AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de michfred


Alias Caracalla-au titre énigmatique et plutôt mal choisi car rien dans ce gros pavé de 900 pages ne vient nommément l'expliquer- est un trésor pour qui s'intéresse à l'obscure et passionnante période de la Résistance.
Daniel Cordier avait vingt ans quand il s'embarque, le 21 juin 1940, pour rejoindre De Gaulle en Angleterre. Rien ne prédispose le jeune homme à une telle décision: il est maurrassien, milite à l'Action française et Pétain, jusqu'à son discours de l'armistice, est son héros.

Il va se former en Angleterre, à la guerre de l'intérieur qui l'attend sitôt son parachutage effectué deux ans plus tard en métropole.

Quelle longue attente, quelle longue patience aussi pour ce bouillant activiste qui rêve d'en découdre..sa formation va se faire sur deux plans: celle du guerrier de l'ombre et celle de l'humaniste. .Il va rencontrer des gaullistes bien sûr mais aussi des juifs, des communistes- aussi patriotes et déterminés que lui- . le jeune homme d'extrême droite commence à se fendiller.

Mais c'est un quotidien presque décevant pour lui qui rêvait de faits d'armes et de gloire qui l'attend à Lyon. le voilà secrétaire et homme de confiance de Jean Moulin que De Gaulle a chargé d'unifier la Résistance‚ minée par la guerre des chefs et les rivalités d'égo....

Journal /essai reconstitué sans fioritures ni romanesque , Alias Caracalla est un double témoignage, dans les deux cas, inestimable.

Le premier sur le quotidien faussement banal d'un réseau clandestin où on a l'impression de passer plus de temps à donner rendez-vous au restaurant ou à changer d'appartement qu'à commettre des attentats ou abattre des cibles. Et pourtant le danger est là, toujours, et les arrestations pleuvent, consignées avec un laconisme saisissant par le jeune Cordier. Il faut,chaque fois qu'un maillon tombe, brouiller les pistes, changer les hommes, prendre de nouveaux rendez vous au restaurant, rechercher de nouveaux appartements... La routine, en somme.

Le deuxième témoignage est celui que nous donne, presque malgré lui et comme en passant, Cordier sur lui-même.

Là non plus, rien de sensationnel, pas de crise de conscience ni de conversion radicale. Juste des déplacements , des questionnements, des étonnements et des hontes. le jeune fasciste, pièce à pièce, se défait. Un homme neuf, ouvert,tolérant (mais toujours secret) est en train de naître.

Un gros pavé, certes, mais qui ne se lâche pas.
D'une grande honnêteté intellectuelle, ce témoignage de premier plan est à lire absolument.
Commenter  J’apprécie          180



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}