Dans un monde fantastique, le fantastique devient tout à fait banal.
(…) la pitié n’est rien de plus qu’une arme mise entre les mains d’un adversaire.
Le taux des naissances chutait pour des raisons parfaitement compréhensibles et le nombre de morts naturelles augmentait, pour d’aussi évidentes raisons. La peur d’engendrer gagnait hommes et femmes et, par un retour des choses non dénué d’ironie, ceux-ci se tuaient indirectement à force de stress.
Greville amassait les livres de la même façon que certains amassaient encore de l’argent. Deux choses bien peu utiles dans un monde transnormal. Greville s’en rendait parfaitement compte. Mais, chez lui, le besoin de livres confinait à l’obsession. En outre, les livres étaient presque aussi efficaces que l’alcool. Ils vous ouvraient une voie d’évasion sans avoir finalement la gueule de bois. De plus on trouvait plus facilement un livre qu’une bouteille d’alcool. L’alcool deviendrait beientôt introuvable, tandis que l’approvisionnement en livres n’était pas près de se tarir. Seuls les rats mangeaient du papier on employait du feu pour allumer un feu, on ne pouvait s’en servir comme combustible de base.
Le pouvoir absolu corrompt absolument celui qui le détient
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Greville ouvrit les yeux. Il se trouvait dans un lit confortable entre deux draps propres et parfumés. Dans un rayon de soleil, des particules de poussière dansaient leur ballet fascinant. elles se déplaçaient paresseusement, au hasard - comme de petites étoiles se dit Greville, qui planent sans but dans un cosmos miniature et désordonné.
La vie est, dans son essence même, une activité de cannibale. Les cultures et les sociétés s'entre-dévorent, tout comme les animaux et les hommes.
Vinrent les gelées, amenant l'odeur nette et antiseptique de l'hiver. Le paysage mourut dans la splendeur du gel. Au bout de leurs tristes errances, les feuilles mortes s'amoncelèrent en petites collines mornes et calmes, le bois mort tomba des arbres et le morne de novembre s'installa dans la grise solitude.
La vie elle même n'est plus qu'un perpétuel délire.
Ce sont les idiots qui font l'histoire.