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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Originalité et questionnements rythment ce roman d'un auteur que j'ai découvert grâce à son roman Octobre que j'avais beaucoup apprécié. Ici, nous rentrons en scène dans l'absurdité la plus brute, il y est question du procès d'un cochon accusé du meurtre d'un nouveau-né. Certes absurde, cette coutume de juger des animaux était monnaie courante au moyen-âge.
Dans notre société moderne, juger un cochon paraît ancestral et relève à travers l’allégorie de la frontière entre réalité et surréalisme.
Sous les traits d'une pièce de théâtre, on retrouve les quatre actes : le crime - le procès - la sentence - le supplice.

C'est un roman à la plume très agréable, fluide et limpide relevant à partir de l'allégorie du cochon les questions élémentaires de la responsabilité, du jugement. Certains actes peuvent ils être absurdes selon le protagoniste derrière l'acte ? Quelle est la frontière entre la réalité et le surréalisme ?
En conclusion, un roman que j'ai beaucoup apprécié et qui m'a fait tantôt sourire tantôt réfléchir.
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Dans une maison à l'orée d'un bois, un bébé est victime d'un crime atroce. Un individu l'a affreusement mutilé, mordu aux joues et à l'épaule. L'enfant ne survivra pas, et le criminel sera vite rattrapé et jugé.

Le procès du cochon est un court texte de fiction basé sur la pratique (anecdotique mais non moins réelle) du jugement des animaux homicides, en France, au moyen-âge notamment (on connaissait le porc régicide ayant changé l'Histoire de France, ici l'idée de départ vient d'un procès fait à une truie au XIVe pour avoir agressé un enfant).
Si le propos de cette pratique peut entraîner de long et intéressants débats, le texte présenté ici ne cherche pas à le faire, ni à nous informer sur le sujet. Il s'agit plutôt d'un exercice de style partant de cette idée. Un exercice qui fonctionne très bien avec une plume agréable, surtout une partie initiale où le suspect n'est pas nommé et où le doute plane quant à sa nature. J'avoue avoir trouvé cela bien réalisé et plaisant (homme ou animal ?). Malheureusement, le terre à terre revient rapidement et on ne retrouve rien de plus qu'un simulacre de procès, expédié, durant lequel l'accusé ne parle pas, et où les maladroites tentatives de défense ne font pas le poids face à la peine capitale... n'est pas Badinter qui veut.
Vient enfin l'exécution, qui s'articule autour de personnages "divers" (le bourreau, un maton, le légiste... exercice de style encore ?) pour un final sans surprise.
Exit la religion, pourtant souvent étroitement associée à ce type de pratiques et jugements. Dommage.

Le bilan est donc mitigé sur l'intérêt du texte. Beaucoup de bruit pour rien dirai-je. S'il est toujours intéressant de faire connaître une pratique certainement oubliée, mieux vaut aller voir du côté de Michel Pastoureau pour plus d'infos. le texte reste assez peu mémorable, très perfectible (on a du mal à se représenter le contexte, tant des éléments d'époques diverses se mêlent) mais d'une écriture toutefois plaisante.

Merci aux éditions Grasset et à Babelio pour cette Masse Critique (reçue tardivement ^^).
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Une plume acerbe et sarcastique pour parler de faits, à peine croyables, qui ont pourtant eu lieu, en Europe, du XIIème au XVIIIème siècle : le procès des animaux. Les chrétiens considéraient que les animaux avaient une âme et que, s'ils enfreignaient la loi, ils devaient alors être jugés et condamnés. Condamnés par la force des choses puisque la défense était inexistante, le jugement imparable.
Une plongée déroutante dans l'absurde, une réflexion sur les comportements animaux des hommes prêts à tout pour assouvir leur vengeance.
Une lecture originale, bien construite et intéressante, un peu courte peut être, mais qui sort vraiment des sentiers battus.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Le procès du cochon de Oscar Coop-Phane est un roman que j'ai eu le plaisir de découvrir en avant-première grâce aux éditions Grasset, via net galley.
Dans un village et un temps reculé, un monstre croque la joue et l'épaule d'un bébé laissé quelques instants seul par sa mère, puis repart tranquillement vers la forêt.
Le bébé meurt.. le monstre est rattrapé et jugé comme un homme... Seulement le monstre n'est pas un homme mais un cochon...
Le cochon, donc, est emmené par les gendarmes ; jeter en prison ; puis jugé...
Le procès du cochon est découpé en quatre parties : le crime, le procès, L'attente, le supplice. Plus l'épilogue.
Un cochon croque un enfant et est jugé comme un homme, c'est surprenant, ça fait réfléchir et je trouve que c'est très bien trouvé.
Ce court roman m'a captivé. J'étais un peu dubitative au début, je me demandais vraiment vers quoi l'auteur allait nous emmener. J'avais peur que ce roman n'est ni queue ni tête, mais en fait pas du tout. Il est très bien structuré, bien écrit et j'ai apprécié ma lecture.
Par moment j'ai souri, par moment j'ai été stupéfaite, mais en tout cas c'est sur que je n'oublierais pas ce roman de sitôt.
Ma note : 4 étoiles.
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A force de traiter certains hommes de cochons ou de porcs (et là, j'avoue que souvent, en voiture, je ne me prive pas...), on a pris l'habitude de penser que l'espèce humaine était forcément supérieure, pas seulement aux espèces porcines mais globalement à l'ensemble des animaux. Alors, de temps en temps, quand un écrivain propose de décaler un poil la perspective, ça permet de réfléchir un peu et de se demander qui, de l'homme ou du cochon est le plus...

...mais le plus quoi ? Intelligent ? Éduqué ? Sale ? Cruel ? Oscar Coop-Phane est certainement de ceux qui pensent qu'une bonne fable vaut mieux qu'un long discours. Alors il trousse en une centaine de pages une histoire inspirée des pratiques anciennes, lorsque entre le 12ème et le 18ème siècle, en Europe, les hommes jugeaient parfois des animaux. Oui. Lors de vrais procès. Puisqu'aucun d'entre nous n'était là pour y assister, l'auteur nous le raconte, avec un sens du détail et de l'observation qui rendent le procès de ce cochon captivant et inspirant.

Il faut dire que l'accusé a commis un meurtre. La victime : un nourrisson bien innocent, endormi dans son berceau, dans le jardin devant la maison. Les faits : le cochon s'est approché, a humé puis mordu les joues et l'épaule du bébé qui s'est vidé de son sang et est mort des suites de ses blessures. Résultat : le cochon est arrêté, emprisonné puis jugé. La police enquête, le peuple réclame vengeance, un avocat est commis d'office, le bourreau prépare ses instruments et affine sa mise en scène. le lecteur, lui, assiste en cinq actes et avec un certain malaise à ce spectacle.

Car ce qui est particulièrement bien fait c'est que le cochon n'est pas nommé ainsi pendant près de la moitié du livre. le lecteur a beau savoir dès le début qu'il s'agit d'une bête, la façon dont l'auteur dessine l'action et le personnage est suffisamment ambiguë pour intriguer et créer une curieuse sensation. Accentuée par la perfection de la langue qui s'attache à décrire avec sobriété et grand sérieux les différentes étapes, entrainant ainsi une farandole de questions. Qui est le plus barbare ? Celui qui serait une bête dénuée de raison et donc d'intention de nuire ? Ou celui qui réclame du sang pour venger le sang ?

C'est bien un miroir que nous tend cette courte fable qui interroge non sans une certaine férocité, la réalité de la nature humaine. Car ce n'est pas tant d'animal dont il est question (même si la sympathie du lecteur est tout acquise au pauvre accusé et que la façon dont il est traité renvoie à bien des questions actuelles) mais bien de l'attitude des hommes face à l'altérité et à la différence. Animales ou pas.

Troublant et instructif.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Un monstre nu sort d'une forêt et mord un nourrisson qui n'y survit pas. le tueur est arrêté et commence alors son procès. « Voilà les preuves : le croqueur a été trouvé dans les bois, juste à côté de la maison. du sang coulait encore à la lisière de ses gencives. Quand on l'a arrêté, il n'a montré aucune résistance, il avait les yeux vides. Il ne s'est pas révolté. » (p. 30) Jamais un homme n'aurait fait cela, n'est-ce pas ? C'est forcément un animal, une bête. Et de fait, c'est un cochon que l'on juge.

Les procès d'animaux étaient chose courante au Moyen-Âge, période moins spéciste que la nôtre qui estimait que les bêtes avaient une âme (mais c'est un autre sujet). L'histoire ne se déroule pas à l'époque médiévale, mais dans un temps proche de nous, plus civilisé comme certains voudraient le penser, mais où la peine de mort était encore pratiquée. Que penser alors de cette justice impitoyable qui traite tous les meurtriers de la même manière, jusqu'à l'absurdité totale ? Aveugle sans aucun doute, et indéniablement vaine. le texte passe du roman à la pièce de théâtre, montrant plus clairement encore la mascarade d'un procès stupide qui ne que la justice humaine. L'oeuvre est courte, percutante, dérangeante, brillante !
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Lui, c'est le monstre qui erre dans la campagne sans abri et sans nourriture. Un jour, devant une maison, il aperçoit un couffin posé dans l'herbe avec un bébé joufflu à l'intérieur. L'envie est trop forte… il croque les joues, la chair tendre de l'épaule, et s'enfuit. Mais le bébé meurt, tout le village recherche du coupable… vite rattrapé, confondu, arrêté, emprisonné. Malgré son mutisme, le procès va avoir lieu… Coupable, pas coupable, qui pour le défendre, qui pour l'accuser, qui est ce porc qui a osé, il faut un châtiment exemplaire.
Voilà un étonnant roman dans lequel le protagoniste principal, ce monstre assassin, n'est jamais clairement identifié, à chacun de trouver son coupable. Pourtant à l'époque à laquelle est supposée se dérouler cette intrigue, même les animaux ont été jugés, et condamnés de façon exemplaire, pour l'exemple, pour soulager les victimes. Simulacre de procès, de défense, toute la complexité des affaires est raillée dans ce texte lourd de sous-entendus.
Lire ma chronique sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/01/16/le-proces-du-cochon-oscar-coop-phane/

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Dans un village, à une époque qui n'est pas précisée, un bébé dort dans un couffin devant la maison où sa mère cuisine. Mordu aux joues et à une épaule par un monstre, il meurt rapidement. Quel monstre a pu faire ça ? C'est seulement à la page 67 que le lecteur apprend que le coupable est un cochon car l'auteur entretient une certaine confusion sur la nature de l'agresseur, il parle de "son esprit", laissant imaginer qu'il s'agit d'un rôdeur. "On mit le criminel en marche, comme on fait marcher les bêtes".

Celui qui est très vite surnommé " le croqueur de joues" est capturé et envoyé en prison en isolement car on ne sait rien de ses possibles réactions, bien entendu il inspire la méfiance à ses co-détenus. Un avocat est commis d'office pour assurer sa défense.

Divisé en quatre parties, à la manière d'une pièce de théâtre, le roman raconte d'abord le Crime avec un coupable incapable de s'exprimer qui inspire la sympathie, puis le Procès avec les dépositions du médecin légiste, du commissaire, des témoins et de la famille, les plaidoiries des avocats des deux parties avant que le tribunal ne prononce la pendaison comme sentence. Ensuite c'est l'Attente où interviennent le curé chargé d'écouter les criminels dans leur cellule et d'assister à leur mise à mort puis les accompagnateurs qui conduisent le condamné de la cellule à la potence et enfin Jean, le bourreau. Puis c'est le Supplice au cours duquel sont infligées au cochon les tortures ordonnées par le haut justicier sous les yeux de la foule assemblée sur la place du Peuple et sous les yeux de cochons à qui l'exécution doit servir d'exemple, une exécution qui ressemble à un divertissement.

L'auteur s'est inspiré d'une histoire datant de 1386 concernant une truie qui fut incarcérée et jugée en Normandie après avoir mordu un bébé, il est vrai qu'au Moyen-Âge il était courant de juger les animaux. C'est une fable sur l'absurdité de la machine judiciaire, une satire de notre société qui s'acharne sur les plus faibles, un texte sur la soif de vengeance. Les hommes se transforment peu à peu en animaux ridicules alors que le cochon s'humanise de plus en plus. Un texte surprenant et très original qui invite à la réflexion. Dur et violent, le récit est mené de façon magistrale.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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À la fois cocasse, drôle parfois et tragique à la fin, ce roman est assez original.
Au début, on se retrouve plongé dans le point de vue du cochon, chassé par les hommes, acculé par la faim et qui croque la chair d'un bébé, agissant selon son instinct et sans plus de réflexion (ce qui est somme toute normal, c'est un animal). le bébé tué, on assiste à toutes les étapes de la justice : une enquête menée, la rencontre du cochon avec son avocat, un procès, avec le juge, les jurés, les différentes parties… On oscille entre le rire -beaucoup de passages sont de fait héroï-comiques-, la surprise la plus totale -ces procès ont existé et il nous paraît aberrant aujourd'hui de voir que des hommes jugeaient les animaux comme s'ils pouvaient totalement comprendre ce qu'ils faisaient, avaient des notions morales, étaient en mesure de répondre de leurs actes et de leur répondre tout court- et le tragique.
Car après l'étonnement survient le dégoût de ces hommes capables des pires barbaries, et pires que les animaux dans la mesure où ils ont conscience du mal qu'ils infligent mais l'infligent quand même et s'en délectent. Et on voit que selon leur envie du moment, ils considèrent les animaux comme ça les arrange : un coup dignes d'être jugés et donc dignes de sensibilité et de raisonnement, et un autre coup comme de vulgaires objets -tout comme d'autres êtres humains qui diffèrent légèrement d'eux…-
Je n'en dis pas plus mais j'ai bien apprécié ce livre, , très bien écrit, drôle, à l'ironie lucide et salvatrice, sans toutefois qu'il reste à jamais dans ma mémoire tant tout est brossé rapidement, à la manière d'un apologue.
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Tout d'abord je remercie la fondation Orange ainsi que les éditions Grasset de m'avoir offert l'occasion de découvrir cet ouvrage.

Ce roman est très clairement un OVNI. le thème tourne autour de la justice, du crime jusqu'à la sanction en passant par l'identification du criminelle, la preuve, le procès... Sauf qu'ici le coupable du crime est un animal, un cochon plus précisément. Cela s'est d'ailleurs produit dans la vraie vie puisque la pratique d'intenter un procès aux animaux étaient plutôt courante durant le moyen-âge (et après d'ailleurs).

En réalité, l'auteur joue pendant un certain temps avec la nature du coupable puisque c'est seulement à la moitié du roman qu'il sera clairement évoqué le fait que le coupable est un cochon. Dans la première moitié du roman, le terme est soigneusement évité. Bon après, on s'en doute un peu compte-tenu du titre et de la quatrième de couverture. Ce n'est donc pas non plus une surprise.

Ce (très) court roman est découpé en quatre parties et comporte une petite variante dans le style d'écriture puisque la deuxième partie, consacrée au procès, est écrite à la manière d'une pièce de théâtre.

J'ai, pour ma part, apprécié cette lecture pour plusieurs raisons. Tout d'abord j'ai clairement accroché au style d'écriture de l'auteur. C'est fluide, ça se lit très bien, on ne trouve pas ici de lourdeurs ou longueurs excessives. le deuxième élément intéressant est bien sûr l'originalité du thème abordé et la manière dont l'auteur va nous faire nous interroger sur cette situation pour le moins absurde. C'est ici pour le lecteur l'occasion de s'interroger sur cette pratique pouvant nous paraître quand même plutôt curieuse mais aussi plus largement sur la manière de rendre la justice, la manière d'exécuter la sanction... Mais cela va même un peu plus loin puisque l'auteur aborde également les conditions de vie à cette époque ainsi que les mentalités des familles mais aussi de certains métiers comme les bourreaux par exemple.

Une bien belle découverte qui mériterait presque quelques pages supplémentaires pour éviter la frustration même si on pourrait se dire que ce format très court pousse le lecteur à effectuer quelques recherches, à se poser des questions, à réfléchir ou encore à imaginer.

En conclusion, un livre petit mais riche au style d'écriture agréable qui se glisse facilement entre deux lectures et qui marque les esprits par son thème peu courant et les questions qu'il soulève.
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