionnantes et ouvrent de sinistres perspectives sur une France broyée par le capitalisme et le populisme. En plongeant dans le milieu rural, Tom Connan tape juste et oppose finalement la France fantasmée et non représentative des réseaux sociaux, de Twitter à Instagram en passant par Facebook, et cette France bien réelle où les gens cherchent désespéramment à (sur)vivre dans un océan d'opinions contradictoires et de catastrophes annoncées. Ce qui ressort de Pollution en réalité, c'est une espèce de perte de sens total de l'individu, à la fois broyé par la masse et le militantisme, obligé d'avoir une position tranchée et de faire du bruit. C'est avant tout un changement brutal de paradigme encore accéléré par la crise CoVid et qui n'en finit pas de précipiter le monde d'avant aux oubliettes tandis que les jeunes générations, biberonnées aux coups d'éclat d'influenceurs imbéciles et écrasées par un système qui ne lui laisse rien à espérer se précipite vers ce qu'il lui reste, c'est-à-dire pas grand chose. Pollution se lit certainement comme un page-turner et s'avale en quelques jours à peine mais les questions qu'il soulève pèse durablement sur l'esprit du lecteur : quel avenir dans ce monde qui part en morceaux ?

Faux-roman et vrai journal de la pandémie, Pollution joue la carte du thriller pour radioscoper une société française en pleine mutation où les jeunes sont les premières victimes d'un avenir de plus en plus incertain. Tom Connan écrit avec force et conviction mais n'en oublie pas qu'au fond, c'est l'individu qui disparaît de ce nouveau monde asphyxié et asphyxiant. Que reste-t-il à espérer pour les générations futures ?
Lien : https://justaword.fr/polluti..
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Un huis-clot agricole et digital absolument génial.

L'auteur délivre ici un roman addictif et anxiogène. Son écriture ultra moderne et ses réflexions sur le monde d'aujourd'hui sont saisissantes.
Je suis frustré d'avoir été obligé de quitter David et ses amis.

Acide et captivant !
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