Il n'avait pas tenté de coucher avec moi mais de me faire épouser son frère [Pakistanais] contre de l'argent en me précisant que je n'aurais pas à consommer. L'argent c'était juste pour les papiers. [...] J'avais cru comprendre que son frère avait fini par s'arranger avec les parents d'un Indien de Madagascar décédé accidentellement dans sa quarantième année.
Des histoires d'Indiens où la même identité traverse plusieurs vies, de la réincarnation adaptée aux flots migratoires.
(p. 79)
Nous méritions une séparation sereine ! Tous les couples la méritent ! La vie à deux est déjà si difficile qu'y mettre un terme devrait être un moment de calme et d'apaisement mais en général ce n'est pas ça du tout. Chacun y va de sa rancoeur et le ton monte inexorablement et les reproches fusent en tous sens alors qu'ils sont inutiles.
Oui, totalement inutiles puisqu'un des objectifs majeurs de la rupture est de ne plus se voir, alors que l'autre sache ou pas ce qu'on pense de lui, ça sert à quoi ? A évoluer, martèlerait un homme comme Jo. A évoluer pour quoi, pour qui, pour le prochain ?
(p. 25)
- Combien de fois tu m'as trompé ?
[...] je me suis répété SA question et j'ai conclu que pour un type diplômé d'une grande école de commerce et qui passait sa journée à établir toutes sortes de courbes et de statistiques, sa question n'était pas si précise que ça : il voulait connaître le nombre d'hommes ou le nombre de fois tous hommes confondus ?
(p. 7-9)
[...] j'ai pensé à mon fils qui le jour de ses 22 ans m'a dit 'maman, je t'adore mais je n'aurais pas aimé être ton mec' et je lui ai répondu 'tant mieux parce que j'ai horreur des petits jeunes qui pourraient être mon fils' et nous avons rigolé !
C'est incroyable comme lui et moi aimons rire ensemble depuis que nous vivons éloignés - et surtout après nous être agressés et injuriés pendant trois longues années où il regrettait d'être mon fils et moi de l'avoir enfanté.
Et je me suis imaginée lui annoncer que Jo m'avait quittée et il me rétorquait quelque chose comme 'eh bien ça prouve que cet homme est plein de bon sens !'.
Mais ce n'est pas du tout ce que mon fils le lendemain m'a répliqué. Il a juste dit 'ma petite maman chérie, je suppose que tu connais déjà l'identité de celui qui va assurer la relève !' Et quand je lui ai dit non il m'a renvoyé un 'maman, attention, tu vieillis'.
(p. 34)
J'aurais dû lui marteler que mon âge est celui de tous les possibles. Les enfants sont élevés. Les hystéries adolescentes qui vous poignardaient terminées. L'enfant va même jusqu'à vous accorder bienveillance : la même que vous accordez à vos parents affaiblis et vulnérables, si vieux ! Vos parents ont maintenant besoin de votre soutien aussi fort que vous aviez besoin d'eux quand vous étiez encore leur enfant, et votre vie professionnelle suit son cours.
(p. 68)
Je superpose les relations, je les empile, et suivant l'humeur et le désir et la disponibilité de l'autre, le haut de la pile se modifie.
Il faut toujours mentir en tenant compte de ce que votre interlocuteur a déjà en tête, le caresser dans son sens à lui