Citations sur Fils de femme (11)
...c’est en vous quittant définitivement que l’enfance vous accompagne indéfiniment, et qu’il ne faut pas avoir peur de ses souvenirs, que c’est seulement en s’immergeant en eux que l’on peut comprendre sa douleur présente et alors peut-être, l’atténuer un peu.
Dans une cité, la malchance pure n’existe pas. Les coups sont toujours la conséquence d’un fait, vrai ou inventé. Entre les bâtiments d’une cité, il y a des codes. Des codes établis par les gens qui y vivent. Quand on ne les respecte pas, ces gens-là s’unissent et frappent.
Le sommeil enveloppe uniquement les gens légers. Ceux pour qui il n’existe qu’un seul et bon chemin : le leur. Ceux qui vont chez le médecin quand ils ont une douleur et qui croient sans réserve à son diagnostic. Ceux qui n’ont jamais de doutes, jamais peur de ne pas se réveiller quand le sommeil les endort. Les sûrs ! Sûrs de leur réveil, sûrs de leur santé, sûrs de leur famille.
Ce genre d’initiative féminine est généralement appréciée par les hommes ; pour Robert, c’est un cauchemar. Se retrouver prisonnier de cuisses femelles, incapable de bouger, lui donne la sensation qu’on lui enlève ses parties, qu’il n’est plus qu’une moitié d’homme, juste un tronc sans racine.
Les hommes gagnent le droit de faire l’amour aux femmes. Celles-ci font l’amour grâce à l’excitation produite par la somme que les hommes versent pour leur droit d’entrée. Voir les hommes payer pour l’écartement de leur entrecuisse, les séduit. Pas les payer directement. Non. Payer de façon à ce qu’elles croient qu’elles sont gratuites, immaculées, et qu’elles font don d’elles-mêmes.
Elle a beau être devenue une parfaite Française… ses origines, elle ne peut pas les oublier, elles sont là : inscrites dans les coups que la mère a reçus pour payer l’éducation de sa fille adorée, gravées dans ces années de pension javellisée.
Les victimes, on les plaint, on va même jusqu’à leur pardonner leurs fautes.
Tu comprends pas que y a des gens qui sont normaux et que ces gens-là, il faut les respecter car ce sont eux qui nous sauveront. Nous, on est des bêtes engendrées par d’autres bêtes qui se vautrent dans le sang et dans le foutre. Tu comprends pas que sans ces gens, on restera des sauvages.
Une femme qui écarte gratuitement, qui ne demande rien en échange à l’homme, bousille le marché. Le contact d’un homme doit être rentable, rendre la vie de tous les jours plus agréable à la femme qui se donne. Les adultes femmes de l’escalier l’ont parfaitement assimilé. En se mariant avec plus riche ou plus célèbre, et peu après en mettant bas, elles ont légitimé leur confort.
Seulement, le choix de la chair plutôt que le choix du cher, ça ne pardonne pas.