Une des grandes qualités de «
Verse, Chorus, Monster! », c'est que le livre autobiographique couvre toute l'existence du guitariste
Graham Coxon, de sa naissance jusqu'aux événements les plus récents, de sa vie privée à sa vie publique. Tous les événements retenus sont traités avec la même importance, sans fétichisme particulier pour les phases de sa vie où il a été au devant de la scène. Ainsi, les événements qui sont probablement les plus attendus par les fans de Blur, le sommet du succès du groupe, sa désintégration et sa reformation, sont traités sur un pied d'égalité avec l'enfance de l'artiste, ses études où les différentes étapes de sa carrière solo.
Cela dit, le résultat est un récit émotionnellement plat.
Graham Coxon a atteint l'âge où il a appris à s'accommoder des défauts des autres et à domestiquer les siens, et il raconte ses souvenirs avec une sérénité qui frise par moments le détachement. C'est une série d'anecdotes, pas davantage. C'est au lecteur de relier les faits entre eux, et de chercher à comprendre pourquoi ce personnage a eu trois filles avec trois femmes différentes, pourquoi il se décrit régulièrement comme quelqu'un d'affable mais consacre beaucoup plus de pages à parler des objets (vêtements, instruments, motos, maisons) que des personnes qu'il aime, et surtout à percer à jour sa relation avec son plus proche collaborateur musical Damon Albarn. Il y aurait un beau récit à écrire sur la relation entre ces deux hommes incapables de réellement communiquer, en raison d'un complexe d'infériorité pour Graham, en raison d'un désintérêt pour les mécaniques sociales pour Damon, mais qui ne remettent jamais en question leur fonctionnement parce qu'il n'affecte pas leur processus créatif. Peut-être est-ce trop intime, peut-être Coxon est-il né trop tard pour parvenir à déconstruire les aspects toxiques de cette relation. Quoi qu'il en soit, charge au lecteur d'assembler les pièces du puzzle.
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