AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,41

sur 107 notes
5
3 avis
4
18 avis
3
10 avis
2
1 avis
1
0 avis
Originalité et questionnements rythment ce roman d'un auteur que j'ai découvert grâce à son roman Octobre que j'avais beaucoup apprécié. Ici, nous rentrons en scène dans l'absurdité la plus brute, il y est question du procès d'un cochon accusé du meurtre d'un nouveau-né. Certes absurde, cette coutume de juger des animaux était monnaie courante au moyen-âge.
Dans notre société moderne, juger un cochon paraît ancestral et relève à travers l’allégorie de la frontière entre réalité et surréalisme.
Sous les traits d'une pièce de théâtre, on retrouve les quatre actes : le crime - le procès - la sentence - le supplice.

C'est un roman à la plume très agréable, fluide et limpide relevant à partir de l'allégorie du cochon les questions élémentaires de la responsabilité, du jugement. Certains actes peuvent ils être absurdes selon le protagoniste derrière l'acte ? Quelle est la frontière entre la réalité et le surréalisme ?
En conclusion, un roman que j'ai beaucoup apprécié et qui m'a fait tantôt sourire tantôt réfléchir.
Commenter  J’apprécie          775
A l'heure de #balancetonporc et du nouvel an chinois, le cochon c'est tendance.
Pourtant ce nouveau roman d'Oscar Coop-Phane ne joue pas sur l'actualité, a priori, puisqu'il s'inspire d'un phénomène révolu : les procès d'animaux.

Révolu, mais pas moyenâgeux non plus, car en Europe c'est jusqu'au milieu du XVIIIème siècle qu'à l'instar des hommes, les animaux de tous poils (hu hu) pouvaient être déférés devant les instances judiciaires, voire ecclésiastiques, puis jugés et lynchés en bonne et due forme.
Etonnant non ?

Je ne sais pas vous, mais moi pour ma part j'ignorais tout de cette pratique insolite.

Oscar Coop-Phane a choisi de l'illustrer ici à travers le sort funeste d'un malheureux goret mangeur de bébés. Oui, bon, croquer la joue d'un nouveau-né ça fait pas franchement dans le réglementaire, mais ce qui de nos jours serait qualifié d'effroyable accident, relève ici de l'accusation de meurtre prémédité dont le responsable doit être impitoyablement châtié.

Du crime en lui-même à l'abjecte exécution du "coupable", en passant par le procès proprement dit, voilà une courte chronique kafkaïenne ramassée en cinq chapitres concis, quatre actes d'une tragédie absurde, suivis de leur épilogue. On y savoure l'écriture toujours singulière et percutante d'un jeune auteur que je me faisais une joie de retrouver.

Pourtant, c'est assez nauséeuse que j'ai terminé cette lecture, bien plus sordide que divertissante à mon sens, et les réflexions qu'elle sous-tend quant à la fonction de la justice ou à l'autorité du langage n'ont pas suffi à me séduire totalement (sans doute aussi à cause de Porcinet que j'ai trop pris en pitié je crois, mon amour des bêtes me perdra).

Chance et prospérité pour cette année du cochon, il parait. Soit, mais là c'est plutôt sale temps pour les gorets.


Ҩ


Une découverte que toutefois je ne regrette pas. Un grand merci donc à Babelio et aux Editions Grasset d'avoir exaucé mon souhait.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          6031
Conte cruel et réflexion sur la justice et la culpabilité, le procès du cochon permet à Oscar Coop-Phane de remettre au goût du jour une pratique ancestrale oubliée: juger les animaux.

Pensionnaire de la Villa Médicis pour la littérature, on se souvient qu'Oscar Coop-Phane nous avait offert avec Mâcher la poussière un roman «italien», mettant en scène un baron condamné à rester cloîtré dans un palace après avoir tué un mafioso. S'il est toujours question de réclusion ici, elle est de toute autre sorte. Dans ce drame en quatre actes, on va juger l'auteur d'un crime abominable dont le récit ouvre le livre: « Là-bas, devant la porte, dans un couffin en osier, un bébé gazouillait à l'ombre. Il s'approcha. Il n'avait jamais vu d'aussi près un si jeune enfant. Il aperçut les joues roses, les bras nus et replets. Leurs regards se croisèrent. Au loin, on entendait quelques oiseaux piauler. le temps semblait se suspendre. Il se pencha sur le couffin, sentit la peau d'abord, le savon et les huiles, puis il mordit avec force, la joue, l'épaule. »
Après l'émoi suscité par cette sauvage agression, on part à la recherche de l'assassin. le rôdeur va finir par être débusqué. C'est un cochon. Mais qu'à cela ne tienne, il devra rendre des comptes. Dans Les Animaux célèbres, Michel Pastoureau raconte une histoire similaire survenue en 1386, à Falaise, en Normandie. On y jugea une truie qui avait dévoré le visage d'un nourrisson.
Avec malice, Oscar Coop-Phane s'inspire de cette pratique moyenâgeuse pour son conte. Il confie l'«affaire du croqueur de joues» au commissaire Stéphane Lapostrof. «Le croqueur avait croqué. Lapostrof jouerait son rôle. Il aurait l'air droit, fort et rassurant. Il aurait l'air droit, fort et rassurant. Il pourrait compter sur sa silhouette. le tribunal se chargera d'apaiser les colères.» le procès est rondement mené puisque le suspect ne s'est pas défendu. Et s'il n'a pas davantage avoué son crime, il n'en est pas moins condamné.
En quelques pages, quelques questions essentielles viennent d'être soulevées. Quel est ce droit qui, faisant fi de la présomption d'innocence, condamne avant même d'avoir entendu les deux parties? Quel peut être la valeur d'un tel jugement? Les principes de la justice ne sont-ils pas bradés face à une opinion qui crie vengeance? Alors que commence l'attente jusqu'à l'exécution de la sentence, toutes ces questions ô combien actuelles sont offertes au lecteur. À l'heure où on propose à tout un chacun de «balancer son porc», ce court roman montre les limites de l'exercice. Au bout du compte, le monstre n'est peut-être pas celui que l'on croit.
Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          350
Peut-on juger l'inhumain ? le sans conscience ? L'animal ?

Le Procès du cochon d'Oscar Coop-Phane est un conte ou plutôt, une fable sombre et immorale, s'appuyant sur les procès d'animaux qui subsistèrent en France jusqu'au XVIIe siècle.

Une tragédie en 4 actes + 1, qui voit notre cochon errant et affamé se rassasier d'un morceau d'humain trouvé sur son chemin. Horrible… Surtout lorsqu'il s'agit des joues d'un nourrisson dans son couffin, qui n'y survivra pas.

Peu importe l'animal, la justice des hommes se met en place et déroule sa procédure méthodique et implacable : arrestation, emprisonnement, enquête, interrogatoire, procès, sentence.

L'animal ne peut s'exprimer ? Et alors ? Il ne nie pas ; sa culpabilité est donc évidente.

C'est court, c'est subtil et porteur de profondes réflexions à peine cachées sur l'inadaptation de notre système judiciaire à juger – et au passage à écouter voire à comprendre – ceux qui sortent de son cadre. le tout devant le regard – ou l'aveuglement - complaisant et satisfait des citoyens binaires que nous sommes tous un peu.

Si la l'analogie de la fable fonctionne dès le début, elle finit cependant par être un peu convenue et donc attendue, atténuant la portée d'une réflexion qui aurait sans doute mérité quelques pages de plus. Reste quelques délicieux passages, comme celui de la sentence particulièrement sombre et grandiose.
Commenter  J’apprécie          330
Dans une maison à l'orée d'un bois, un bébé est victime d'un crime atroce. Un individu l'a affreusement mutilé, mordu aux joues et à l'épaule. L'enfant ne survivra pas, et le criminel sera vite rattrapé et jugé.

Le procès du cochon est un court texte de fiction basé sur la pratique (anecdotique mais non moins réelle) du jugement des animaux homicides, en France, au moyen-âge notamment (on connaissait le porc régicide ayant changé l'Histoire de France, ici l'idée de départ vient d'un procès fait à une truie au XIVe pour avoir agressé un enfant).
Si le propos de cette pratique peut entraîner de long et intéressants débats, le texte présenté ici ne cherche pas à le faire, ni à nous informer sur le sujet. Il s'agit plutôt d'un exercice de style partant de cette idée. Un exercice qui fonctionne très bien avec une plume agréable, surtout une partie initiale où le suspect n'est pas nommé et où le doute plane quant à sa nature. J'avoue avoir trouvé cela bien réalisé et plaisant (homme ou animal ?). Malheureusement, le terre à terre revient rapidement et on ne retrouve rien de plus qu'un simulacre de procès, expédié, durant lequel l'accusé ne parle pas, et où les maladroites tentatives de défense ne font pas le poids face à la peine capitale... n'est pas Badinter qui veut.
Vient enfin l'exécution, qui s'articule autour de personnages "divers" (le bourreau, un maton, le légiste... exercice de style encore ?) pour un final sans surprise.
Exit la religion, pourtant souvent étroitement associée à ce type de pratiques et jugements. Dommage.

Le bilan est donc mitigé sur l'intérêt du texte. Beaucoup de bruit pour rien dirai-je. S'il est toujours intéressant de faire connaître une pratique certainement oubliée, mieux vaut aller voir du côté de Michel Pastoureau pour plus d'infos. le texte reste assez peu mémorable, très perfectible (on a du mal à se représenter le contexte, tant des éléments d'époques diverses se mêlent) mais d'une écriture toutefois plaisante.

Merci aux éditions Grasset et à Babelio pour cette Masse Critique (reçue tardivement ^^).
Commenter  J’apprécie          330
Une plume acerbe et sarcastique pour parler de faits, à peine croyables, qui ont pourtant eu lieu, en Europe, du XIIème au XVIIIème siècle : le procès des animaux. Les chrétiens considéraient que les animaux avaient une âme et que, s'ils enfreignaient la loi, ils devaient alors être jugés et condamnés. Condamnés par la force des choses puisque la défense était inexistante, le jugement imparable.
Une plongée déroutante dans l'absurde, une réflexion sur les comportements animaux des hommes prêts à tout pour assouvir leur vengeance.
Une lecture originale, bien construite et intéressante, un peu courte peut être, mais qui sort vraiment des sentiers battus.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          285
Quelle originalité que ce procès du cochon ! Faits qui existaient au moyen-âge. Ici, pas de date. Comment un accusé, qui ne peut pas s'exprimer, peut-il se défendre ? Ecriture travaillée, texte court. Trop peut-être. Une sensation de rester sur ma faim… Allez, je m'en vais m'en cuire une côte.
Commenter  J’apprécie          242
Le procès du cochon de Oscar Coop-Phane est un roman que j'ai eu le plaisir de découvrir en avant-première grâce aux éditions Grasset, via net galley.
Dans un village et un temps reculé, un monstre croque la joue et l'épaule d'un bébé laissé quelques instants seul par sa mère, puis repart tranquillement vers la forêt.
Le bébé meurt.. le monstre est rattrapé et jugé comme un homme... Seulement le monstre n'est pas un homme mais un cochon...
Le cochon, donc, est emmené par les gendarmes ; jeter en prison ; puis jugé...
Le procès du cochon est découpé en quatre parties : le crime, le procès, L'attente, le supplice. Plus l'épilogue.
Un cochon croque un enfant et est jugé comme un homme, c'est surprenant, ça fait réfléchir et je trouve que c'est très bien trouvé.
Ce court roman m'a captivé. J'étais un peu dubitative au début, je me demandais vraiment vers quoi l'auteur allait nous emmener. J'avais peur que ce roman n'est ni queue ni tête, mais en fait pas du tout. Il est très bien structuré, bien écrit et j'ai apprécié ma lecture.
Par moment j'ai souri, par moment j'ai été stupéfaite, mais en tout cas c'est sur que je n'oublierais pas ce roman de sitôt.
Ma note : 4 étoiles.
Commenter  J’apprécie          221
Ce roman est très court, il se lit en une heure. Il a tous les éléments d'une fable. Une fable, à l'instar de « La ferme des animaux » de George Orwell, utilise les bêtes pour mettre en lumière les défauts du système humain. Oscar Coop-Phane décide de pousser le vice encore plus loin. Il place son histoire dans la réalité où seul l'acteur principal est un animal.

Dès lors, les événements sont chamboulés. le cochon est l'anomalie de l'affaire. En effet, son crime en soi n'est pas un dilemme. Il est reconnu et la société sait gérer ce genre d'affaires. Les procédures classiques sont engagées et elles suivent leur cours mécaniquement. Seulement voilà, le condamné n'est pas humain et ne répond pas aux mêmes appétences.

Tout au long du récit, on observe le traitement absurde des lois et des décisions pragmatiques, appliquées à des cas qui ne le sont pas. Comme dans l'étranger de Camus, on comprend que la différence n'est jamais comprise et qu'elle peut entraîner une justice aveugle. le fait de remplacer l'homme suspecté par un cochon dévoile toute la subjectivité des règles.

La plume d'Oscar Coop-Phane se révèle fluide et travaillée. J'ai passé un bon moment, c'est romanesque, sans temps morts, mais je n'ai jamais été surpris. le scénario se déroule simplement et toutes les péripéties sont prévisibles. Partant du fait que la justice des hommes ne s'applique qu'à eux et que le cas raconté est fantaisiste, je suis arrivé au bout de cette histoire en me disant « Et alors ? » « Quel était le but de l'auteur ? » « Quelle est la morale de l'histoire ? ». Et c'est bien là que le bas blesse… je n'ai pas trouvé la réponse à ces questions. Je n'ai pas percé la morale de ce bref roman qui reste tout de même une expérience littéraire originale !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
Commenter  J’apprécie          170
A force de traiter certains hommes de cochons ou de porcs (et là, j'avoue que souvent, en voiture, je ne me prive pas...), on a pris l'habitude de penser que l'espèce humaine était forcément supérieure, pas seulement aux espèces porcines mais globalement à l'ensemble des animaux. Alors, de temps en temps, quand un écrivain propose de décaler un poil la perspective, ça permet de réfléchir un peu et de se demander qui, de l'homme ou du cochon est le plus...

...mais le plus quoi ? Intelligent ? Éduqué ? Sale ? Cruel ? Oscar Coop-Phane est certainement de ceux qui pensent qu'une bonne fable vaut mieux qu'un long discours. Alors il trousse en une centaine de pages une histoire inspirée des pratiques anciennes, lorsque entre le 12ème et le 18ème siècle, en Europe, les hommes jugeaient parfois des animaux. Oui. Lors de vrais procès. Puisqu'aucun d'entre nous n'était là pour y assister, l'auteur nous le raconte, avec un sens du détail et de l'observation qui rendent le procès de ce cochon captivant et inspirant.

Il faut dire que l'accusé a commis un meurtre. La victime : un nourrisson bien innocent, endormi dans son berceau, dans le jardin devant la maison. Les faits : le cochon s'est approché, a humé puis mordu les joues et l'épaule du bébé qui s'est vidé de son sang et est mort des suites de ses blessures. Résultat : le cochon est arrêté, emprisonné puis jugé. La police enquête, le peuple réclame vengeance, un avocat est commis d'office, le bourreau prépare ses instruments et affine sa mise en scène. le lecteur, lui, assiste en cinq actes et avec un certain malaise à ce spectacle.

Car ce qui est particulièrement bien fait c'est que le cochon n'est pas nommé ainsi pendant près de la moitié du livre. le lecteur a beau savoir dès le début qu'il s'agit d'une bête, la façon dont l'auteur dessine l'action et le personnage est suffisamment ambiguë pour intriguer et créer une curieuse sensation. Accentuée par la perfection de la langue qui s'attache à décrire avec sobriété et grand sérieux les différentes étapes, entrainant ainsi une farandole de questions. Qui est le plus barbare ? Celui qui serait une bête dénuée de raison et donc d'intention de nuire ? Ou celui qui réclame du sang pour venger le sang ?

C'est bien un miroir que nous tend cette courte fable qui interroge non sans une certaine férocité, la réalité de la nature humaine. Car ce n'est pas tant d'animal dont il est question (même si la sympathie du lecteur est tout acquise au pauvre accusé et que la façon dont il est traité renvoie à bien des questions actuelles) mais bien de l'attitude des hommes face à l'altérité et à la différence. Animales ou pas.

Troublant et instructif.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          160




Lecteurs (202) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3679 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}