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Critique de MarcelP
Une après-midi avec Joseph Conrad. Confortablement installé dans un vieux fauteuil au cuir usé, on écoute avec attention l'écrivain se souvenir... Car c'est bien de cela qu'il s'agit, d'une conversation à bâtons rompus, avec ses digressions, ses parenthèses, ses emportements et ses distractions. Conrad évoque pour nous les deux passions de sa vie : la marine et la littérature.
L'écrivain est entré en mer comme on entre en religion. Très jeune il a su quelle était sa vocation : il a prononcé des voeux solennels (obéissance, prudence et sobriété) avant de défroquer pour une maîtresse autrement exigeante, l'écriture. Une rencontre fortuite à l'instar d'un coup de foudre étourdissant, se ramentevoit-il.
Dans ses réminiscences, Conrad évoque quelques figures tutélaires de sa jeunesse, la silhouette opaline d'une mère morte trop tôt, la figure rassurante d'un oncle bienveillant ou celle historique d'un héros familial. Il resserre la focale sur ses premiers pas en mer, sur la lente maturation de son premier roman La folie Almayer et rend grâce à sa langue d'adoption, cet anglais qu'il manie à la perfection et qu'il aime intensément ("la langue que j'avais secrètement choisie, celle de mon avenir, de longues amitiés, des plus profondes affections, des heures de labeur et des heures de loisir, des heures solitaires aussi, des livres lus, des pensées poursuivies, des émotions remémorées, de mes rêves mêmes!").
Deux moments particulièrement émouvants se détachent de l'ensemble : la rencontre du jeune marin avec son futur héros, Almayer, dans un coin perdu de la jungle bornéenne et l'image qui clôt Souvenirs personnels, celui de la main fébrile d'un jeune moussaillon d'origine polonaise qui caresse son avenir ("(...) et quand je pressai le flanc lisse du premier navire anglais que j'aie jamais touché de ma vie, je le sentis déjà palpiter sous ma paume ouverte."
Infiniment pudiques et d'une humilité constante, ces chroniques du temps passé sont indispensables à qui aime l'immense auteur.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
L'écrivain est entré en mer comme on entre en religion. Très jeune il a su quelle était sa vocation : il a prononcé des voeux solennels (obéissance, prudence et sobriété) avant de défroquer pour une maîtresse autrement exigeante, l'écriture. Une rencontre fortuite à l'instar d'un coup de foudre étourdissant, se ramentevoit-il.
Dans ses réminiscences, Conrad évoque quelques figures tutélaires de sa jeunesse, la silhouette opaline d'une mère morte trop tôt, la figure rassurante d'un oncle bienveillant ou celle historique d'un héros familial. Il resserre la focale sur ses premiers pas en mer, sur la lente maturation de son premier roman La folie Almayer et rend grâce à sa langue d'adoption, cet anglais qu'il manie à la perfection et qu'il aime intensément ("la langue que j'avais secrètement choisie, celle de mon avenir, de longues amitiés, des plus profondes affections, des heures de labeur et des heures de loisir, des heures solitaires aussi, des livres lus, des pensées poursuivies, des émotions remémorées, de mes rêves mêmes!").
Deux moments particulièrement émouvants se détachent de l'ensemble : la rencontre du jeune marin avec son futur héros, Almayer, dans un coin perdu de la jungle bornéenne et l'image qui clôt Souvenirs personnels, celui de la main fébrile d'un jeune moussaillon d'origine polonaise qui caresse son avenir ("(...) et quand je pressai le flanc lisse du premier navire anglais que j'aie jamais touché de ma vie, je le sentis déjà palpiter sous ma paume ouverte."
Infiniment pudiques et d'une humilité constante, ces chroniques du temps passé sont indispensables à qui aime l'immense auteur.
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