Undisclosed desires, tome 1

Prisonnier volontaire de mes décisions, je suis incapable de m'en libérer.

– Tu crois qu'il existe un endroit pour les gens comme nous ? Il sourit en se rapprochant puis capture à nouveau mon visage dans ses mains :
– Non, il n'y en a pas. Mais pour toi, je suis prêt à l'inventer.

J’allume une cigarette pour calmer mes nerfs, puis la rejoins au milieu de ses amis. Ma presque demi-sœur s’empresse de faire les présentations, mais elle a à peine le temps de finir que Florian me lance :
— Alors comme ça, c’est ton père qui est avec la mère de Léa ? Putain, elle nous parle de toi depuis le printemps !
— Ça a dû être bien gavant, je réponds avec un sourire.
— Carrément. On a mangé du Vincent matin, midi et soir. « Il est trop beau ! », « Je crois que je suis amoureuse ! », « J’ai trop hâte qu’il arrive à Chalon ! », imite-t-il en prenant une voix nasillarde et exagérément stupide.
— Arrête ça, Flo, t’es lourd ! réplique Léa, l’air agacé.
Florian se contente de répondre par un ricanement moqueur.

— OK, les gars, si ça vous fait jouir, alors pourquoi pas, déclare Florian avec indifférence.
Puis il se tourne vers moi et me lance un regard qui se veut rassurant. Ce mec est tellement sûr de lui qu’il se fiche de tout. Il peut faire n’importe quoi sans se préoccuper de ce que les autres penseront, et à cet instant, je l’admire pour ça. En temps normal, j’aurais tendance à agir de la même manière, mais quand on touche à ma virilité, j’ai vraiment du mal. J’acquiesce néanmoins d’un hochement de tête, les dents serrées par la contrariété.
Tout mon corps se raidit quand il s’approche de moi. Cette situation me met terriblement mal à l’aise, pourtant je finis par me convaincre que ce n’est rien d’autre qu’un stupide baiser. Plus vite ce sera fait, plus vite ce sera oublié

Les mains de mon ami se retrouvent sur ma mâchoire, il l’emprisonne avec vigueur. Son souffle s’accélère, son étreinte se fait de plus en plus insistante…
Il perd pied.
Moi-même, je ne parviens pas à me ressaisir, je me laisse gagner par son ardeur et un incompréhensible désir m’envahit, contractant douloureusement chaque muscle de mon corps.
Merde ! J’ai envie de lui ! Bordel, j’ai envie de coucher avec mon pote !
Mais qu’est-ce qui déraille chez moi ? Je me répète que c’est forcément l’alcool, ou bien quelqu’un a mis un truc dans mon verre. Il doit y avoir une explication rationnelle à ce chaos, car je n’ai jamais ressenti la moindre attirance pour un mec auparavant.
Un mec !
Je n’ai toujours désiré que des filles, et voilà qu’il se passe quelque chose de totalement inhabituel en moi, comme si j’avais été contaminé par un virus contre lequel je ne peux pas lutter.

J’essaie d’être imperméable et de résister à la tentation, alors que je suis à deux doigts de fondre sur lui pour lui voler un baiser. J’en ai terriblement envie, au point d’en avoir mal, mais je suis encore une fois trop lâche et me contente de lui répondre plutôt que de m’emparer de sa bouche pour la revendiquer comme mienne.
— Si tu ne veux pas renoncer à moi, tu es en parfait accord avec ta décision, tu obéis à ta volonté, et donc, tu conserves une certaine forme de pouvoir. Par contre, si tu ne peux pas, c’est que tu n’as aucun contrôle sur tes propres choix et tu es juste incapable de faire autrement que de te soumettre à quelque chose de plus fort que toi.

Je finis mon assiette en silence puis quitte la table. A quoi bon essayer de raisonner quelqu'un qui ne veut rien entendre?

- Si les gens étaient un peu plus tolérants, il y aurait beaucoup moins de conflits dans le monde, c'est tout ! Je ne comprends pas qu'on puisse avoir de la haine pour quelqu'un simplement parce qu'il embrasse une personne du même sexe. C'est absurde comme truc, non?

– Une erreur de la nature, oui, et je ne m'en cache pas ! Il n'y aura pas de pédé sous mon toit !

Où est-il parti ? Que fait-il ?
Et surtout, va-t-il me briser le cœur comme il l'a fait a tant d'autres avant moi ?