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Critique de Stockard


Que Pat Conroy écrive de la fiction ou des autobiographies, on retrouve presque toujours comme élément central la figure du père haï : de Bull Meecham du Prince des Marées au juge McCall de Beach Music, il est là, l'obsession de toute la vie de son fils.
Donald Conroy n'avait rien du papa-gâteau, encourageant, défendant, protégeant son fiston en particulier et ses six autres enfants en général. A l'exact opposé, il était l'image de la maltraitance tant psychologique que physique, faisant régulièrement déguster sa recette toute personnelle de salade de phalanges aussi bien à ses enfants qu'à sa femme qui tous autant qu'ils étaient finissaient par ne plus souhaiter qu'une chose : qu'une guerre se déclare n'importe où dans le monde afin que leur Marine de père et de mari y soit appelé en mission. Pat Conroy en arrivera même, lui, à souhaiter qu'il se fasse descendre afin de les libérer tous de cette monstruosité de qui il n'avait jamais demandé à être le fils mal aimé.

Et pourtant, pourtant...

Après des dépressions à répétitions, l'écriture de livres prenant la forme de catharsis pour se soustraire une bonne fois à l'éducation désastreuse que son père lui a offert à coups de poings et d'humiliation, après s'être mis sa presque famille entière à dos en accusant son géniteur de ce que d'aucuns qualifieront de lubies et de "prêt-à-tout-pour-se-faire-remarquer", on assiste, au travers de la Mort de Santini, à un inconcevable rapprochement entre le père et le fils et Pat Conroy qui, pour de mystérieuses raisons, n'a jamais coupé les ponts avec ce diable de père, va découvrir – à travers les terribles épreuves de la mort de la mère puis du frère mentalement plus abîmé que les autres – un homme drôle et sensible. Quelle surprise, après tous ces écrits sur ce Marine froid et sans coeur d'assister à ces scènes où Don Conroy, à la vue de tous, craque, pleure, gémit, sanglote... On connaissait l'homme dur du Grand Santini et de Saison Noire mais pour la première fois, on découvre un individu loin d'être dénué de toute empathie, frôlant presque la sympathie même parfois.

La Mort de Santini est un livre important pour ceux qui s'intéressent à l'oeuvre et à la vie de cet écrivain talentueux. de sa belle plume Sudiste, Pat Conroy éclaire d'un jour nouveau ses ouvrages précédents, fait la paix avec sa Némésis et avec sa vie sans chichis ni faux-semblants car cette fois Don Conroy s'appellera Don Conroy et pour son ultime opus sur cette relation destructrice, Pat Conroy fait le choix de l'autobiographie pure, plus rien de fictionnel, uniquement des faits, des ressentis, des larmes, des peines, des douleurs, et parfois, malgré tout, du bonheur et de l'amour, peu, mais comme toutes choses rares, ça n'en devient que plus sacré.

J'ai eu beau le lire le plus lentement possible vu qu'on ne sait pas quand ni même si on reverra un nouveau Pat Conroy un jour (oui, j'avais déjà dit ça sur Saison Noire, c'est dire à quel point la sortie de la Mort de Santini a été une agréable surprise, d'ailleurs un tout grand merci aux Éditions du Nouveau Pont, et à Babelio pour ce beau cadeau). Oui donc, une lecture au ralenti mais malheureusement à moins de lire en rewind, on fini toujours par arriver au bout.
Reste plus qu'à espérer qu'une maison d'édition se décide un jour à sortir "The Lords of Discipline" et "The Water is wide". Preuve avec La Mort de Santini que ce n'est pas impossible, à surveiller donc...
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