On ne peut être joyeux et léger en permanence.
- Je sais...je lui ai répondu.
Pourtant ce n'est pas si simple. Quand je regarde devant moi, j'ai le vertige. Est-ce que ça ressemble à ça, la vie ? A cette sensation de devoir sauter dans le vide, sans trop savoir où on va ?
« C’est en hurlant qu’il a parlé.
Il a crié plus fort qu’il n’aurait pu l’imaginer.
Tout est sorti d’un coup.
Il ne se laissera pas faire, cette fois.
Son ventre est en feu. Sa gorge brûle. Sa tête est tumulte.
Les sanglots sont prêts à jaillir. Mais il ne pleurera pas.
Ce serait pire après. »
A l'entrainement, ils sont ensemble et ils se respectent. Malgré les différences.
Là-bas, personne ne crie.
Même le coach, lorsqu'il n'est pas content.
Il a une manière de dire les choses avec autorité, tout en restant calme, ce qui surprend toujours le garçon.
...
Ce devrait être toujours comme ça.
On devrait pouvoir toujours se parler sans que ce soit un drame.
Mais sa propre réalité le rattrape...
Malgré le vrombissement insensé des cigales, j'entends des cris. Le lac est à deux pas et les plages sont sans doute bondées. J'espère que notre petite crique sera épargnée. J'ai chaud...
Quand il joue au ballon, il sait qu'il est bon, il est intuitif, et il trouve des solutions.
Le terrain est la terre nourricière où il grandit.
Le sport lui donne une place, là où on la lui retire.
Mais dans la vraie vie, comme on dit, ce n'est pas pareil.
Il n'a aucune facilité avec l'existence...
Des coups d'épaule et de poings sur ce foutu morceau de cuir.
Des larmes roulent. Il ne voit plus rien maintenant.
La sueur coule en ruisseaux le long de son corps fiévreux.
Les sanglots coincés dans la gorge s'échappent.
Cris ou pleurs. Peu importe.
Il n'est plus que rivière.
« Le mistral souffle, c’est affreux.
Le garçon est sur le chemin.
Il n’aime pas le vent.
Les rafales fouettent son visage.
Avec la tempête, rien n’est bon.
La colline est prise par des accès de folie.
Elle s’envole par petits paquets de terre sèche et de végétaux.
Les brins d’herbe sont oiseaux.
Les buissons déracinés sont emportés.
Le garçon est angoissé.
Il ne sait pas trop pourquoi, il n’a pourtant plus à être anxieux.
Mais il traverse le vallon, peinant contre le souffle du vent, qui l’empêche d’aller de l’avant.
Il va chez elle. »
« Quand je regarde devant moi, j’ai le vertige. Est-ce que ça ressemble à ça, la vie? À cette sensation de devoir sauter dans le vide, sans trop savoir où on va? Mais, avant de sauter, il y a ce week-end. Esther sera de nouveau avec nous. On ira au lac tous les trois, on grimpera sur nos vélos, et on traversera les collines. Peu importe le soleil, la chaleur, on l’oubliera dès que nos corps seront immergés. Et peut-être que dans ma tête tout sera devenu simple, limpide, comme l’eau dans laquelle je nagerai. »