J'ai découvert l'auteur par son deuxième roman traduit en France, "
La colère", et Cosby est entré immédiatement dans mon Panthéon des auteurs à garder dans un coin de la tête. Mais, on se dit aussi qu'un titre peut être excellent et les autres pas forcément … Alors, petit retour en arrière, et me voilà sur "
Les routes oubliées", son premier titre traduit. Bien m'en a pris ! J'ai été autant sinon plus happée par l'histoire, les personnages, l'atmosphère… le titre de Cosby nous emmène tout de suite dans les entre-deux d'un pays, dans ses marges, pas loin des grands axes et centres urbains, mais dans un à côté où les gens tentent de vivre, revivre, survivre, après des années de galère parfois. Tout y est dur, il faut s'accrocher pour ne pas retomber dans ses errances passées, surtout quand on n'est pas du bon côté de la barrière. Beauregard Montage est de ces gens qui ont décidé un jour de reprendre un cours de vie « dans les clous » et de gagner de l'argent en commerçant honnêtement.Et ça marche, jusqu'au jour où son garage va être délaissé au profit d'un nouveau, dont les prix défient toute concurrence. Beauregard est talentueux, c'est un virtuose de la mécanique, et surtout un chauffeur hors-pair, ce qui l'a conduit en prison autrefois. Chauffeur émérite, certes, mais pour des braquages … Peine purgée, Beauregard se consacre à sa famille et sa passion. Mais les dettes s'accumulent, le garage risque d'être saisi. Et que faire sinon chercher un moyen rapide pour se renflouer, en dépit de tous les avertissements de sa femme et de sa conscience …!
Nous voilà embarqués dans la malle arrière d'une voiture quelque peu améliorée par Beauregard, avec des complices plus ou moins fiables, à l'assaut d'une bijouterie et de son butin qui ne devraient pas poser de problèmes; Bien sûr, tout tourne mal. Beauregard se retrouve face à bien plus dangereux que ce qu'il a pu connaître, obligé de défendre sa peau, protéger sa famille, et ne pas se faire arrêter … le récit fonce sans discontinuer, à un rythme digne d'un film de
Tarantino. D'ailleurs, "
Les routes oubliées" feraient un très bon scénario.
J'ai aimé ce personnage de Beauregard, à la conscience aigüe des choses de la vie, sachant ce qu'il risque mais allant jusqu'au bout, maniant aussi bien le volant que ses armes quand il faut. Malgré la violence qui l'habite, il est attachant. C'est un « héros » comme on les aime, avec beaucoup de failles, de douleurs enfouies, qui se débat dans un monde où être Noir n'est toujours pas simple.
J'ai aimé aussi l'atmosphère du garage, des voitures survitaminées au cours de courses clandestines (là encore, pensons à la fameuse course de voitures dans "La fureur de vivre", avec
James Dean), les odeurs de mécaniques poussées à fond …Univers masculin, certes, mais dont les scènes, très visuelles, rendent le lecteur ravi ! C'est tendu d'un bout à l'autre, c'est de l'énergie pure, un feu d'artifice, dont on pressent que Beauregard n'en sortira peut-être pas indemne.
Quelle bonne lecture !!!